On ne sera pas d’accord

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L’autre jour, je vais chez mon boucher et lui demande un morceau de bœuf à griller bien tendre. Après avoir ouvert sa chambre froide, regardé, tâté quelques morceaux, il décroche un bout de viande et commence à trancher en me disant : vous allez vous régaler, c’est du beurre et c’est d’une tendresse… !
Inutile de reprendre cet homme de l’art (ou de lard), je paie et rentre chez moi. Pour le repas de midi, j’avais convié un ami à partager ma pitance. En engouffrant son steak, il me félicite pour la qualité de cette viande en disant : Purée, qu’elle est bonne et d’une tendresse incroyable.
Alors là les bras m’en tombent. Je le reprends vertement: Mon gars, si tu la pratiquais plus souvent, tu n’emploierais pas «tendresse» pour «tendreté» pour ce bout de barbaque. Et toc. Mais il ne se démonte et me lâche : Ah, c’est pas grave, le principal, c’est qu’on se comprenne.

Ça, c’est des coups à me faire péter un câble. Pour me calmer, je fonce sur le Larousse qui est à la langue française ce que le Jello est à la cuisine anglaise. P, S, T, Ten… tendresse. Bon alors inculte, écoute.

Tendresse : Sentiment tendre d’amitié, d’affection, d’amour qui se manifeste par des paroles, des gestes doux et des attentions délicates.
Tendreté : Qualité de ce qui est tendre, notamment des viandes.

Certes, après réflexion, je me dis que j’aurais pu lui dire moins brutalement, mais j’en ai marre de ces agressions permanentes contre notre langue. En quelques années, après la quasi disparition du subjonctif, les accords sont en train de passer à la trappe. Il reste peu de journalistes, de moins en moins de politiques à accorder les participes passés. Pour illustrer mon propos, un exemple parmi tant d’autres : Toutes les décisions que j’ai pris…

Bon, ben moi ça m’arrache les oreilles. On doit dire : Toutes les décisions que j’ai prises. Ceci est valable même si on est un mec. Alors rien de tel qu’une petite révision et quelques exercices.

Mona eu le maximum de points. Il faut dire qu’elle est bien accordée avec Lépicurien.

Infâme … non une femme

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Le 7 octobre, un député Julien Aubert a été condamné à une amende de 1378 euros prélevés sur ses indemnités pour avoir appelé la présidente de séance « Madame le président » alors que le règlement de l’Assemblée Nationale a féminisé les diverses fonctions exercées par des femmes et impose d’appeler Madame la présidente.

Cette actualité me laisse pantois. Nos députés ont vraiment du temps à perdre. Et puis, nos députés peuvent-ils avoir un règlement contraire aux règles de l’Académie Française qui reconnait les deux manières de dire ?

Madame Sandrine Mazetier n’a-t-elle pas poussé le bouchon un peu loin. Infliger une amende pour ce qui n’est pas une faute de français mais une entorse à un règlement spécifique à l’Assemblée. Pendant ce temps là, on ne parle pas des fraudeurs qui siègent trnaquillement, ni du député éphémère secrétaire d’Etat qui touche l’intégralité de sa rémunération… Etrange. Dans la société normale, les femmes et les hommes sont heureusement moins susceptibles. Ainsi, les filles qui défilent sur les podiums de mode ne sont pas choquées qu’on les appelle des mannequins et aucune n’a demandé à ce qu’on la nomme manequine. De même, le bidasse qui fait le planton devant sa caserne ne s’offusque pas qu’on l’appelle une sentinelle. Même les légionnaires n’ont pas l’impression d’y perdre leur virilité ou de ne plus sentir le sable chaud… et ils entretiennent encore des relations proches des chèvres sans croire qu’ils sont de simples boucs émissaires…

Bon Mona, vous qui êtes si féminine, vous dont les courbes affolent tous les mâles, voulez vous dépuceler une boutanche ? Je me doutais de votre réponse aussi je vous propose un vin plutôt couillu : Les Calcinaires 2010 du Domaine Gauby, star du Roussillon. Cet assemblage de Syrah, Mourvèdre, Grenache et Carignan emplit avec bonheur la bouche d’un honnête homme ou d’une jolie femme.

C’est un peu tiré par les chevaux, non ?

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Mona vous n’êtes pas lasse de vivre perpétuellement dans l’affliction. Jubilation et allégresse habitent rarement vos écrits. Vous portez la misère de vos lecteurs. Mais ne serait-il pas nécessaire de les gourmander ou même de les admonester quitte à passer pour une harpie. Mais vous préférez servir un houspillon plutôt qu’houspiller vos liseurs.  L’imprécation n’est pas votre tasse à tort. On rapporte que vous êtes évergète. Tant mieux mais qui le sait, qui participe à votre mécénat mercantile ?
De plus vos propos sont plus généralement dignes d’une caillette jacassant ou d’une jaspineuse invétérée. L’inanité emplit vos textes et fatigue inutilement nos muscles labiaux lorsque nous les lisons à haute voix.
Si je bougonne ou ronchonne à votre endroit, c’est pour vous faire progresser car si vos écrits ne méritent pas qu’on s’y arrête, votre beauté n’a d’égal que le quadrige de la place Saint-Marc.
Ne voyez chez moi aucune acrimonie et subodorez que mon seul souhait serait de partager votre alcôve tel un béjaune ma chère Callipyge.
Votre Albert Lingot

Bon je pensais être débarrassée de ces gogos qui me traînent dans le lisier sous couvert d’un langage précieux. Je me souviens de Sim Kamil qui m’agressa deux fois. Depuis cet acariâtre a disparu de notre univers et voilà qu’un rustre, donneur de leçon, ressurgit comme l’hydre de Lerne. Mais tel Hercule la terrassant, je réduirai ce bouffon libidineux au silence.

Bon, en premier lieu, pour mes lecteurs chéris qui ne passent pas leur temps dans les dictionnaires et qui comme la majorité des Français vivent avec 300 mots (sur les 600 à 700.000 répertoriés) pour tout bagage ce qui est déjà trop pour se faire laver le cerveau quotidiennement par TF1 et consorts ; bon, je traduis :

Vous n’en avez pas marre de vivre plus dans le malheur que dans la joie. Vous êtes trop gentille avec vos lecteurs. Vous devriez plutôt les engueuler et les sermonner. Mais vous êtes plus prompte à leur servir un godet qu’à les blâmer. Vous êtes une généreuse calculatrice et organisez des fiestas d’enfer mais on ne sait qui y participe.
Et vos écrits sont un simple verbiage creux et inintéressant et nous épuisons pour rien nos lèvres en les lisant à voix haute.
Si je râle contre vous, c’est pour votre bien et si vous êtes piètre écrivain, vos courbes sont aussi pures que celle de la statue des Chevaux de Venise.
Et pourtant je n’ai aucune rancœur et n’attend que le moment d’une bonne partie de jambonneaux ma Venus moi qui suis si jeune et inexpérimenté (puceau ?).

Et voilà, c’est toujours pareil, le mec commence par m’assassiner avec préciosité avant de me proposer la botte. Ben mon p’tit Albert, ton appendice queutal, tu peux te le garder au chaud chez toi au fond de ton slip kangourou. Tes pulsions, faudra trouver une bonne veuve poignet pour te dégager l’intime. J’ai tout ce qu’il faut à la maison pour ne pas m’encombrer avec des gougnafiers de ton engeance.

Quant à vous mes petits chats, excusez ma saute d’humeur, mais pour stopper ces trous de balle aliénés, seule une bonne réprimande peut éviter la récidive.

Mona tend vos courriers dans la joie et la félicité. Youpi !

Éternels… on a le temps

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Avez-vous eu l’occasion de feuilleter le Furetière ? Ce dictionnaire date de 1690 et a été réédité à de nombreuses reprises. Homme d’Eglise et de littérature, il est admis à l’Académie Française. Il se rendit vite compte qu’au rythme où avance le travail des immortels, le Dictionnaire n’est pas près de sortir. De plus ces messieurs ne souhaitent pas y inclure les mots techniques liés à l’industrialisation naissante. C’en est trop.
Antoine Furetière sollicite Louis XIV qui l’autorise à travailler à son dictionnaire.

Quand il publie un premier extrait, les Académiciens sont furieux, tellement furieux qu’ils se réunissent et votent son exclusion de la docte assemblée. A une voix de majorité, l’abbé Furetière perd son «immortalité» en 1685. Le Roi Soleil ne peut rien contre ce vote. Par contre, il interdit que Furetière ne soit remplacé de son vivant.

Evincé, il écrira quelques pamphlets dont Les Couches de l’Académie pour se moquer de ses ex-collègues. C’est deux ans après sa mort que son dictionnaire sera publié et quatre ans avant la sortie du Dictionnaire de l’Académie…

Ma Chère Mona, je souhaite que nous rendions hommage à un grand homme qui a su se lever contre l’ordre établi et produire un travail colossal au service du savoir. Pour ce rien ne vaut un Champagne rosé de Vincent Laval situé sur les 1ers crus de Cumières. Un effervescent gourmand qui mêle bonbon à la fraise et pâtisserie de fruits rouges. Quel plaisir ! 

Un ton accablé

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Décidément, il y a des gens qui ont du temps à perdre. Un certain Sim Kamil m’avait déjà envoyé un courrier hostile. C’est son droit et notre devoir était de le publier. J’avais souligné la qualité de son vocabulaire. Je pensais que nous en resterions là. Que nenni. Voilà qu’il remet le couvert dans son style si précieux en apostrophant Lépicurien :

Votre Journal n’est qu’une suite de carabistouilles, galéjades et pantalonnades. Vous nous prenez pour des béotiens voire des béjaunes. Et je vous le dis sans amphigouri, vous utilisez la prosopopée et même la nécromancie pour nous enfumer. Vous mériteriez qu’on vous chante pouilles ou même qu’on vous essorille.

Avouez que ce texte a de l’allure même s’il est peu sympathique à mon endroit.  Mais je vois d’ici quelques uns de mes petits chats qui n’y ont vu qu’une suite de signes incompréhensibles. Aussi, c’est pour moi un plaisir de vous gratifier d’un petit cours de français.

Pour cela, je vous traduis en langue vernaculaire le texte de Sim Kamil :

Votre Journal n’est qu’une suite de bêtises, blagues et conneries. Vous nous prenez pour des bleus-bites et même des andouilles. Et je le dis tout simplement, vous faîtes parler quelqu’un qui ne peut pas le faire puisque vous utilisez Mona qui n’est plus de ce monde depuis longtemps.  Vous mériteriez que l’on vous injurie et même que l’on vous coupe les oreilles.

Faut avouer qu’écrit comme ça, c’est moins flambant.

Pour votre culture, je soulignerai sans amphigouri le mot «essoriller». Sous l’Ancien Régime, c’était couper les oreilles d’un voleur de bourses suite à condamnation. Supplice horrible et qui gênait particulièrement les gars qui portaient des lunettes. Depuis ce mot, certes peu employé, peut être utilisé pour «couper les cheveux très courts en dégageant bien les oreilles».

Quant à l’attaque qui me vise personnellement, je rassure Sim Kamil, je suis bien vivante et donc Lépicurien n’a pas besoin d’utiliser ni les prosopopées (figure de rhétorique par laquelle on fait parler un mort) ni la nécromancie (science occulte qui prétend évoquer les morts pour obtenir des révélations).

Mona une bonne santé et vous embrasse tous, même vous Sim.

Mélampe … berger

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Lépicurien et vous, belle Mona source de tant de rêves agités,
Vos textes sont tellement foldingues que vous devriez faire une cure de mélampodium.
Voilà ce que me dit Igor Gonzola. 

Hola, le Rital (je suppose avec un tel blaze), qu’il n’apprécie pas mon humour, ça le regarde, mais qu’il m’envoie chez les fous, ça non ! Et puis pour sortir des trucs pareils, je suppute (y’a pas de sot métier), Igor d’être carabin ou toubib. En effet, à part moi, les docs et les pharmacos, qui connait le lien entre mélampodium et folie ?

Aussi, mon vieux Igor, permettez moi d’expliquer la chose à mes lecteurs chéris. Pour comprendre, il faut explorer la mythologie grecque. Mélampe poète, musicien, berger et médecin remarqua que ses chèvres se purgeaient en mangeant des plantes répondant au joli nom d’ellébore. Or les filles de Proteus, roi d’Argos, voulant devenir plus belles que Junon, tombèrent folles. Elles erraient se prenant pour des vaches, mugissant et beuglant comme des veaux privés de lolo. Mélampe leur donna du lait de ses chèvres après qu’elles aient mangé l’herbe susnommée. Puis il les envoya se baigner dans une fontaine d’Arcadie,  au nom fort engageant : la fontaine Clitorienne. Et miracle, elles furent guéries. Mélampe, protecteur des curistes, devint un héros ; on donna son nom à la plante miracle qu’on croise toujours dans nos jardins sous le nom de mélampodium. Le roi Proteus lui donna une des ses filles. Il reçut une partie du royaume de son beau-papa. Et comme on dit dans ce genre de circonstance, ils vécurent longtemps et eurent beaucoup d’enfants.

Quant à la fontaine Clitorienne, bien que son nom soit plaisant, elle ne m’attire pas. En effet, toute personne qui boit de son eau sera dégoûtée à jamais des plaisirs du vin. Donc, ne vous attendez pas à me voir en Arcadie.

Alors tu vois mon petit Igor, comment avec ton attaque de bas étage, je retourne la situation et te sors une page culturelle de haut niveau. Avoue que ça calme. Tu peux continuer à rêver.

Bon allez sans rancune… Je vous laisse, je vais planter des mélampodium.

Mona besoin d’aide pour arroser son gazon. Y-a-t-il un volontaire ? 

Mon corps c’est…

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Hector Sionaire m’a troussé un joli compliment :
Mona vous êtes si belle que vous êtes mon phénix de mes bois. Votre silhouette est si fine que vous êtes une pub vivante pour le régime weight watchers. Je rêve de vous chaque nuit, ô ma muse. Moi qui ai une femme grosse comme une baleine échouée sur une plage, je vous imagine portant votre vertugadin pour épaissir vos hanches si fines….

Bon, Totor, on se calme. Certes, je ne peux rester insensible à votre louange, si méritée d’ailleurs et si juste. Mais deux choses me gênent : tout d’abord votre description de votre moitié (si j’ose dire). La pauvrette n’y peut rien si elle a des jambons sortis tout droit de chez Fleury-Michon et un bide épais comme un barricot dégueulant de pinard frelaté. Tout le monde n’a pas ma chance, mais chacun a le droit à l’amour. Pigé Tor ? Deuxio, vous me prêtez un artifice pour justifier ma ligne pinup90/60/90. Comme vous m’avez confessé que vous étiez un lecteur récent, je vous invite à lire ce que j’ai déjà eu l’occasion de dire : Dame Nature m’a suffisamment gâtée pour que je n’ai pas besoin d’ajouter quoi que ce soit. Alors n’y revenez pas, maintenant vous savez.

Aussi notez que je ne porte pas plus de vertugadin que de corset. Certains pas au fait de la mode vestimentaire du XVI° siècle se jetteront sur Larousse (et pourquoi pas une blonde ?) pour comprendre ce qui se cache derrière ce mot. Pour vous épargner cet effort, je vous livre à domicile le descriptif de cet élément du costume féminin. A la Cour de François 1er, les dames voulurent donner de l’ampleur à leurs robes. Pour ce elles posèrent sur leurs hanches un bourrelet d’étoffe agrémenté de tiges en osier. Pour élargir, ça élargit à tel point que les femmes ne peuvent plus s’asseoir, ce qui a justifié la création d’une chaise sans accoudoirs. Certaines mauvaises langues attribuèrent la création de cette mode à l’infante Jeanne de Portugal qui se retrouva enceinte jusqu’aux yeux alors qu’elle était censée avoir encore son berlingot. Il n’en est rien, ce sont bien les Espagnoles qui en sont à l’origine. Quant à l étymologie, on ne doit pas retenir «vertu-gardien» (ou gardien de vertu) qui circule dans trop de documents mais tout simplement le mot espagnol «verdugo» qui signifie « baguette verte ».   

Mona une ligne de guêpe bien qu’elle ne pique pas. Et vous ?   

Outrage ou désespoir

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Vous savez combien il est difficile de plaire à tout le monde. Ainsi Sim Kamil me signifie qu’il est tombé par hasard sur le Journal Epicurien. Il estime que ce ramassis graveleux, grivois et obscène n’est que billevesées et coquecigrues ou si vous préférez, Madame Mona, étant donné que vous n’êtes pas lexicologue : balivernes et sornettes. Vos textes licencieux et paillards m’incitent à penser que vous ne raisonnez pas avec votre cervelle mais avec votre bas-ventre. Vous avez le cortex logé en dessous de la ceinture et malheureusement ça ne se soigne pas…

Bon on va s’arrêter là Monsieur Sim Kamil. Je ne prétends pas à l’universalité mais que vous n’appréciez pas mes propos ne vous autorise pas à me traîner dans la boue comme une cholita se battant sous un orage.

Je vais profiter de cette lettre insultante à mon endroit (comme à mon derrière, d’ailleurs) pour donner leur becquées de culture à mes « addictes » qui attendent  mes articles dès 6h30 comme d’autres se plantent devant la petite lucarne à 21h00 pour s’empiffrer de téléréalité.
Monsieur Kamil a en effet un vocabulaire châtié et précieux qui mérite quelques explications pour les francophones que nous sommes qui utilisent rarement plus de 300 mots pour garnir leurs conversations.

Billevesée, c’est quand même plus joli que conneries. Ce vieux mot est composé de bille (beille en vieux françois) issue du latin botula (boyau) et de vesée (vèze) qui signifie ventru ou gonflé. Même si ce mot est peu employé de nos jours, on peut le glisser dans une conversation avec un rappeur pour soutenir que ses écrits ou paroles sont vides de sens.

Quant à coquecigrue, c’est un très joli mot qui est un mélange de coq, grue et de cigogne. Ce n’est plus un vocable, c’est une volière. C’est pratiquement un synonyme de billevesée. En un mot, c’est dire des sottises. Lâchez un soir à un de vos convives : vos coquecigrues me laissent de marbre. Et c’est lui que vous verrez pétrifié.

Voilà, mes petits chats comment Tata Mona, elle a profité d’une tentative de déstabilisation d’un gougnafier et malotru pour vous servir une leçon de français de haute volée. C’est bien simple si j’étais ne serait-ce qu’un peu narcissique, je m’embrasserais dans le cou.

Mona pas la grosse tête, mais…  

Je trinque quand elle fait le tapis

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Guy de Maupassant a toujours été considéré comme un homme à femmes. Certes, certains biographes lui prêtent plus de mille maîtresses. L’un d’eux chiffre même précisément à mille et trois, les femmes qui passèrent entre ses bras. Mais en réalité on ne sait pas grand-chose de leur identité. Ce qu’on sait, c’est qu’il connut nombre de prostituées anonymes, aussi bien que des femmes très en vue rencontrées dans les meilleurs salons littéraires. Dans ses poèmes, on trouve d’ailleurs des vers qui parlent d’un mari trompé. Dans ses lignes, nous avons déjà souvent parlé des cocus. Mais là, l’auteur est dur ; non seulement, il trompe le gars mais en plus, il l’assassine en vers :

 Sans respect

Je connaissais fort peu votre mari, madame;
Il était gros et laid, je n’en savais pas plus.
Mais on n’est pas fâché, quand on aime une femme, 
Que le mari soit borgne ou bancal ou perclus.

Je sentais que cet être inoffensif et bête
Se trouvait trop petit pour être dangereux,
Qu’il pouvait demeurer debout entre nous deux, 
Que nous nous aimerions au-dessus de sa tête.

Et puis, que m’importait d’ailleurs. Mais aujourd’hui 
Il vous vient à l’esprit je ne sais quel caprice.
Vous parlez de serments, devoirs et sacrifice
Et remords éternels! … Et tout cela pour lui?

Y songez-vous, madame? Et vous croyez-vous née, 
Vous, jeune, belle, avec le cœur gonflé d’espoir, 
Pour vivre chaque jour et dormir chaque soir 
Auprès de ce magot qui vous a profanée?

Quoi! Pourriez-vous avoir un instant de remords? 
Est-ce qu’on peut tromper cet avorton bonasse, 
Eunuque, je suppose, et d’esprit et de corps,
Qui m’étonnerait bien s’il laissait de sa race.

Regardez-le, madame, il a les yeux percés
Comme deux petits trous dans un muid de résine.
Ses membres sont trop courts et semblent mal poussés, 
Et son ventre étonnant, où sombre sa poitrine,

 En toute occasion doit le gêner beaucoup.
Quand il dîne, il suspend sa serviette à son cou
Pour ne point maculer son plastron de chemise
Qu’il a d’ailleurs poivré de tabac, car il prise.

Une fois au salon il s’assied à l’écart,
Tout seul dans un coin noir, ou bien s’en va, sans morgue, 
À la cuisine auprès du fourneau bien chaud, car
Il sait qu’en digérant il ronfle comme un orgue.

Il fait des jeux de mots avec sérénité;
Vous appelle: «ma chatte» et : «ma cocotte aimée »
Et veut, pour toute gloire et toute renommée
Être, en leurs différends, des voisins consulté.

On dit partout de lui que c’est un bien brave homme
Il a de l’ordre, il est soigneux, sage, économe,
Surveille la servante et lui prend le mollet,
Mais ne va pas plus haut … Elle le trouve laid.

Ma Chère Mona, j’aurais pu ouvrir un vin jaune du Jura, mais pour éviter toute peine à ceux qui voudront boire un coup avec nous, je vais vous proposer un vin rouge de Bourgogne : Beaune Grèves 1er cru 2002 du domaine Tollot-Beaut. Un nez de fruits rouges, petite touche de torréfaction. Elégance, équilibre magnifique et beaucoup de noblesse et des tanins soyeux. 

Les propriétaires de Bordeaux ont de magnifiques hôtels

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Les plus fidèles et anciens lecteurs se souviendront d’un article que Mona avait publié un texte sur un auteur qui fut l’inspirateur de Frédéric Dard, le père de San Antonio.
Elle avait eu l’occasion de vous livrer quelques lignes de cet auteur maniant si bien la langue verte et la louange du vin.

Pour le plaisir, j’ajoute quelques lignes en reprenant le vibrant hommage qu’il rend aux vins de Bordeaux :

Par la forte proportion de tanin, par les sels de fer qu’ils renferment, les vins de Bordeaux sont les plus hygiéniques de tous les vins et leur consommation donne à l’organisme humain le stimulant bienfaisant que nombre de médecins autorisés ont préconisé à juste titre. C’est à ces qualités qu’ils doivent évidemment d’avoir été nommés, avec raison, le «lait des vieillards».

Dans un pays qui a renié tout son héritage vinicole, qu’il est doux de lire des mots comme ça. Merci Marcel E Grancher.
Bon Mona, même si vous êtes toujours aussi belle et fraîche, comme si le temps n’avait aucune prise sur vous, je vous recommande une petite dose de bons tanins en versant dans nos verres le Château Haut-Marbuzet 2003. Ce millésime solaire est une réussite dans ce Château de Saint-Estèphe. Si j’ai rempli un peu plus les verres qu’à l’habitude, c’est pour respecter la prescription de Monsieur Grancher. Soignons-nous, nom de Zeus !