Jeanson : deux saillies ?

Mona aurait aimé tourner dans Fanfan La Tulipe
Mona aurait aimé tourner dans Fanfan La Tulipe

Il est des courriers qui blessent. Ainsi, la lettre que Sarah Fréchi a adressée à Lépicurien l’a bouleversé, abattu.
En effet, cette dame trouve ce site trop machiste. Selon elle, les femmes y sont mal traitées. Elle accuse mon patron d’être un abject misogyne. Elle se demande comment une fille aussi bien gaulée que moi peut endurer de telles épreuves et comment, j’accepte de participer à ce torchon antiféministe. Mais ce qui l’a blessé, le grand homme, c’est l’apostrophe à sa maman : honte à votre mère, à celle qui vous a engendré, écrit Sarah.
Là, je dois dire : vous dépassez les bornes, punaise puante, tocasse, déjection de bidet, perruche déplumée, boudin mal congelé, remède indigeste à l’amour, vieille peau de chambre, grosse dondon, sainte Nitouche, souris galeuse. Comment pouvez-vous insulter une vieille dame qui ne vous connait pas et que vous ne connaissez pas ? Et si cette mère n’était pas si polie, elle vous dirait : je t’emmerde ! C’est sur vous que devrait retomber la honte et non sur aux truies. Ah çà rafraichit, Sarah Fréchi !
Solidaire de mon patron (pour qui j’ai une affection particulière), je vous glisse quelques citations d’un grand scénariste : Henri Jeanson. Bien que marié deux fois, on trouve tant dans ses films que dans ses mémoires quelques pics bien sentis à notre endroit et sur les joies du mariage. Alors rien que pour vous, Sarah :

  • Comme elles n’ont pas de tête, les femmes ne peuvent pas la perdre. 
  • Les femmes sont décevantes. Ce sont des jouets dont on se lasse et qui, à l’inverse des autres jouets qui se laissent si gentiment casser, vous brisent. 
  • Une excellente maîtresse, c’est une épouse manquée… Mais une épouse n’est qu’une maîtresse ratée !  
  • Quand une femme dit la vérité, c’est pour déguiser un mensonge.  
  • Aimer est un verbe irréfléchi.
  • A partir d’un certain âge, les femmes se prennent toutes pour leur fille.  
  • Les maris se choisissent les yeux ouverts et les amants les yeux fermés.
  • L’homme a tort d’oublier que la femme est son ennemie héréditaire: c’est un oubli qui ne pardonne pas.
  • C’est avec les épouses tristes qu’on fait les veuves joyeuses.
  • L’amitié entre un homme et une femme, ça n’a pas cours, c’est de la fausse monnaie
  • A partir du jour où Dieu a mis l’homme en présence de la femme, le paradis est devenu un enfer.
  • Les femmes trompent généralement leurs maris avec d’autres maris. Les adultères ont ainsi quelque chose de conjugal, d’honorable, de légal qui mérite la considération générale.
  • Les femmes sont généralement stupides. Quand on dit d’une femme qu’elle est très intelligente, c’est parce que son intelligence correspond à celle d’un homme médiocre. 
  • Si l’on savait, avant, qui l’on épouse, tout le monde serait célibataire !

et puis, ma préférée :

  • Elle a les jambes comme l’Arc de Triomphe, mais son poilu n’est pas inconnu.

Voilà, ma petite. On n’attaque pas impunément mon Lépicurien. Qu’on se le dise !

Mona jamais mis une robe blanche et un voile. Et Vous ?

Bonne et bonne !

Mona, non seulement elle est bonne, mais elle est bonne !

Les Français aiment descendre dans la rue, c’est génétique. Régulièrement, lorsqu’un texte de loi va être voté, une manifestation est organisée et on entend dans la rue, ce joli refrain :
X (généralement nom d’un ministre), si tu savais, ta réforme, ta réforme ; X, si tu savais, ta réforme, où on se la met.

C’est poétique, certes, mais peu de manifestants savent que cet air est une œuvre d’Harry Fragson. Cet auteur compositeur, né à Londres d’un père français et d’une mère belge eut un énorme succès dans les années 1900. L’original de ce refrain gueulé dans des haut-parleurs nasillards est en fait une belle chanson d’amour : Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, Marguerite, si tu veux faire mon bonheur, donne-moi ton cœur.

Cet artiste oublié introduisit notamment le ragtime dans l’Hexagone.

Sa carrière s’arrêta brusquement en 1913 lorsqu’à la suite d’une dispute, son père lui tira un coup de pistolet en pleine poire qui le fit ad patres (si j’ose dire). Tombé dans l’oubli, il faudra que Barbara reprenne ses airs et notamment : les Amis de Monsieur pour ne pas disparaître complètement.
Profitons en pour rire un bon coup en lisant les paroles de cette perle :

Bien qu’il possède une femme charmante,
L’ami Durand est un coureur.
V’la t’y pas qu’il reluque sa servante
Et qu’il la reluque en amateur.
Il lui murmure : Dites donc, ma fille :
Entre nous, vous êtes fort gentille
Et votre personne, crénom d’un chien,
Au naturel doit être très bien.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne
Car, fit-elle d’un air étourdi,
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Durand, de plus en plus, s’emballe.
A la petite bonne, il fait la cour
Et, pour décrocher la timbale,
Il lui jure toute une vie d’amour.
Voyons, ne fais pas la dégoûtée.
Au contraire, tu devrais être flattée.
Dans la chambre, je monterai sans bruit.
Laisse donc ta porte ouverte, cette nuit.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne.
Parait que je possède un bon lit.
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Au rendez-vous, elle fut fidèle,
Mais comme elle hésitait un peu,
Durand s’excita de plus belle,
Avait la tête et le cœur en feu.
Voyant qu’elle retirait sa chemise
En devenant rouge comme une cerise,
Il s’écria, tout folichon :
Je n’ai jamais vu d’aussi beaux…

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne.
Je comprends que vous soyez ébahi.
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Comme Durand a de la galette
Et qu’il n’est pas vilain garçon,
Elle fit pas longtemps la coquette
Et céda sans faire de façons.
Ici des points pour la censure
Puis il s’écria : Je t’assure :
Je te trouve exquise, c’est merveilleux
Et que ma femme tu t’y prends bien mieux.

– Ah ! Monsieur, répond la petite bonne,
Ce que vous m’dites n’a rien qui m’étonne,
Que je m’y prends mieux que Madame, pardi :
Tous les amis de Monsieur me l’ont déjà dit.

Alors Mona, çà fait plaisir de vous voir pliée en deux. Pendant que vous êtes comme çà, attrapez donc deux verres, je vous prie. Je sers le Fixin 2005 de Frédéric Magnien. Un joli fruit, une belle acidité en fin de bouche laissent espérer un potentiel de garde non négligeable.

Pour vivre heureux, buvons cachés

En France, une loi interdit de mettre en avant le vin. Comme j’ai eu l’occasion de la dire à de nombreuses reprises, c’est un comble : le pays du bien manger et du bien boire est un des rares pays aussi mal à l’aise avec le nectar de Bacchus que la terre entière nous envie.

Aussi pour ne mettre personne mal à l’aise, j’ai choisi quelques auteurs anglo-saxons qui, eux, n’ont pas ces problèmes et sont libres de s’exprimer selon leur bon vouloir.

  • Si je bois c’est pour rendre les gens intéressants. WC Fields
  •  En fait un seul verre me suffit pour devenir saoul, mais je n’ai jamais su si c’était le treizième ou le quatorzième. George Burns
  • Je bois pour oublier que je bois. Joe E Lewis
  • En 1969, j’ai arrêté de boire et de faire l’amour, çà a été les pires vingt minutes de toute mon existence. George Best
  • Lorsqu’on n’a pas eu la chance d’avoir des parents alcooliques, il faut s’intoxiquer toute sa vie pour composer avec la lourde hérédité de leur vertu. Emil Cioran

Et pourquoi j’évite l’eau à table :

  • Une eau minérale qui a traversé les Alpes, elle fait forcément des dégâts quand elle traverse les reins.

Mona, tant qu’il n’est pas interdit de boire un coup de vin sans aller en prison, je vous sers un très grand vin : Silex 2007de Didier Dagueneau. Dégusté à bonne température (pas trop froid) ce vin mêle fruits et pierre. Un Pouily-Fumé hors norme. Un bel hommage à un vigneron trop vite disparu…

Et si je vous montrais le tout de mon cru

Mona boit un verre de vin avec le Président Lebrun

Je dois vous avouer que je me suis pincé. Rêvais-je éveillé ? Ne comprends-je pas ma langue maternelle ? Ceux qui ont écrit ces phrases sont-ils fous, malades, alcooliques ?
En 1935, Madame Marie-Louise Laval rédige «Le vin dans l’histoire». En exergue, on trouve ces citations :

Le vin ne confère pas seulement santé et vigueur. Il porte aussi en lui des propriétés lénifiantes qui, en même temps qu’elles assurent l’équilibre rationnel de l’organisme, prédisposent à l’harmonie des esprits. Par surcroît, il sait, aux heures difficiles, verser dans nos cœurs hésitants, la confiance et l’espoir.
Monsieur Albert LEBRUN, Président de la République Française. 17 Juin 1934.
Vous imaginez notre Président tenir de tels propos !!!

Je bois du vin à tous mes repas …. Il n’en faut pas beaucoup, mais il en faut pour bien se porter.
Maréchal FOCH
Vous imaginez un général défendre de la sorte notre boisson nationale. 

Vous avez mille fois raison de louer les Vins de France. Nous leur devons une part de notre esprit, de notre humeur et de cette gaieté qui est une des formes du courage devant la vie et devant la mort.
Monsieur Henry BORDEAUX, de l’Académie Française.
Faut dire qu’il a le blase qui va bien pour faire la pub des grands crus 

Les vins de France ont contribué à la force et à la splendeur de notre race.
Maître HENRI-ROBERT, de l’Académie Française.
Vive l’habit verre !

Depuis la plus haute antiquité, bien avant l’ère scientifique, alors que l’on ne connaissait pas encore la composition chimique du vin, ni le mécanisme de la fermentation alcoolique, ni les modes d’action des constituants du vin sur l’économie, on avait admis, en se basant sur l’expérience de tous les jours, que le vin naturel est un énergétique de grande qualité.
Monsieur le Professeur Georges PORTMANN, Sénateur de la GirondePrésident des Médecins amis du Vin de France.
Médecin ami du Vin, ben merd’alors

Par le Pain, l’homme se conserve : c’est son ordre. Il se surpasse par le Vin : c’est le progrès.
Monsieur Charles MAURRAS.
Bravo, Charlot, tu rentreras à l’Académie dans trois ans ; çà s’arrose. 

Le vin élève les cœurs, fortifie les corps et console les âmes; il a façonné notre race : c’est la raison pour laquelle, à travers notre histoire, toujours, l’esprit français a glorifié et chanté le vin.
Monsieur Edouard BARTHE, Président de la Commission des Boissons.
De nos jours, ce serait plutôt hommage aux sodas. Dommage

Ma chère Mona, une telle débauche de compliments est un hymne à Bacchus. Rendons lui, nous aussi, un hommage appuyé. Attrapez donc deux verres, je vous prie. Que diriez-vous d’un Saint-Véran 2007 des frères Bret ? C’est avec des vignerons de cette trempe que le Mâconnais rivalise avec les grands vins de la Côte de Beaune. 

Chutes de roi ?

«Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu’il s’en pust faire un cerne, je croy qu’il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre».

Cette citation est tirée d’un ouvrage[1] de Pierre de Bourdeille, dit Brantôme qui fut un écrivain français du XVI° siècle, surtout connu comme chroniqueur.

Il évoque la vie d’Henri III de Castille et de Léon. Surnommé, Henri le maladif, il s’aperçut assez vite qu’il aurait du mal à assurer sa descendance. Souhaitant à tout prix des enfants, il s’aida d’un beau et jeune gentilhomme de sa cour pour lui en faire. Couvert de biens et bénéficiant d’un régime de faveur, le jeune noble remplit sa mission au-delà de toute espérance puisque la Reine mit au monde trois enfants. Rien ne dit si la souveraine eut des sentiments à l’endroit du géniteur mis à disposition par son royal époux.

Ma petite Mona, voilà un cocu consentant (en un seul mot ?). Levons notre flute et buvons la Cuvée Louise 1999 de la maison Pommery. Un grand Champagne digne d’un roi…   


[1] Vie des Dames Galantes

Posthume et soutane…

Ne croyez pas que je fasse une quelconque fixation sur un auteur oublié depuis fort longtemps. Mais, l’une d’entre vous, Line Usable, m’a adressé un texte qui m’a émue. Dans une Encyclopédie de 1791, les auteurs se souviennent de cet abbé récemment décédé.

L’abbé de Lattaignant fut un de ces aimables oisifs qui font les délices d’un repas et l’amusement des sociétés, par leur facilité à composer des couplets plus ou moins agréables, mais toujours charmants pour les personnes qui en sont l’occasion ou le sujet. La littérature, dont il ne prit que la fleur, fut pour lui un amusement plutôt qu’une occupation. II eût pu se placer entre Panard et Chapelle, s’il eût plus corrigé, s’il eût moins cédé à fa facilité ; en un mot, s’il eût travaillé pour le public, juge sévère et difficile, qui ne compte pour rien les succès de coterie.[…] 
Après avoir scrupuleusement feuilleté le recueil de ses poésies posthumes, on n’a trouvé qu’une seule pièce à conserver : au reste, elle est charmante, et peut-être n’a-t-il rien fait de mieux dans sa vie. Elle courut dans le temps manuscrite ; mais beaucoup de gens, qui ne l’ont pas ou qui l’ont oubliée, la reverront avec plaisir.

Adieux au monde,

J’aurai bientôt quatre-vingts ans,
Je crois qu’à cet âge il est temps
De dédaigner la vie.
Aussi je la perds sans regret,
Et je fais gaîment mon paquet:
Bonsoir la compagnie.

Lorsque l’on prétend tout savoir.
Depuis le matin jusqu’au soir,
On lit, on étudie.
On n’en devient pas plus savant;
On n’en meurt pas moins ignorant:
Bonsoir la compagnie.

Lorsque d’ici je partirai,
Je ne fais pas trop où j’irai;
Mais en Dieu je me fie ;
II ne peut que mener à bien;
Aussi je n’appréhende rien:
Bonsoir la compagnie.

J’ai goûté de tous les plaisirs;
J’ai perdu jusques aux désirs:
A présent je m’ennuie.
Lorsque l’on n’est plus propre à rien,
On se retire, et l’on fait bien:
Bonsoir la compagnie.

Dieu nous fit sans nous consulter:
Rien ne saurait lui résister.
Ma carrière est remplie.
A force de devenir vieux,
Peut on se flatter d’être mieux?
Bonsoir la compagnie.
Nul mortel n’est ressuscite
Pour nous dire la vérité
Des biens de l’autre vie.
Une profonde obscurité
Est le sort de l’humanité.
Bonsoir la compagnie.

Rien ne périt entièrement,
Et la mort n’est qu’un changement,
Dit la philosophie.
Que ce système est consolant!
Je chante, en adoptant ce plan
Bonsoir la compagnie.

Mona rien à ajouter… Bonsoir.

Des coups décès

Ce que j’ai appris, je l’ai oublié ; ce que je sais, je l’ai inventé.

Les femmes n’ont de bon que ce qu’elles ont de meilleur.

Si Ion veut se faire une idée de l’amour-propre des femmes dans leur jeunesse, qu’on en juge par celui qui leur reste après qu’elles ont passé l’âge de plaire.

Qu’est-ce que c’est qu’une maîtresse ? Une femme près de laquelle on ne se souvient plus de ce qu’on sait par cœur, c’est-à-dire, de tous les défauts de son sexe.

L’hymen vient après l’amour, comme la fumée après la flamme.

Ces maximes sont de Sébastien-Roch-Nicolas, dit Chamfort (1741-1794). Cet auteur élu à l’Académie  Française en 1781 est depuis tombé dans l’oubli.

Durant la Révolution, se sachant recherché pour avoir dénoncé les abus du Tribunal Révolutionnaire et risquant la guillotine, il préféra mettre fin à ses jours.
Retiré dans son cabinet, il se tira une balle dans le visage. Mais le pistolet fonctionnait mal. Amputé du nez et la mâchoire bien esquintée, il n’expira pas. Attrapant un stylet, il le plongea à hauteur de la carotide mais ne parvint pas à la trouver. Saisissant un coupe-papier, il visa le cœur sans succès. Il entailla ses mollets et épuisé, il perdit connaissance. Mais son valet le retrouva dans une marre de sang et appela un médecin qui le sauva. Décidément quand çà veut pas, çà veut pas … !

Quelques mois plus tard, il meurt dans son lit de la syphilis qui le rongeait depuis plusieurs années.
Moralité : avec cette maladie, tout commence dans un petit trou et finit patiemment dans le trou.

Bon Mona, boire un Beaujolais 2009 d’Yvon Métras, çà vous dit ? Un vin vraiment too much. Un vin comme on aimerait en boire tous les jours. Chapeau !

La Champmeslé regardait fixement les scènes

« La Champmeslé  est quelque chose de si extraordinaire qu’en votre vie vous n’avez rien vu de pareil ; c’est  la comédienne que l’on cherche, et non pas  la comédie. J’ai vu Ariane pour la Champmeslé seule ; cette comédie est fade, les comédiens sont maudits, mais quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure,  tout le monde est ravi, et l’on pleure de son désespoir. »

C’est Madame de Sévigné, la célèbre épistolière qui écrit cet éloge à sa fille en avril 1671. Qui est cette Champmeslé ?

Actrice née en 1644 à Rouen, Marie Desmares épousa un comédien, Charles Chevillet connu à la scène sous le sobriquet de Champmeslé. Bien que l’ayant largement trompé avec le tout Paris et même le tout français…, elle resta connue sous ce nom. Madame de Sévigné, dont le fils en fera un temps sa maîtresse, la décrit comme une femme ayant :

«plus de grâce que de régularité, quoique sa taille fût avantageuse, et qu’elle eut de la dignité dans son maintien. Ses yeux n’étaient pas assez grands, et leur rondeur nuisait quelquefois à l’expression de sa figure. Sa peau était très brune ; sa voix était enchanteresse autant par sa douceur que par les sons touchants qu’elle en tirait quoiqu’elle fût forte et harmonieuse ; ce qui a fait dire à l’auteur des Anecdotes dramatiques : «Si l’on avait ouvert les portes de la salle, quand Mademoiselle Champmeslé déclamait, sa voix aurait été entendue dans le café Procope. Ce café était situé dans la rue des Fossés-Saint Germain, vis-à-vis la Comédie Française

Mais c’est surtout sa liaison avec Jean Racine qui en fit une actrice inoubliable. Le dramaturge écrivit pour elle les rôles de Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie et Phèdre. Excusez du peu !

Mais la belle ne put se satisfaire d’un seul homme. Ils défilaient dans son lit à un rythme soutenu. Finalement elle quitta Racine pour Le comte de Clermont-Tonnerre, ce qui fit circuler à Paris ces vers :

À la plus tendre amour elle était destinée,
Qui prit longtemps racine dans son cœur ;
Mais par un insigne malheur
Le tonnerre est venu, qui l’a déraciné.

Elle rejoignit la troupe de Molière jusqu’en 1680 date à laquelle Louis XIV fusionna les troupes des deux grands écrivains pour instituer la Comédie Française. Elle en devint une des premières sociétaires.

Mona pas pris racine, tonnerre de Brest !

Vous avez fini de vous A. Musset ?

À Alfred Tattet. 

Qu’il est doux d’être au monde, et quel bien que la vie !
Tu le disais ce soir par un beau jour d’été.
Tu le disais, ami, dans un site enchanté,
Sur le plus vert coteau de ta forêt chérie.

Nos chevaux, au soleil, foulaient l’herbe fleurie :
Et moi, silencieux, courant à ton côté,
Je laissais au hasard flotter ma rêverie ;
Mais dans le fond du cœur je me suis répété :

Oui, la vie est un bien, la joie est une ivresse ;
Il est doux d’en user sans crainte et sans soucis ;
Il est doux de fêter les dieux de la jeunesse,

 De couronner de fleurs son verre et sa maîtresse,
D’avoir vécu trente ans comme Dieu l’a permis,
Et, si jeunes encor, d’être de vieux amis.

Alfred de Musset a écrit ce poème en 1838.
Mais qui était donc Alfred Tattet ? Ce fut sans aucun doute le seul vrai ami du poète au milieu des noctambules, viveurs, noceurs, fêtards, coureurs de jupons qu’il fréquentait. Fils d’un agent de change, il brûla la vie par les deux bouts et décéda de la goutte à 46 ans.

Ce Tattet eut de nombreuses maîtresses dont Marie Pleyel, la femme-virtuose du roi du piano Camille Pleyel. Jaloux comme un pou sur la tête d’un chauve, il soupçonna Marie de le tromper. Qu’elle fasse cocu son mari avec lui, lui semblait naturel mais qu’elle trimbale son berlingot dans le pageot d’un autre, çà non !

Bien court Madame ?

Aussi, il décide de se venger. Avec l’aide se son ami Musset, il attire la belle dans une maison isolée à quelques encablures de la capitale. Et là, la Marie fut étendue sur un lit, attachée, bâillonnée et ses robes, jupons, cotillons et crinoline relevées. Elle s’attendait au pire. Ses yeux exorbités (si j’ose dire), ses tentatives de cris étouffés par le bâillon qui emplissait sa bouche (pourtant si habile à tailler les crayons), la pauvrette transpirait comme une Algéroise au sortir d’un hammam. Sentant sa dernière cuirasse s’effondrer : je veux parler de sa culotte dim-ding-dong dont l’élastique cassa comme la soupière de la grand-mère que votre femme vous lance à la figure. Marie fut effrayée en voyant sortir de la poche de son (ex) amant un rasoir tranchant comme celui d’une  portugaise. Non pas çà : ils ne vont pas me saigner comme une dinde qui mange des marrons glacés à la veille de Noël. Que nenni ! Mais Marie sentit la lame se promener sur un endroit précis que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici. Puis, les deux Alfred sortirent de la cire et en usèrent généreusement de telle sorte que Marie avait l’entrée de la crèche aussi déplumée qu’un poulet cou-nu du Forez.

Or si à notre époque, les femmes se font facilement ratiboiser la foufounette, au milieu du XIX° siècle, ce n’était pas au goût du jour et de la nuit. On imagine Marie, montrant son clavier sans aucune touche noire à Camille qui s’y connaissait un max en instrument. Même en expliquant que l’automne était précoce, que le vent l’avait surprise, elle eut du mal à ce que Camille lui rejoue la partition de son asperge d’édredon sur motte désertique.

Sacrés Alfred, ces deux potaches méritent que l’on teste un coup  de mousseux. Et ma petite Mona, que diriez-vous d’un Préambulles de Causse Marines. Ce vin explosif est un régal. Encore chapeau Patrice, un des vignerons rois de Gaillac ! 

Mère Teresa

Mère Teresa a indubitablement marqué le XX° siècle. Elle consacra sa vie aux pauvres et disait que  » Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. »

Et la religieuse fut une femme d’action. Elle n’écrivit pas de livres mais elle laissa une correspondance, des discours et quelques poèmes dont celui-ci :

La Vie !
La vie est une chance, saisis-la.
La vie est beauté, admire-la.
La vie est béatitude, savoure-la.
La vie est un rêve, fais-en une réalité.
La vie est un défi, fais-lui face.
La vie est un devoir, accomplis-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, prends-en soin.
La vie est une richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, perce-le.
La vie est promesse, remplis-la.
La vie est tristesse, surmonte-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, prends-la à bras-le-corps.
La vie est une aventure, ose-la.
La vie est bonheur, mérite-le.
La vie est la vie, défends-la.

Mona aimé cet optimisme. Bonne journée….