Raoul, dit La Ponche

Novembre 1924, Léon Daudet écrivait :
Avant-hier, à deux heures de l’après-midi, chez Drouant, à l’issue d’un déjeuner excellent (turbotin rôti, poularde au sel, soufflé au fromage, …), Raoul Ponchon a été élu à une très forte majorité, membre de l’Académie Goncourt. L’histoire naturelle enregistrera qu’un Champagne naturel, le blanc de blancs, suivi d’un Hermitage empourpré, a célébré l’arrivée parmi nous du chantre immortel des vergers et des vins de France.

Pour ceux qui ne connaitraient pas Raoul Ponchon, il faut rappeler qu’il fut le poète de la table et de la cave, le plus rabelaisien de nos versificateurs. C’est à lui que l’on doit cette célèbre formule :
Quand mon verre est vide, je le plains ; quand mon verre est plein, je le vide.

Buveur impénitent, il était ami de Verlaine et, comme ce dernier, l’absinthe fut sa muse verte.
Alors qu’il avait 62 ans, en 1910, il fut  convié par un ami à une conférence antialcoolique. Au cours de la soirée, un médecin, pour effrayer les plus rebelles pochards, injecta un verre de cognac dans les veines d’un jeune cochon qui creva cinq minutes après l’injection.
Raoul ne se démonta pas. Se levant, il dit :
C’est bien fait ! Le cognac n’est pas pour les cochons !
En 1937, il s’éteint à l’âge fort respectable de 89 ans.

ÉLOGE DU MOT « BOIRE »

Le joli mot que voilà :
Boire ! Qu’en pensez-vous ? Boire !
Moi je suis tout prêt à croire
Qu’aucun ne vaut celui-là !

Ivrognes, ô bons apôtres,
Que je porte dans mon cœur,
N’est-ce pas qu’à la rigueur
On peut se passer des autres ?

Boire ! Eh bien ! cela dit tout ;
Que voulez-vous autre chose ?
Tel un sourire de rose,
Cela se comprend partout.

C’est le seul mot du langage
Qui, par sa fraîche couleur,
A pour moi quelque valeur
Quelque évidence en partage.

Vous avez mille façons
De le prononcer, madame,
Ce mot délicieux, âme
De nos sublimes chansons !

Dites-le, pour moi, de grâce,
Gentiment, bien comme il faut ;
Ah ! pour l’amour de ce mot,
Souffrez que je vous embrasse.

Comme délicatement
La bouche éclot pour le dire !
C’est comme un fin Vau-de-Vire
Du vieux poète normand.

C’est un os rempli de moelle,
Et quand je le dis, parbleu !
Je crois manger du ciel bleu
Ou bien croquer une étoile !

C’est une rose pompon
Qui pare la plus farouche ;
Cela vous fond dans la bouche
Comme un suave bonbon.

C’est un rubis sur la langue,
Tout imprégné de soleil :
Auprès de ce mot vermeil
Toute fleur paraît exsangue.

On dirait, sur le printemps
De votre bouche mutine,
Une abeille qui butine
Le sucre blanc de vos dents.

Qu’il sorte d’un air aimable
De vos lèvres de velours ;
Hurlez-le comme deux sourds
Chez un tavernier du diable ;

Dites-le tout haut, tout bas ;
N’importe comment, je l’aime.
Il me semble inouï même
Lorsque je ne l’entends pas.

Le soleil, en quelque sorte
Le crie à l’immensité ;
La lune l’a répété
Tant de fois qu’elle en est morte.

C’est l’unique mot des dieux,
Le mot le plus vénérable.
Je me donne bien au diable,
Si ça n’est pas le plus vieux.

C’est le verbe d’excellence
Qui doit dissiper la nuit.
C’est tout ce que dit le bruit
Et que pense le silence !

Moi, je le dis constamment ;
La musique en est si tendre,
Que je veux toujours l’entendre,
Que je le rêve en dormant.

Un enfant qui vient de naître
Le dit comme vous et moi,
Car, selon l’humaine loi,
C’est le premier à connaître,

Et c’est aussi le dernier.
Quand survient la mort farouche,
Un moribond sur sa couche,
Cherche à le balbutier.

Vous demandiez, tout à l’heure,
Si j’avais quelque façon
À moi, de le dire ? Non
Car chacune est la meilleure.

Mais, pour parler sans détour,
Si vous désirez le dire
Simplement, comme on respire,
Dites-le cent fois par jour.

Mona, il faut boire un coup pour Raoul qui disait :
J’aime tout ce qui peut se boire, hormis l’eau.
Allez, je vous propose un Léoville Las Cases 1986. Un vin extraordinaire digne d’un si grand poète. Quand Saint-Julien produit des vins comme çà, il faut se taire et déguster!

Tante chez Tonton ?

Le civet selon Monsieur Fernand Naudin

Les Tontons Flingueurs sont devenus un film culte et nombreux sont ceux qui comme Lépicurien connaissent par cœur l’intégralité des dialogues de Michel Audiard. Mais avec le temps qui passe, un certain nombre de répliques deviennent peu compréhensibles car elles font référence à une époque que beaucoup n’ont pas connue. Aussi, soucieuse d’apporter la culture à tous mes lecteurs amoureux et mes lectrices envieuses et souvent jalouses, je me dois de vous apporter des éléments qui vous permettront de briller en société lors d’un prochain dîner.

Par exemple, lorsque Lino Ventura, alias Fernand Naudin, s’étonne du recrutement réalisé par le Mexicain, il dit :

-C’est quand même  marrant, les évolutions. Quand je l’ai connu, le Mexicain, il recrutait pas chez Tonton.

Pour comprendre cette phrase, il faut être né au plus tard au lendemain de la seconde guerre mondiale. Quand Lino parle de Tonton, il évoque un personnage haut en couleur, né à la fin du XIX° siècle et qui devint patron de cabarets dont le célèbre Liberty’s, place Blanche à Panam. Gaston Baheux  était un homosexuel notoire et l’établissement était fréquenté par la communauté gay (comme on dirait de nos jours) et l’endroit fut surnommé par les habitués «Chez Tonton». Parmi, ses clients, de nombreux artistes, écrivains dont Colette qui devint son amie. Une longue et intéressante correspondance s’établit entre eux.

Je ne sais pas si de nos jours, on pourrait encore écrire ce genre de dialogues sans prendre le risque d’être attaqué pour homophobie.

Mona le devoir et le plaisir de vous cultiver, mes petits chats.

Un petit moine haut

En 1809, aux environs de Liège, sort à compte d’auteur un ouvrage au titre sulfureux : Mémoires de Louis Joseph Xavier d’Aché, duc de Bourgogne, moine malgré lui.
Laissons l’auteur se présenter :

Ici commence la véridique histoire d’un prince dont la vie n’a connu que l’exil, les persécutions et la malignité des gens. Je suis né à Versailles le 13 septembre 1751. Fils aîné du Dauphin et de la Dauphine, je reçus de mon grand-père, Louis le quinzième, le titre glorieux de duc de Bourgogne…

Pour ceux qui ne maitrisent pas l’histoire de France, je me dois d’expliquer. L’auteur dit en un mot qu’il est le prétendant au Royaume de France et que Louis XVI, fraîchement guillotiné ne fut qu’un imposteur. Avouez que çà fait tâche dans l’arbre généalogique des Bourbons.

D’Aché disait que sa mère, la Dauphine, ayant consacré son premier né à Dieu, l’avait fait sortir secrètement de France, pendant qu’il était encore au maillot. Ceux qui avaient été chargés de cette mission l’avaient amené au village de Frappecu, en Wallonie, où ils l’avaient abandonné auprès d’un forgeron.
En 1768, il fut envoyé de force à l’abbaye de Floreffes, de l’ordre des prémontrés pour répondre aux vœux de sa mère.

Dans ses œuvres, D’Aché demande à retrouver ses droits et à toucher de l’abbaye qu’il considère comme une prison, la somme de cent quatre-vingt huit mille quatre cent cinquante florins à raison de cent florins par jour d’emprisonnement.

Mais, en 1812, la région de Liège est rattachée à l’Empire Napoléonien. On ne rigole pas avec la famille royale et les risques politiques. Un jugement ordonne de saisir les livres du Sieur Dachet qui divulguent de fausses informations. En effet, des documents officiels prouvent que le gars en question est né à Namur et que s’il a bien été moine, il avait été jugé fou et renvoyé de ladite abbaye. Ouf, la réputation de la Dauphine est sauve !

Les 400 exemplaires de ses Mémoires furent passés au pilon à l’exception de deux exemplaires. Heureusement, faute de quoi, je n’aurais pas pu vous conter cette histoire. Avouez que çà aurait été dommage.

Quant à Dachet, on n’en sait pas grand-chose de la fin de sa vie. Sous la Restauration, il résida à Paris mais sans réclamer de droits et certains historiens pensent qu’il est mort à Charenton.

Mona, c’est bouleversifiant, non ? Essuyez vos yeux, belle enfant, et buvez ce Coteaux Lyonnais 2011 du domaine Clusel-Roch. Bien que connu comme propriétaire en Côte-Rôtie, ce vigneron nous présente un joli gamay.

Deutsch parle des grosses moches avec véracité

J’ai reçu un courrier encore humide de trop de larmes versées. Et moi, vous me connaissez, çà ne me laisse pas insensible. Aussi, ma petite Ella Riendebot, comptez sur moi, je vais vous aider.
Que dit Ella ?
J’ai trente ans… et je suis célibataire et je ne trouve pas d’homme ni pour une relation durable ni même pour une nuit ou un quart d’heure. Et pourtant, je suis bardée de diplômes et j’ai une bonne situation …. Sans être une beauté, genre Brigitte Bardot, je sais mettre en valeur le corps que la nature m’a donné. Que dois-je faire, que dois-je changer ? Je suis prête à tout pour perdre mon berlingot. Mona, aidez-moi, je vous en conjure à retrouver le goût de la vie.

Emouvant, non ? Le problème, c’est qu’avec le courrier, il y avait une photo. Que dire ? Tout d’abord, plus le temps passe, plus vous ressemblez à Brigitte Bardot… Rassurant, non ? Par contre, si vous voulez attirer un mâle en rut dans votre case, il y a lieu de tout changer. Alors quelques recommandations en vrac : achetez un rasoir puissant, changez de coiffeur ; pour votre bobine, un simple ravalement ne suffira pas, il faut vous lancer dans de grands travaux ; un conseil : demandez un devis au chirurgien, nous n’aurez pas de mauvaises surprises.

Alors pourquoi dame nature a eu tant de haine à votre endroit (comme à votre derrière d’ailleurs) : c’est parce que vous avez voulu être l’égale d’un homme.

J’entends d’ici la volaille me dire que, si même moi, genre femme idéale et militante féministe, je me range aux cotés des phallocrates et misogynes obsédés du poireau, la France est foutue et qu’avant même d’avoir lu l’intégralité de l’article, nombre de donzelles renaudeuses vont arrêter fissa leur abonnement au Journal de Lépicurien. Et bien, bande de rombières, déguerpissez, on ne vous regrettera pas.

Pour toutes les autres, mes petites chéries, que vous soyez belle comme un soleil ou que vous soyez des repoussoirs à l’amour, je vais vous expliquer.

Je m’appuie sur les travaux d’Hélène Deutsch, psychologue, qui étudia la première la psychologie féminine. Alors çà vous en bouche un coin. Je parle à celles qui n’ont pas eu le courage d’arrêter la lecture après m’avoir vilipendée.  Vous en faîtes pas, je ne suis pas rancunière. Cette brave femme sacrifia son bonheur à la recherche. Que dit-elle ? Je vais vous le dire…

La femme paie ses connaissances intellectuelles de la perte de précieuses qualités féminines. Tous les observateurs confirmeront que la femme intelligente est masculine. Ainsi moi, depuis ma licence de philosophie, il m’est poussé du poil aux jambes (en avez-vous, ma chère Ella Riendebot ?) et j’ai perdu ma pudeur. Ce type de femmes intellectuelles ou sportives, extrêmement répandu dans nos collèges, ont une vie affective aride, stérile, appauvrie.

A sa décharge, il faut dire qu’elle fut l’élève de Freud qui ne faisait pas dans la dentelle. A sa fiancée, il écrivait :

C’est une idée condamnée à l’avance que de vouloir lancer les femmes dans la lutte pour la vie au même titre que les hommes. Je crois que toutes les réformes législatives et éducatives échoueraient du fait que, bien avant l’âge où un homme peut s’assurer une situation sociale, la nature a déterminé sa destinée en termes de beauté, de charme et de douceur… Le destin de la femme doit rester ce qu’il est : dans la jeunesse, celui d’une délicieuse et adorable chose ; dans l’âge mûr, celui d’une épouse aimée.

Bien sûr, ces textes datent de la première moitié du XX° siècle et les choses ont changé. Mais l’évolution est lente et l’homme a encore du mal à voir la femme prendre une place que l’histoire ne lui avait jamais donnée. C’est beau ? Oui, je sais, j’ai la plume facile…

Alors mes petites chates, organisons une quête pour Ella. En effet, même si Brigitte Bardot, dans les années soixante, aurait dit : Il n’existe pas de femmes laides. Chaque femme est une Vénus à sa propre manière, nous devons être objectives, il y a des filles qui ne peuvent vivre que dans le noir pour ne pas effrayer les gonzes reproducteurs ; il y a des bobines qui ne permettent de draguer qu’au zoo de Vincennes. Or, la beauté reste un des fondements de la féminité et elle peut facilement remplacer l’intelligence et assurer le gîte et le couvert.

Mona une belle frimousse qui l’a beaucoup aidée. Vous le croyez ?

La grande illusion

Eric Oswald Stroheim, dit Erich von Stroheim, est un acteur, scénariste réalisateur et écrivain surtout connu en France pour son rôle dans la Grande Illusion, le chef d’œuvre de Jean Renoir.

C’est aux Etats Unis qu’il commence à tourner avec comme slogan : The man you’d love to hate (l’homme que vous aimeriez haïr). Dans les années 30, il débarque en France, considéré comme un des plus grands cinéastes au même titre que Chaplin.

Après sa mort en région parisienne, on cherche à éclaircir des zones d’ombre sur sa jeunesse. En effet l’acteur s’est présenté comme comte Eric Oswald Marc Hans Carl Maria von Stroheim und Nordenwall, fils d’un colonel de dragons de l’armée impériale autrichienne et d’une dame de compagnie de l’impératrice et sa stature, son allure semblent confirmer cette noble ascendance. Il fait allusion fréquemment à sa carrière militaire dans la cavalerie. En fait, il semble être né à Vienne dans une famille de modeste de chapeliers et sa carrière débuta dans l’atelier de chapeaux de paille paternel.

Jean Renoir avait remarqué que l’acteur parlait très mal allemand. En fait, durant son enfance, il parlait surement le yiddish…

On peut dire ma Chère Mona que la biographie de Von Stroheim, c’est une grande illusion. Oui, je sais elle est bonne, je vous remercie et vous invite à sortir deux verres que je verse ce Bourgogne 2010 du Domaine Lejeune à Pommard. Un vin d’une grande pureté qui ne cache pas ses nobles origines…

Alain, Mona se penche sur votre seul cas

Alain Puissant vient de m’avouer dans une lettre très émouvante, que pour retrouver un porte-manteau dans son calbute, il doit régulièrement avaler des cachetons bleus. Faute de quoi, sa chipolata est aussi ferme qu’un vermicelle sortant d’un bain-marie, nom d’un schtroumpf !!

Ben, tiens, à propos de schtroumpfs, s’ils sont bleus, c’est pas à cause des pilules redresse-panpan ! Mais, au dire des schtroumpfettes, les petits hommes de Peyo n’ont jamais de problème avec leur doigt sans ongle qui se dresse comme l’obélisque au milieu de la place de la Concorde. Alors, je me suis renseignée, mon cher Alain Puissant et je vous propose de suivre le régime alimentaire des schtroumpfs. Si vous avez déjà lu les albums, vous ne pouvez ignorer que leur met de choix est la salsepareille. Or cette plante est réputée pour ses propriétés médicales.

Sa racine est une véritable mine d’or pour les pharmaciens. Ecoutez plutôt, tout d’abord, elle renforce les défenses immunitaires. De plus, elle est sudorifique[1]. Les plantes, ayant cette propriété, ont un important effet dépuratif sanguin et antitoxique et sont recommandées dans les cas de maladies infectieuses ou fébriles. Autrefois, on s’en servait pour traiter des maladies comme les maladies de peau (psoriasis, l’eczéma…) et la syphilis.

Vous allez me dire que c’est pas çà qui va remettre en route l’aiguille de calcif de notre lecteur. Et pourtant si, car en plus de toutes ces propriétés, elle est reconnue comme aphrodisiaque. Comme en plus, elle a des propriétés anti inflammatoires, elle soulage des rhumatismes en évitant les désagréments de ceux produits par l’industrie chimique. Donc, il vous suffit de prendre une tisane de racine de salsepareille chaque jour pour avoir le bambou qui se redresse.

Alors, Alain, heureux ? On dit quoi à sa Tata Mona ? Si jamais, vous virez au bleu, écrivez-moi à nouveau, je chercherai un traitement adéquat. En attendant, profitez !

Mona un petit bleu sur la cuisse. Vous voulez voir ?


[1] Stimule la transpiration. Or, la sueur a une composition quasi identique à celle de l’urine en moins concentrée.

 

De drôles de gaillards !

Seuls les moins jeunes d’entre nous ont connu Les Frères ennemis. Ce duo d’humoristes eut son heure de gloire il y a 40 ans… Comme Raymond Devos, ils jouaient avec les mots. Michel Audiard disait de leur prestation que «Le délire verbal, le coq-à-l’âne, la gymnastique des mots, est probablement le genre exigeant le plus de maîtrise, le plus de rigueur, en un mot : le plus de style».

En ce mois de novembre, un salut à André Gaillard qui va fêter le 19 décembre ses 85 ans, et une pensée pour Teddy Vrignault né le 22 novembre 1928 et porté disparu en novembre 1984.

Ces deux artistes nous ont fait beaucoup rire. Pour le plaisir, je vous offre quelques coups de téléphone célèbres :

-Allô, pourrais-je parler à Adam ?
-de la part de qui ?
-de la part d’Eve.
-Eve comment ?

-Allô.
-Oui ?
-Est-ce que Monsieur Archimède est là ?
-En principe…

-Allô, Maman ?
-Oui ?
-C’est Jésus.
-Non ?
-Messie

-Allô, la Reine ? Ici Henri IV.
-Je vous écoute, Monsire.
-Rappelez moi qui a dit : Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ?
-C’est Sully.
-Je ne vous demande pas où, je vous demande qui !

-Allô, Cartouche ?
-Oui
-Pan

Allô, pourrais-je parler à Monsieur Debussy ?
-de la part de qui ?
-de la part de sa mère.
-C’est vague.

Alors Bon Anniversaire, Monsieur André. Mona pour arroser çà, je fais dans le grand luxe : un Salon 1997 que nous prendrons au salon. Un des plus grands Champagnes que j’ai bu : finesse de la soie, persistance et légèreté.

Contrat et corné

J’ai déjà eu l’occasion de vous présenter quelques extraits du livre d’Adolphe Ricard. Mais je ne résiste pas au plaisir d’en rajouter une petite couche

Cocu vient du mot latin coxis, coucou. Le coucou est un oiseau qui, au rapport de Pline, dépose ses œufs dans le nid des autres oiseaux, ainsi que font certains hommes à l’égard des femmes de leurs amis. De coxis, coucou, nous avons fait cocu, cocuage, avec cette différence que nous avons appliqué l’injure à celui qui la reçoit et non à celui qui la fait. En bonne grammaire, le cocu est le galant, mais par un abus trop ordinaire des mots, en bon français c’est le mari.

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Un propriétaire des environs de Montargis, qui habitait la capitale depuis plusieurs années, reçut un jour à sa table le fils d’un de ses fermiers. Au dessert, comme on était de bonne humeur, le rentier s’adressant au jeune campagnard, lui dit en riant, devant sa femme.
-Eh bien ! Jaclot, y a-t-il toujours beaucoup de cocus dans notre pays?
-Oh! pour ça oui, m’sieur, qu’y en a, mais…
-Mais quoi? fit le propriétaire curieux.
-Oh! m’sieur, y en a pas tant c’pendant, que quand vous y étiez, répliqua le satané Jaclot.

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Un épicier, dont la jeune femme venait d’accoucher après cinq mois de mariage, se rendit chez sou médecin pour connaître la cause de cette paternité si précoce.
-«Comment donc cela se peut il faire, Monsieur ?» lui disait-il avec inquiétude et la figure toute bouleversée.
-«Qui le sait, grands dieux! répondit le docteur, mais tranquillisez-vous, mon ami, ajouta-t-il du ton le plus sérieux, cet accident arrive souvent aux premiers enfants, mais jamais aux autres.»

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Je ne sais pas vous, mais moi, ces histoires de cocus, çà me fait toujours rire. Il faut dire que je ne suis pas mariée !

Mona bien ri et pas… jaune…Monsieur Ricard.

Le lit de la scène

Pendant longtemps, les actrices eurent une renommée sulfureuse. Elles collectionnaient les amants comme un odolabélophiliste amasse les étiquettes de parfum ; vous dire ! Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer La Champmeslé qui passa presque autant de temps allongée que debout.

Il faut dire que ces jeunes femmes étaient souvent fort belles et que leurs appâts étaient au moins aussi utiles que leur éventuel talent.

Aujourd’hui, en évoquant la Dangeville, on est en plein dans le mille. Des contemporains prétendaient  qu’elle était buse en conversation. Mais, actrice comique, elle eut un grand succès pendant plus de 30 ans.

Les galants ne manquèrent pas à son palmarès et la langue pendante, ils lui écrivaient des compliments du style :

Il n’y a que vous qui ne vieillissez point, inimitable Dangeville ! Toujours fraîche, toujours nouvelle, à chaque fois on croit vous voir pour la première. La nature s’est plu à vous prodiguer les dons, somme si l’art eût du tout vous refuser, et l’art s’est efforcé de vous enrichir de ses perfections, comme si la nature ne vous eût rien accordé. Quel feu dans votre dialogue ! Quelle expression dans votre scène muette ! Quelle force comique dans le moindre de vos gestes ! Quel aveugle préjugé vous refuse dans la société un esprit qui pétille dans vos yeux, qui brille sur toute votre physionomie ! Si l’on voulait personnifier cette intelligence humaine, on ne pourrait lui donner une figure mieux assortie que la vôtre. Continuez à faire les délices et l’admiration de la scène française. Que sur votre modèle puissent se former des actrices dignes de vous remplacer ! espoir d’autant moins fondé, que plus elles auront de sagacité pour saisir la finesse de votre jeu, plus elles se sentiront hors d’état de vous atteindre.

Louis Petit de Bachaumont, dans ses Mémoires Secrets relate également qu’un des familiers de la cour de Louis XV, fatigué d’entendre ses amis lui vanter chaque jour les exploits galants de mademoiselle Dangeville, voulut savoir par lui-même ce qu’il devait en croire. Un soir donc, à la sortie du théâtre, il fit remettre à cette actrice un billet ainsi conçu : Cinq louis pour cinq baisers. Piquée de cet étrange laconisme, mademoiselle Dangeville ne voulut pas rester en arrière, et pour prouver à l’incrédule qu’elle méritait bien les éloges qu’on lui prodiguait de toutes parts, elle répondit en quatre mots: tout double ou rien.

Leurs cachets et les nombreux cadeaux reçus de leurs galants assuraient à ces actrices un grand train de vie et leur permettaient d’amasser une belle fortune.
Ainsi, à la mort de Mademoiselle Dangeville, on vendit ses biens et le catalogue de la vente contenait bracelets, colliers… et divers bijoux de valeur.

Mona, vos lecteurs vous envoient-ils des sonnets, des bijoux ? Non ? Ah les gougeâts !! Ma pauvre, moi je ne vous offre pas des vers, mais un verre de Parco Marano 2008. Castel del Monte est une appellation des Pouilles. Le cépage Troia y donne un vin digeste, équilibré.

Guy Mauve au fond du trou ?

Tata Mona doit être bonne conseillère et vous attendez fébrilement la réponse à vos demandes. Ce jour, c’est Guy Mauve qui doit connaitre quelques problèmes du coté de la tuyauterie, si j’en crois son courrier. Il me dit que sa femme, Rose, lui fait manger des carottes râpées chaque jour. Elle lui répète qu’elle ne lui servira que ce tubercule dans sa gamelle tant qu’il se comportera au lit comme un lapin… Oh, dur, dur (si j’ose dire), mon pauvre petit lapinou.

Mes chéries, ces vexations à l’endroit de vos colocataires de pageot me semblent néfastes. Ce n’est pas avec de telles pratiques, qu’ils deviendront des champions d’endurance au rodéo de l’amour. Si j’en crois Guy Mauve, il serait du genre rapide. Souvent, il vide son petit robinet hors du vase (comme on disait dans les temps anciens). Pas de quoi satisfaire sa femme, Rose Mauve en attente du moment suprême qui ne vient jamais…

Ce cas va me permettre de me pencher sur un sujet assez récurant dans vos lettres : quelle est la durée idéale d’une bonne crampette pour que maman grimpe aux rideaux et que popaul soit satisfait ?

Bien entendu, tout être étant un cas particulier, c’est à chaque couple de trouver sa durée idéale et son rythme de croisière. Mais on peut tout de même utiliser les résultats d’une étude fort sérieuse menée de l’autre coté de l’Atlantique. Il en ressort (de matelas bien sûr) qu’entre 7 et 13 minutes, chaque partenaire trouve son pied ce qui vient valider une étude plus ancienne qui évoquait 7,30 mn (précis le mec !). Mais, faut être clair, ces mesures commencent uniquement lorsque monsieur perfore la devanture de madame avec sa chipolata.

Alors quand Lépicurien me dit avec son air coquin, qu’il tient plus de 30 mn, il me faisait envie ; mais après lecture de ce rapport (si j’ose dire), je me satisfais de mon gars du moment qui emmène quotidiennement le petit au cirque 10 à 12 minutes.

Guy Mauve, je sais t’es loin de tout çà et 3 mn pour toi, ce serait que du bonheur. Mais comme Tata Mona peut pas tout, elle te conseille d’aller voir un toubib qui te donnera des trucs et des médocs pour t’aider à faire monter la sève sans passer ton temps à dessiner des cartes de France sur les draps roses de Rose. Allez courage et patience !

Mona rarement eu à étudier la carte de France. Et vous ?