Ah, les figues, ah les figues

figues1Bleue, Blanche Col de Dame, Ardoisée Parisienne et la succulente Violette de Sollies ; qu’importe la couleur, c’est à la souplesse de sa chair que se contrôle sa maturité. Une goutte de suc à la base du pédoncule est gage de saveur et de fraîcheur. Dans les pays de production, le vrai régal, c’est de manger les fruits directement sur l’arbre avant que le soleil ne chauffe trop. Dans le Midi, c’est sa forme qui lui donne des dénominations « égrillardes  » : Sultane, Gueuse, Franche paillarde, Sein de la négresse… La variété dite « de Naples » est la « couille du pape ».
En Provence, « sécher les figues » : se dit d’une fille qui n’a pas trouvé à se marier. « Faire la figue », en argot, est devenu « faire la nique », c’est à dire se moquer.

Mi-figue, mi-raisin rappelle que des arnaques portaient sur les raisins de Corinthe fort recherchés. Des figues sèches coupées en petits bouts étaient mélangés aux raisins… et l’affaire était dans le sac pour le vendeur !

Avec le lait de la louve, ce fut le premier aliment de Romulus et Remus[1]. C’est en brandissant une figue fraîche provenant de Carthage que Caton fit prendre conscience aux sénateurs romains de la proximité de la dangereuse rivale : la cité fut rasée. Les Romains, comme les Egyptiens avant eux, gavaient les oies avec des figues. Le mot foie en bas latin se dit fictum qu’on peut traduire par « foie de figues ». En passant, un conseil : la terrine de foie gras se marie à la perfection aussi bien avec une figue fraîche que sèche. Dans ce cas, la pocher dans un peu d’eau tiède et de cannelle. Puis passer là dans une poêle avec un peu de vinaigre balsamique…

feuillesfigueBonne pour l’équilibre musculaire et nerveux, ses pigments ont un effet bénéfique sur les vaisseaux sanguins. Des érudits, après de savantes exégèses, pensent qu’Adam couvrit sa nudité, non pas avec une feuille de vigne, mais de figuier…indication fort précieuse pour se faire une idée de la taille des attributs virils du père de l’humanité…

Mona billet d’un rien…


[1] Romulus et son frère jumeau Rémus sont les fils de la vestale Rhéa Silvia et du dieu Mars et les fondateurs légendaires de Rome

Stel-lement loin

afr_kconstantia99 copieSimon Van der Stel (1639-1712) est gouverneur de la province du Cap. Cet érudit qui a beaucoup bourlingué s’ennuie. Il a sous sa coupe 400 Burghers [1] qui meublent la campagne plus qu’ils ne l’occupent. La vie culturelle des Bataves se partage entre les sermons du Pasteur et les beuveries à la bière.

La révocation de l’Edit de Nantes (1685) provoque, à Amsterdam, un afflux d’intellectuels français dont la Hollande n’a que faire !

On expédie 200 de ces Huguenots dans l’autre hémisphère. Ils sont majoritairement languedociens. Parmi eux, les deux frères du Toit et les trois frères de Villiers. Pour tout viatique, ils n’ont qu’une lettre de recommandation de la toute puissante compagnie néerlandaise des Indes Orientales et … quelques fagots de sarments.

Van der Stel, fort intéressé par le vin, les accueille à bras ouverts : ces gens là sont de son monde. Il les installe à Paarl et finance leurs premières plantations. Après une longue période de défiance, les Burghers les accepteront. Les Français transmettent le savoir-faire viticole à leurs compagnons d’immigration et à leurs enfants. Ces parias ont parfois la nostalgie de leur ingrate Patrie; nombre de crus d’Afrique du Sud portent des noms qui sentent bon la France . . . notamment dans la vallée de Franschhoek : La Brie, Cabrière, Haute-Provence, Chamonix.

Les Hollandais qui furent les premiers colons rendirent hommage à Simon van der Stel en donnant son nom à une importante ville vinicole : Stellenbosch.

Mona, je vous propose un grand moment. Nous allons boire un vin qui régalait déjà les Rois et les Empereurs au XVIII et XIX° siècle. Napoléon, s’il a beaucoup aimé le Chambertin (Bourgogne), a emmené des bouteilles de « vin de Constance » lors de son exil. Allez Mona, sortez deux verres et je sers le Klein Constantia. Vive l’ampleur…


[1] Les burghers (citoyens), passeront à la postérité sous le nom de Boers, le mot boer désignant un paysan en néerlandais.

Néfaste food ?

colorants1

Lepicurien, mon chef bien aimé, m’a appris à aimer les bonnes choses. Bien que moins investie que lui dans la croisade contre la malbouffe, je cherche à bien manger et bien boire. Or depuis quelques années, l’industrie agro-alimentaire a chassé, de nombre de tables, les plats longuement mijotés, les saucissons séchés lentement dans la cheminée, les jambons ayant patiemment dormi dans le saloir. A la place de ces merveilles, des sachets de jambon dégoulinants de flotte, des barquettes de boulettes de viande et de légumes sans vie et sans croquant. Et sur chaque étiquette, sachet, ou conserve, une litanie de E…
Même si je ne suis pas qualifiée pour juger de leur action sur ma santé, je me suis posée des questions. En se documentant, on trouve que ces ajouts ne sont pas aussi neutres qu’on ne le dit. Aussi sans prétendre à une étude scientifique, je vous soumets quelques conseils glanés au fil de mes lectures qui, je l’espère, vous guideront dans les allées de votre supérette ou hypermarché.

Il existe environ 350 additifs autorisés, qui entrent dans notre alimentation. Les additifs alimentaires sont présents dans la quasi totalité des produits issus de l’alimentation industrielle. Ces sont des ingrédients que l’on ajoute aux aliments et dont le seul but est la rentabilité du produit. Ils peuvent allonger la conservation, modifier la couleur ou les qualités gustatives d’un produit, on améliore la consistance,…. Ils peuvent être d’origine minérale, végétale, animale ou provenir de synthèse chimique. Avant d’être autorisés à entrer dans l’alimentation humaine, ils doivent faire la preuve de leur utilité et de leur innocuité. Dans ces conditions seulement, ils sont autorisés par arrêté ministériel, et inscrits sur une liste commune à tous les états européens. Ils sont ensuite obligatoirement mentionnés sur les emballages des produits alimentaires sous le nom de code E suivi du chiffre à 3 numéros qui les concerne.

Certains additifs, en raison de leur innocuité bien connu, sont utilisables en quantité libre ; d’autres et c’est la majorité sont soumis à des conditions d’usage réglementées, mais certains, au fur et à mesure des connaissances que l’on peut avoir sur eux, peuvent être considérés comme dangereux.

Quels sont ces additifs ? Comment les reconnaître ?

colorants3LES COLORANTS (E100 à E199) sont des additifs inutiles, ajoutés pour appâter le client. Les couleurs vives séduisent la clientèle, alors on n’hésite pas a en rajouter : sodas, jus de fruit, charcuteries, bonbons, confitures, pâtisseries, plats cuisinés,…. Ils ont aussi pour but, et là on le dit moins, de cacher la mauvaise qualité de certains aliments. L’usage de colorants par un industriel rend le produit suspect, puisque par définition il est inutile.

Colorants à éviter le plus possible : E102, E104, E 110, E120, E122, E124, E127, E132, E142, E151, E171, E173, E175, E180
Colorants à éviter systématiquement : E123, E131, E160, E163, E174

LES CONSERVATEURS (E200 à E299) prolongent la durée de vie des aliments en empêchant la prolifération microbienne et les fermentations dans les aliments. Si certains de ces additifs ne présentent pas de nocivité, d’autres sont dangereux : E249 à 251, utilisés dans les charcuteries.

A consommer, mais sans excès : E200 à  E203, E 222 à  E224, E226, E227, E236, E237, E238, E 260, E261, E262, E263, E270, E280 à E283, E 290,
A éviter : E210 à E219, E221, E235,
A éviter absolument : E220, E230, E231, E232, E 233, E239, E249, E250, E251, E252

LES ANTIOXYDANTS (E300 à E399) sont dépourvus ou presque de nocivité. Leur rôle est d’éviter que l’action de l’oxygène ou des substances oxydantes viennent dégrader les produits alimentaires, en particulier les conserves. Certains de ces additifs peuvent même s’avérer bénéfiques pour la santé comme les vitamines C et E de synthèse et leurs dérivés naturels ou artificiels ; leurs dérivés synthétiques le sont beaucoup moins.

A éviter : E310, E311, E312
A éviter absolument : E320 et surtout E321

LES MODIFICATEURS DE CONSISTANCE c’est la grande famille des « Agents de texture », utilisés dans la quasi majorité des sauces, crèmes, glaces, chocolats, margarines, confiseries, pains, pâtisseries, … ces additifs couvrent donc plusieurs rubriques : LES ÉMULSIFIANTS pour sauces, mayonnaises, pâtisseries,… des produits peu recommandables issus de la chimie, qui « forcent » la nature vatus. Les mayonnaises et sauces dérivées ne se dégradent pas grâce aux STABILISANTS (E450 à E452) qui maintiennent en l’état les mélanges et les couleurs, mais aussi la structure des émulsions d’eau et de corps gras qui devrait normalement retomber. Ils peuvent aussi bien détériorer notre santé en perturbant l’assimilation des graisses dans notre organisme.

LES GÉLIFIANTS (E400 à E407) qui donnent de la consistance, et LES ÉPAISSISSANTS (E405 et E410 à E415 et E460 à E466) augmentent la viscosité des préparations liquides (sauces, crèmes, glaces…) c’est la famille des celluloses et des gommes.

à éviter si possible : E400, E401, E404, E410, E 413, E473, E464, E481, E482, E483
A éviter : E403, E405, E407

LES ACIDIFIANTS, répartis dans plusieurs catégories E170, E260 à E270, E325 à E338, E350 à E 354, E363, E380, E500 à E507, E513, E524 à E528, E575. Utilisés comme conservateurs, ou pour modifier la saveur, ils augmentent ou diminuent l’acidité des préparations. Leur emploi est fréquent notamment en confiserie, jus de fruits, plats préparés.

A peu utiliser : E 500, E 507, E 570sex_on_the_beach_jello_shot

LES ÉDULCORANTS – E950 à 967 apportent une saveur sucrée. On distingue les édulcorants d’origine naturelle dont le nom se termine par OL (ex. polyol) et ceux de synthèse. Ils entrent dans l’élaboration de boissons sans alcool, limonades, sodas, desserts, confiseries,

LES EXHAUSTEURS DE GOÛT – E620 à E 640. Ce sont des glutamates qui renforcent le goût des aliments. Fréquemment utilisés dans : potages déshydratés, plats cuisinés, etc…  Ils sont inutiles et dangereux notamment : E620, E621, E625

DIVERS

E925 CHLORE et E951 ASPARTAME sont à éviter absolument.

La malbouffe n’est pas une fatalité. Bien sûr je ne vais pas lancer un mouvement à la Ralph Nader. Je doute de sa réussite en France. Mais si chaque consommateur prend conscience de sa force et fait un peu attention à ce qu’il achète, il est possible de modifier le comportement de ces industriels qui mêlent chimie et cuisine. Si chacun arrête les achats de produits contenant des additifs dangereux, ils disparaitront de nos rayons.

La chimie ingurgitée à haute dose doit agir sur notre corps, chassons la.

Mona chète pas n’importe quoi, et vous ?

Chiennes perdues sans collier

joconde-collierPendant le siège de Paris en 1870, la population affamée était désespérément en quête de nourriture pour survivre. On mangea d’abord les chevaux, avant d’abattre les animaux du zoo. Les boucheries proposaient de l’éléphant, de l’ours et de la girafe. Après quoi on tua tous les chats et les chiens que l’on trouvait. Et enfin, on se mit à la chasse aux rats.

Connu dans le Tout-Paris pour son humour cinglant, Aurélien Scholl [1] écrivit :

« Pendant le siège, toutes les femmes ont mangé du chien. On pensait que cette nourriture leur inculquerait des principes de fidélité. Pas du tout ! Le chien a produit sur elles un tout autre effet : elles ont exigé des colliers. »

Mona, merci d’attraper deux verres, je vous propose un verre de vin : un vrai bijou couleur rubis… çà devrait vous plaire.


[1] Journaliste du Figaro. (Bordeaux 1833-Paris 1902)

Prost ! prost !

prostate1
Pour éviter çà, buvez un verre par jour

Une consommation moyenne d’environ un verre de vin rouge par jour permet de réduire de moitié les risques de cancer de la prostate, selon une étude américaine. Le centre de recherche contre le cancer Fred Hutchinson, basé à Seattle, a étudié les habitudes de consommation de 750 personnes atteintes d’un cancer de la prostate, et de 700 autres en bonne santé. Conclusion : une consommation modérée (quatre à huit verres par semaine) a de réels effets préventifs, en particulier contre les formes les plus virulentes de la maladie. En revanche, la consommation de bière, alcool fort ou vin blanc n’entraîne pas de réduction significative des risques.

Selon l’étude, publiée dans l’International Journal of Cancer, le resveratrol, un anti-oxydant présent uniquement dans le vin rouge, pourrait être à l’origine du phénomène.

Lépicurien me dit, en riant, qu’il a une confortable avance sur les doses conseillées. Comme je pense qu’il n’est pas tout seul à raisonner de la sorte, je me dois de vous rappeler, Messieurs, que tout verre supplémentaire n’a, non seulement aucun effet bénéfique, mais annihile les bienfaits apportés par les premiers verres absorbés.

Mona pas de problème de ce coté là

Au lit soit qui mâle y pense…

pommier-tentation

Une petite histoire qui sera sûrement plus appréciée par les Messieurs que par le Dames…

Un homme rentre chez lui tout guilleret et se précipite en fredonnant une musique légère vers l’armoire à pharmacie. Il s’empare d’une boîte d’aspirine.
Ce comportement intrigue sa femme. Et ce d’autant plus, qu’il ne lui adresse pas un mot.
Puis il se rend à la cuisine, s’empare d’un verre qu’il remplit d’eau. Il y dépose un comprimé effervescent. Pendant que le comprimé se noie dans l’eau, sa femme le plaint :
– Mon pauvre chéri, tu as mal à la tête… je te plains, je sais ce que c’est.

Le comprimé étant complètement dilué, l’homme tend le verre à sa femme. Cette dernière est surprise et dit :
– M’enfin, chéri, je ne comprends pas, je n’ai pas mal à la tête, moi…

Le mari de lui répondre :
– Dans ce cas, rien ne s’oppose à ce que nous fassions l’amour… !!!!

Mona, c’est pas tout çà, mais je boirais bien un coup. Un Saint-Amour, vin du Beaujolais, s’impose, n’est ce pas ?

Doucement sur la mandragore

Mon vénéré Lépicurien a écrit un article qui manifestement ne vous a pas laissés indifférents, Messieurs.
Certains d’entre vous n’ont pas hésité à me contacter les uns pour en savoir plus, les autres pour passer commandes de plusieurs grammes de mandragore.

mandrake6Mais çà va pas, non ? Vous me prenez pour qui ? Tout d’abord, rappelez vous que cette plante vivace, haute d’une trentaine de centimètres, a une racine qui peut être anthropomorphe (ayant une ressemblance avec un corps humain). Et les vieux sujets (les plus recherchés) s’enfoncent profondément dans la terre, à plus d’un mètre, d’où une grande difficulté pour les arracher. De plus, les feuilles grandes et ovales dégagent une odeur forte, elles sont velues, ondulées…. Tout un programme. Et vous me voyez tripoter çà…

De plus, pour se procurer la racine de Mandragore si convoitée, il faut suivre des rituels magiques incontournables. Celui qui arracherait une mandragore sans précaution, soit il deviendrait fou en entendant les hurlements de la plante, ou bien il serait éternellement poursuivi par la malédiction…

mandragore_rhenanie_15eIl faut donc suivre un mode opératoire immuable : par une nuit de pleine lune, les « ramasseurs » tracent avec un poignard uniquement destiné à cet usage, trois cercles autour de la mandragore. Ils creusent ensuite pour dégager la racine. Une jeune fille est placée à côté de la plante pour lui tenir compagnie. On passe une corde autour de la racine et l’on attache l’autre extrémité au cou d’un chien noir. Les officiants appellent leur chien pour qu’en tirant sur la corde il arrache la plante. Si au bout de trois essais, elle n’est pas déterrée, on l’abandonne pensant qu’elle dégage des ondes maléfiques. Par contre, si le chien meurt durant cette cérémonie, la Mandragore s’est vengée sur lui, donc la racine peut être utilisée.

Et vous pensez que je vais accepter que mon patron m’utilise comme appât de mandragore ? Et en plus, Lépicurien, il a pas de chien.

Et pour finir, cette plante contient des alcaloïdes et autres composants nocifs. Son absorption provoque une narcose suivie d’hallucinations. On comprend pourquoi les sorcières pensaient s’envoler sur leur « balai ».
Messieurs, allez faire vos emplettes ailleurs.

De toute façon, Mona pas de balai pour vous ensorceler.

Macis, c’est de la muscade

Le muscadier est un arbre originaire des iles Moluques[1]. C’est pourtant sur le drapeau coloré de l’Ile de la Grenade[2] que l’on trouve une noix de muscade.

macis-muscade
Le macis, enveloppe de couleur rouge, protège la noix de muscade

Une fois séché, l’arille[3 devient une épice sous le nom de « macis » aux arômes très proches de ceux de la noix. Comme la noix, il est indispensable de le moudre au dernier moment car son arôme se perd rapidement. C’est pour cette raison que l’on vend généralement la noix de muscade entière avec une râpe.

Utilisée en cuisine de puis la nuit des temps, la muscade coûtait au Moyen Age une fortune : ½ kilo valait le prix d’une vache. Malgré cela, elle est l’épice la plus vendue après le poivre. Dans les pays du Nord de l’Europe, on épice la bière avec. De nos jours, on parfume béchamel, quiche, soufflé… On peut également en ajouter à un foie gras, un fromage de chèvre… Mais attention, comme dit le dit une sentence du Moyen Age : « Unica nux prodest, nocet altera, tertia necat[4]»

La muscade fut également utilisée comme encens pour purifier les cités. On raconte qu’à Rome, en 1191, on en brula une grosse quantité pour l’entrée du Roi Henri VI qui venait d’être couronné Empereur du Saint Empire romain germanique par le Pape Célestin III.

Autrefois, on attribuait à la muscade, de nombreuses vertus. Elle fut utilisée en pharmacologie autant pour soigner les flatulences que les rhumatismes ou les maladies respiratoires. De plus, elle avait la réputation d’être un excellent aphrodisiaque.

Le médecin siennois Pierandrea Mattioli conseillait à ses patients éprouvant des difficultés pour « sacrifier à Vénus » de verser de l’huile de noix de muscade sur leur parties  intimes, et ce quelques heures avant de rendre leurs hommages à une dame.

Enfin, vous verrez avec cette histoire que nous n’avons rien inventé. De nos jours, des jeunes gens, mal intentionnés, versent des substances illicites dans le verre des jeunes filles pour abuser d’elles. Or déjà, en 1619, un jeune Danois passa devant le tribunal. Il était accusé d’avoir enseigné à un comparse comment amadouer une belle en utilisant à son insu bieresles « qualités » de la muscade. La recette était la suivante :
D’abord, avaler une noix de muscade entière et attendre qu’elle émerge par les voies naturelles. Ainsi «préparée», la noix était râpée et mélangée à de la bière ou du vin.
L
orsque la belle désirée avait bu ce « philtre d’amour », elle n’était plus que « cire » entre les mains du séducteur, ne se pliant pas seulement à «ses moindres désirs» (comme l’indique le jugement) mais payant même en remerciement.

Mona, changeons un peu nos habitudes. Allez donc nous chercher deux petites mousses, je m’occupe de la muscade…


[1] Un archipel de l’est de l’Indonésie

[2] Situé dans les Antilles, au nord de Trinité-et-Tobago, à 200 km au nord du Venezuela

[3] enveloppe charnue autour d’une graine

[4] « Une noix est salutaire, la seconde nuit, la troisième tue. »

Les mouches… tachent

Même si Saint Evremond [1] déclare que « La chaste Eloquence ne met sur son visage ni mouches, ni fard, pour paraître agréable ; c’est par les traits de sa beauté naturelle qu’elle charme et qu’elle persuade. »
Il faut se rendre à l’évidence, au XVII° siècle, la mode de porter des mouches de taffetas noir s’est répandue comme trainée de poudre à la Cour de France.

joconde-avec-mouchesDans ses Mémoires, Madame de Genlis n’en garde pas un très bon souvenir : « Il faut convenir que ce fut une mode bien ridicule que celle de se tacheter le visage, premièrement avec une grande mouche de velours noir appliquée comme un emplâtre sur la tempe droite, et ensuite de petites mouches de taffetas gommé sur le menton, sur le bas des joues et sur le front ; ces petites mouches étaient de diverses formes, les unes rondes, les autres en étoiles, d’autres en croissants. On voit encore dans quelques tableaux de Watteau de jolis visages de femmes ainsi mouchetés. Toutes les femmes portaient dans leurs poches des boites à mouches; c’étaient des boîtes communément d’or, assez grandes, carrées, à compartiments, et dans lesquelles se trouvaient un petit miroir, du rouge et des mouches. Nous avouons qu’on n’a jamais rien imaginé de plus mauvais goût et de plus ridicule. »

Mais alors pourquoi utilisait-on des mouches ? Ces morceaux de tissu noir de la grandeur d’une aile de mouche, que les dames utilisaient, faisaient paraître leur teint encore plus blanc. La Fontaine fait dire à la mouche :

mouchesJe rehausse d’un teint la blancheur naturelle ;
Et la dernière main que met à sa beauté
Une femme allant en conquête.

Or si de nos jours, le teint halé est fort prisé, il n’en fut pas toujours de même.

Ces mouches avaient différents noms selon les divers endroits du visage où elles étaient placées. Au coin de l’œil, c’était la passionnée ; au milieu du front, la majestueuse; sur la pommette, l’enjouée ; au milieu de la joue, la galante ; au coin de la bouche, l’indécise ; sur le nez, l’effrontée; sur les lèvres, la coquette; sur un bouton, la recéleuse.

En voyant où la mouche était posée, l’homme savait s’il pouvait piquer…

Mona pas besoin de mouches pour être belle… pour vous. C’est Lepicurien qui s’est amusé sur son ordinateur.


[1] Charles Marguetel de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond, (1614-1703) : moraliste et critique libertin.

La presqu’île de biberon

« Oh quelle paire de roberts ». Dans le langage courant, c’est l’assurance d’une jolie poitrine généreuse qui réveille chez l’homme l’envie de téter. Mais pourquoi Robert ? Pourquoi pas Marcel, ou plutôt un prénom féminin ?

En fait, cette « paire » tire son origine du nom d’un inventeur dijonnais : Edouard Robert. Dans les années 1860, ce fabricant va devenir pendant près de 50 ans le symbole de l’allaitement artificiel.

Si les Romains utilisaient une corne de vache percée pour nourrir leurs progéniture, Edouard Robert met au point son « biberon à soupape » qui offre l’avantage de réguler le débit du lait. Ce produit révolutionnaire recevra nombre de prix dont la médaille d’honneur de l’Exposition Universelle de Paris en 1873. Dans le descriptif de son biberon, on lit : le biberon Robert, en un mot, c’est un véritable sein artificiel

Edouard Robert comprend très vite que la communication est un outil aussi indispensable que la qualité des produits vendus. Il publie des catalogues luxueux, fabrique des miniatures de biberons pour les poupées de ses clientes et lance des campagnes de publicité.

Si de nos jours, les biberons Robert ont disparu, les paires de roberts sont toujours bien là, grâce à Dieu !

Mona une belle paire… Pour vous ?

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