C’est lait, Mona

Ah, je suis vraiment crédule. Mona m’a bien eu. J’y ai cru au fromage à base de lait maternel. J’attendais ma commande … Mais cette supercherie m’a donné envie de goûter de tels produits.  Et je dois reconnaître que Mona a joué le jeu. Elle m’a fait rencontrer une de ses amies[1] qui a testé la cuisine de trois chefs qui ont réalisé des plats avec du lait de femme.

Mona vendant son lait à Manhattan

Première étape : New-York. Daniel Angerer, chef de Klee Brasserie, propose un fromage à base du précieux lait. Il le sert sur un lit de betteraves et agrémenté d’amandes effilées. Le Chef raconte qu’il a commencé à faire son fromage lorsque sa femme a arrêté d’allaiter leur fille et qu’elle avait encore beaucoup de lait. Congelé après prélèvement, il put réunir une quantité suffisante pour réaliser un premier fromage. Les médias s’emparent de la nouveauté et la rumeur enfle : on peut manger du fromage de femme chez Klee. C’est faux. Le Chef anticipait les risques à les commercialiser. Par contre la publicité pour son restaurant est immédiate…
Verdict de Marilyn : « ce plat est fade ; seuls les arômes de betterave et d’amandes sont perceptibles. »

Mona livre son lait et goûte le curry de Hans

Deuxième étape : Winterthur. Le chef suisse Hans Locher, propriétaire du restaurant Storchen à Iberg, a préféré utiliser le lait de sa femme pour ses sauces. Après de nombreux essais, il a concocté uns sauce à base de 75% de lait et 25% de crème fouettée[2].  Ses spécialités sont appétissantes : soupe au lait maternel, curry d’agneau au lait maternel, steak d’antilope sauce chanterelle au lait maternel et cognac. Hans a profité d’un vide juridique dans la législation helvétique pour vendre ses plats. Mais les choses se sont gâtées lorsqu’il a passé une annonce proposant d’acheter du lait maternel au prix de 10 € le litre…
Verdict de Marilyn : « J’ai mangé le curry. Honnêtement, je n’ai pas senti de grosse différence. Les épices l’emporteraient-elles sur le goût de femme ? Par contre l’accord du curry avec un Riesling allemand était fabuleux.

Mona et son pot à lait à Changsha
Mona et son pot à lait à Changsha

Troisième étape : Changsha, province du Hunan. Un chef[3] a servi un banquet avec 108 plats préparés avec du lait maternel. Le lait utilisé pour ce repas était fourni par six paysannes des environs. Le chef avait prescrit aux « donneuses » une nourriture appropriée pour ne pas avoir de goût gênant…
Verdict de Marilyn : « J’ai eu la chance de participer à cette « grande bouffe ». C’était très bon. De là à dire que c’est le lait…impossible pour moi, je ne suis pas assez spécialisée dans la cuisine de cette lointaine région.

Bon, ce n’est pas terrible. A écouter Marilyn, je me demande si çà vaut le coup de faire le tour du monde pour si peu…. Alors, mes chéries, je vous fais un appel : vous avez du lait à plus savoir qu’en faire. Une proposition : congelez-le. Dès que vous aurez un litre, achetez de la présure et faîtes un fromage et ensuite, appelez moi… tout simplement. Je m’occupe du reste.

En attendant, Marilyn et Mona, je vous propose un Riesling 2006 du Dr Thanisch. Ce vin allemand de Moselle. Ses arômes de pommes me font penser à la Normandie et à ses vaches….


[1] Voulant rester anonyme, nous l’appellerons Marilyn

[2] Crème à base de lait de vache

[3] Son nom n’a pas été révélé. A noter que Marilyn n’a pas lâché le morceau même sous la menace. Chapeau !

Il en a trophée

Vous savez tout le bien que je porte à Lépicurien. C’est un patron extraordinaire. Et je suis chaque jour ravie de venir au bureau pour me mettre à son service. Mais, comme vous avez du le remarquer, il est quand même légèrement vache avec le sexe dit faible. Est-il macho ou misogyne ?

J’essaie de lui faire comprendre que ce trait de caractère me blesse parfois surtout lorsqu’il m’insère à tout bout de champ dans nombre d’illustrations de ce blog sans m’y mettre à mon avantage. Mon image y est même souvent très dégradée…

Pour lui donner une leçon, je me suis inspirée de l’œuvre de la sculptrice américaine, Chrissy Conant qui a exposé une descente de lit façon peau d’ours mais représentant sa  propre peau étalée et une bouche ouverte supportant le poids, dit-elle, de son rapport avec ses parents.


Comme l’artiste, je me suis entièrement rasée et on a enduit mon corps de vaseline avant de me couvrir de silicone. Une fois séchée, cette peau de caoutchouc a été martelée pour être étalée comme une crêpe… Mais contrairement à Chrissy, je n’ai pas souhaité ouvrir la bouche et avoir les yeux écarquillés. Non, je ne veux pas que, lorsque Lépicurien me marchera dessus au sortir du lit, il me voit souffrante. J’ai ma fierté.


Je profite de cet article pour passer un message personnel à mon amie Sophie Fonsec, fille d’un excellent charcutier, pour lui proposer un tapis qui s’intégrera à merveille dans ses nouveaux bureaux.

tapis mortadelle et tapis salami

Mona pas mal ni mâle…

Ah, la vache !

Ce n’est pas dans mes habitudes de vous faire partager mes petits bobos. J’estime que ces colonnes ne doivent pas se transformer en lieu de thérapie. Mais, souhaitant vous aider dans votre vie épicurienne, j’ai pensé qu’il vous serait utile de partager mes embarras gastriques. En effet, depuis quelques mois, je souffre de ballonnements. Ayant consulté mon généraliste, son diagnostic a été clair. Il me fallait arrêter de boire du lait. Mon médecin m’explique que le lait contient un sucre, le lactose qui ne peut être digéré que grâce à la présence d’une enzyme intestinale, la lactase. Or, si cette enzyme est toujours présente chez l’adulte, son efficacité n’est plus que de 10 % de ce qu’elle était chez le nourrisson.

Donc pour éviter ces dérangements, il vaut mieux manger des produits laitiers que boire du lait.

Ayant parlé de mes ennuis à Mona, elle me proposa de manger des fromages au nom appétissant : « la femme qui rit, le roblonichon, le boursein, la mère dodue« …  Elle m’explique que son frère, ayant connu les mêmes désagréments que moi, venait de passer commande de ces produits sur internet. La particularité de ces fromages est d’être à base de lait de femme, censé être plus digeste pour nous…

Vous me connaissez… Tout ce qui a un rapport (si j’ose dire) avec la femme ne peut me laisser indifférent. Aussi, je viens de passer commande et vous donnerai mes commentaires de dégustation dès réception.

Je crois, ma Chère Mona, que le « roblonichon » peut être servi avec un vin de Savoie. Alors pour se faire la bouche, je vous sers un Seyssel : Domaine les Aricoques 2009. Cette note de sucrosité en fin de bouche est des plus agréables.

Hymen à tout…

Après leur nuit de noce, mon père ne tenait plus debout et ma mère ne pouvait plus s'asseoir

Lépicurien est surpris qu’une belle fille comme moi n’ait pas encore la bague au doigt. Je dois vous dire que je ne me sens pas encore prête à passer devant Monsieur le Maire…

Et ce n’est pas l’étude d’un site de rencontre anglais qui va m’encourager. Voyez plutôt :

Alors que les couples, avant de se marier, ont des relations sur un rythme de 4 fois par semaine en moyenne, après trois ans de vie commune, les couples s’estiment heureux lorsqu’ils arrivent à une fois par semaine… Plus grave, 60% des couples interrogés jugent leur sexualité triste et monotone. Ils estiment qu’ils partagent plus la vie d’un ami que d’un amant… et se trouvent frustrés de cette situation.

Plus de 40% trouvent que leur partenaire se laisse aller peu après la nuit de noce et qu’il ne fait plus d’effort de séduction. Pire encore, le même nombre de sondés comprendrait que leur conjoint puisse passer la nuit en dehors du lit conjugal.

Et vous voulez que je convole en justes noces ? Ah, non ! Gardez votre Marche Nuptiale, Monsieur Mendelssohn, pour plus tard.

Mona tend le Prince charmant sans pas-niquer…

Les galeries du Boulevard Ossements

Tout va bien, Docteur ?

L’Alentejo est une région qui englobe une grande partie du sud du Portugal. On y produit quelques vins qui valent le détour… Mais, aujourd’hui c’est Evora qui attire nos regards. Non, Mona, pas la chanteuse du Cap Vert, mais la cité d’Evora : son patrimoine est d’une telle richesse, que son centre-ville a été classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.

L’Eglise Sao Francisco est surtout connue pour sa « chapelle des os« . Cette chapelle est attenante à l’église. Elle fut édifiée au XVI° siècle par des moines franciscains qui ont fait de la place dans les cimetières de la cité. Ayant récupéré 5000 os, dont de nombreux cranes, ils les ont incérés dans les murs pour faire réfléchir sur la brièveté de la vie…   A notre époque où la mort est cachée, annihilée, une inscription sur le fronton d’entrée ne peut laisser insensible : « Nous les os, qui sommes ici, attendons les vôtres« .

Ils ont de l’humour, ces franciscains Portugais !

Bon, ma chère Mona, remettez-vous, vous êtes plutôt à l’âge de perdre les eaux que d’exposer vos os. Alors, buvons un coup : Malhadhina Nova 2006 est un très grand vin d’Alentejo. Cet assemblage de 50% de Alicante Bouschet, 40% d’Aragoñes  et 10% de Cabernet Sauvignon est sublime. Et quelle longueur en bouche !

On connait la Fanchon

Le 17 janvier 1803, Jean-Nicolas Bouilly et Joseph Pain sont aux anges. Leur comédie mêlée de vaudeville[1] rencontre un gros succès. Cette pièce relate la vie d’une » joueuse de vielle » ayant gagné suffisamment d’argent pour acquérir un hôtel particulier à Paris. Là, elle a une vie exemplaire au service de tous. Elle cumule toutes les qualités : belle, gentille, intelligente. C’est un modèle de sagesse et de vertu. Il faut dire qu’au lendemain de la Révolution, on a besoin de réconfort.

En fait, Françoise (Fanchon) était une joueuse de vielle qui eut une vie moins lisse. Née en 1737 d’une famille savoyarde, elle fut vite dans la rue à gagner quelques pièces avec son instrument.

Très belle, elle attirait les regards, et à peine âgée de 18 ans, on la maria avec Jean-Baptiste Ménard, gagne-deniers[2] de huit années son ainé. Un an, plus tard, elle met au monde un garçon. Jean-Baptiste était-il le père ? Toujours est-il qu’il quitta le foyer à cette date…

De nombreux rapports de police constataient les injures et bagarres incessantes entre les époux. De 1760 à 1762, elle mit au monde trois enfants. Sur les actes de baptême, la mention « père absent » est inscrite. Il faut dire  qu’elle fréquentait les cafés des boulevards, hantés par des libertins, et s’y livrait à des beuveries et des orgies. Dans les bistrots, elle chantait des refrains grivois et buvait tout ce que l’on voulait bien lui offrir. Avinée, elle livrait ses charmes au plus offrant.

On est loin du conte de Bouilly et Pain.

Selon des auteurs du XIXème siècle, elle se serait éteinte à l’âge de 45 ans…

Même si la Fanchon de cette paillarde n’est peut-être notre héroïne, je trouve que cette chanson la fait revivre quelques instants :

Amis, il faut faire une pause
J’aperçois l’ombre d’un bouchon
Buvons à l’aimable Fanchon
Chantons pour elle quelque chose.
Refrain :
Et ah, c’que son entretien est bon
Qu’elle a de mérite et de gloire !
Elle aime à rire, elle aime à boire,
Elle aime à chanter comme nous. (ter)

Mona pas de vielle. Vivra-t-elle vieille ?


[1] Genre musical désignant une forme de chanson populaire.
[2]
Qui exerce beaucoup de petits métiers en gagnant peu
.

L’heure déprave…

Mona à 22h et 11 minutes...

Nos voisins britanniques sont les rois des sondages et études originales. Ainsi, dans une étude récente, à la question : « quelle est l’heure idéale, selon vous, pour faire l’amour ? » Plus de la moitié des personnes interrogées répondent que la plage horaire idéale se situerait aux « alentours de 22h16″….. Dans l’article, on ne précise malheureusement pas les secondes…

Quant aux jours les plus fréquents pour pratiquer le sport en chambre, le vendredi soir à 21 heures et le dimanche matin à 9h30 recueillent le plus de suffrages.

Ma Chère Mona, je ne vais pas lancer un sondage auprès de vos admirateurs. Mais, je suis obligée de vous poser la question : « si on buvait un coup vendredi soir aux alentours de 22h06 ? »

J’amènerai un vin de la Commandaria Saint-Nicholas : une sorte de nectar venu de Chypre et qui met en appétit…

Il boit du bois…

d'après le dessin de P. Bercovici

J’aime quand Lépicurien me confie des missions. C’est un signe de confiance de sa part et je suis honorée de servir ce grand homme surtout lorsque je sais que le fruit de mon travail vous sera présenté dans ces colonnes. Et pourtant j’ai cru qu’il se moquait de moi lorsqu’il m’a demandé de lire une bande dessinée (B.D). En mon fort intérieur, je maugréais, pestais, ronchonnais…. En attrapant l’ouvrage, je me disais qu’il me prenait réellement pour une imbécile. Mais, la couverture déjà me fit rire. Et je dévorai chaque page avec gourmandise.

Cette BD nous transporte en 2017 et nous assistons au jugement de Robert Parker, vous savez cet américain, nourri aux hamburgers et sodas, qui nous dit quels vins sont bons à boire en mangeant des pizzas et des épis de maïs cuits à la vapeur ? Mais si vous savez ce gars qui aime les vins taillés comme des cowboys et riches en arômes de planche, café, goudron (mais sans les plumes). En un mot des vins tellement tout … qu’on n’arrive pas à en finir une bouteille à dix personnes…

Aux cotés de Lépicurien, j’ai découvert la finesse du vin : la subtilité des vins de la Cote de Beaune, la caresse d’un Pomerol, la palette aromatique du Riesling…

La France a vendu son âme en couvrant Robert Parker de médailles (Mérite puis Légion d’honneur).Il a transformé nombre de vins en bêtes à concours rivalisant de puissance.

Vous n’aimez pas ces vins surchargés de bois, alors jetez vous sur du papier et consommez sans modération : « Robert Parker, Les Sept Péchés Capiteux » de Benoist Simmat et Philippe Bercovici.

Mona envie de boire du bon vin. Je descends à la cave. Et vous ?

Bernard Dimey

Né dans l’est de la France, Bernard Dimey débarque, à 25 ans, dans la capitale et plus exactement sur la Butte Montmartre. Il touche à tout : peinture, cinéma, chanson, écriture. Vivant plutôt la nuit, il fréquente bars, poivrots, prostituées, artistes… Il se produit dans des cabarets où il déclame les poèmes qu’il compose. Il les dira même à l’Olympia.

Ami de Michel Simon, il lui écrit « Mémère« , hymne à l’amour qui dure, ….  Il laissera « Syracuse » que chantera Henri Salvador. Et il compose pour Mouloudji, Gréco, Réggiani, Montand, Aznavour, les Frères Jacques… sans oublier « mon truc en plumes » pour Zizi Jeanmaire

Mais quand on brûle la vie par les deux bouts, la mèche s’éteint vite. Quinze jours, avant ses 50 ans, il succombe.

Dimey a laissé nombre de textes sur les bistrots, les ivrognes. Rendez donc visite à ce site pour les savourer.

Quant à nous, Mona, pour écouter Michel Simon, je vous propose un vin blanc des Côtes du Rhône : Domaine de la Bastide 2009. Cette bouteille sera aussi à l’aise à l’apéritif que sur une belle entrée.

Faîtes chauffer l’alcool

Le Prince de Galles et sa Suzette

C’était au Café de Paris à Monte-Carlo et ce soir là, le 31 janvier 1896, j’ai servi le Prince de Galles. C’est un grand honneur qui m’a été fait. Au dessert, le pâtissier-chef avait prévu de lui proposer des crêpes selon la recette de Monsieur Escoffier. C’est moi qui devais les réchauffer en salle et les imbiber d’un mélange subtil de curaçao et de liqueur de mandarine.
Que m’est-il arrivé ? L’émotion, le trac, la fatigue ? Toujours est-il que j’ai penché un peu trop la poêle et que la liqueur s’est enflammée. Mon chef de rang, bien que pris au dépourvu, s’empara de la poêle et continua le flambage.

Le Prince semblait aux anges, ce qui devrait m’éviter tout reproche. Il m’appela pendant que l’alcool finissait de brûler et me demanda le nom de cette recette.
Je lui répondis qu’elle avait été créée spécialement pour lui et qu’elle porterait son nom. Mais le Prince de Galles qui était en charmante compagnie, décida de la dédier à la belle. Elle se prénommait Suzette. Voilà, vous savez tout…

C’est ainsi qu’Henri Charpentier qui fut le cuisinier des Rockefeller, racontait son aventure.

Personne n’est jamais venu le contredire jusqu’à sa mort en 1961. Et pourtant, on peut douter que cette belle histoire soit vraie.

En effet, en 1896, H.Charpentier était âgé de 16 ans. On imagine mal qu’une maison de cette notoriété, recevant un client aussi prestigieux, ait confié le service à un serveur aussi jeune. De plus, Léon Daudet rapporte qu’un restaurant parisien avait à sa carte une recette portant ce nom depuis plusieurs années…

Par contre, en véhiculant ces souvenirs aux Etats-Unis, il en fit un des desserts les plus populaires de la bourgeoisie et des hommes d’affaires.

Mona pas de dessert à son nom… alors inventez en un. Envoyez moi vos recettes, merci d’avance.