Toussaint pour ça !

Ce sont les vacances de Toussaint et le dab m’a filé congés. Vous allez dire, en tous cas pour les plus méchants : ben, elle s’emmerde pas la petite. Nous abandonner comme des chiens sur une aire d’autoroute pour aller se faire bronzer sous les tropiques et sous les GO du club-med.

Je répondrai à ceux-là qu’ils ne se rendent pas compte du boulot que j’abats pour que vous ayez votre article chaque matin, pour que je réponde avec pertinence à vos si nombreux courriers. C’est bien simple je me remue tant les méninges pour vous que je suis lessivée comme une vielle culotte de Madonna récupérée par un fan au cours d’un concert. Je suis carbonisée, affaiblie, épuisée, éreintée, essorée, exténuée, fourbue, harassée, rincée, surmenée, vidée en triturant ma cervelle au QI einsteinien. Aussi à force de tirer sur la bête, j’ai besoin de faire le vide, de reposer ma carcasse et mon ciboulot. Alors j’estime que ces courtes vacances, je les ai bien méritées. Et bande de mauvaises langues, je ne pars pas loin. Je vais faire du sport pour que mon physique incomparable continue à vous faire vibrer pendant des lustres.

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Mais ne désespérez pas, une semaine, c’est vite passé même pour les plus accrocs d’entre vous. Je vous autorise à découper une photo de ma bobine et à la glisser dans votre larfeuille. Quant vous aurez le blues, ma frimousse de rêve vous remettra au beau fixe. 

Une boule de billard

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Bon les filles, je vais vous révéler un secret. Vous qui fantasmez sur Lépicurien en vous disant qu’un mec qu’écrit de si belles choses doit être beau comme un Apollon. Vous qui l’imaginez halé, la mèche ondulante couvrant à peine son front d’intellectuel, vous allez déchanter, tomber de votre chaise : Lépicurien a la boule aussi chevelue qu’un œuf. Oui, mes chéries, vous lisez bien, il a le crâne aussi déplumé qu’un canard du Sud-Ouest attendant qu’on lui prélève son foie. Si j’employais une image de charcuterie, je dirais qu’il n’a plus de chapelure sur le jambonneau ou qu’il a la coiffure d’une tête de veau. C’est bien simple, il est si dégazonné que les mouches se servent de son caillou comme mouchodrome. Mais je dois avouer qu’il porte assez bien sa perruque en peau de fesse. Son absence de salade sur la cafetière lui donne un genre style Yul Brynner. Et moi qui ait la chance de partager une grande partie de se vie, je dois vous avouer qu’il dégage un charme rare.

Certaines d’entre vous me diront que mes sentiments à son endroit sont louables mais que vous vous en foutez comme de votre première chemise et que vous vous interrogez sur mon besoin impérieux d’étaler sur la place publique mes émotions de midinette boutonneuse.

Je comprends vos interrogations pertinentes mais si me connaissiez, vous sauriez que mes propos ne sont jamais gratuits.

Et dans le cas présent, je ne cherche pas à attirer l’attention du patron. Nos accords sont formels, bien que nous soyons attirés l’un par l’autre tels deux métaux aimantés, nous ne succomberons pas à l’appel de Cupidon car nous sommes à votre service et uniquement à votre service. Or nous savons que si nous laissions l’Amour batifoler entre nos guiboles, voire plus haut… nous perdrions la lucidité si utile à l’intégrité, l’indépendance et la qualité de notre Journal.

Bref, si je vous ai parlé de la boule d’escalier du patron, c’est pour déplorer que ce grand homme n’aime pas le café. En effet une équipe de chercheurs américains a constaté qu’elle stoppe la prolifération de la dihydrotestostérone (DHT de son petit nom), hormone à l’origine de la chute des cheveux. Donc les buveurs de café ont moins de risque de perdre leurs tifs. Mais cela se fait-il au détriment de leur masculinité ? La question mérite d’être posée car les femmes riches en DHT ont moustache et voix grave…

Mona de jolis cheveux, n’est-il point ?

Bière tombe mal

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Le 11 mai 1880 un enterrement se déroule à Rouen. Quelques écrivains ont fait le déplacement depuis la capitale : Émile Zola, Alphonse Daudet, Edmond de Goncourt, Théodore de Banville et Guy de Maupassant. Zola immortalisera ce moment. Il est fort étonné du peu de monde qui assiste à l’inhumation de ce grand homme Gustave Flaubert, à croire qu’à la veille de sa mort, il était inconnu des quatre cinquième de Rouen, et détesté de l’autre cinquième. Voilà la gloire.

Après un office religieux ennuyeux, le cortège se rend au cimetière. Et là stupeur, le cercueil est trop grand pour rentrer dans le caveau :

Et, alors, s’est passé un fait qui nous a tous bouleversés. Quand on a descendu le cercueil dans le caveau, ce cercueil trop grand, un cercueil de géant, n’a jamais pu entrer. Pendant plusieurs minutes, les fossoyeurs, commandés par un homme maigre, à large chapeau noir, une figure sortie de Han d’Islande, ont travaillé avec de lourds efforts ; mais le cercueil, la tête en bas, ne voulait ni remonter ni descendre davantage, et l’on entendait les cordes crier et le bois se plaindre. C’était atroce ; la nièce que Flaubert a tant aimée sanglotait au bord du caveau. Enfin, des voix ont murmuré : «Assez, assez, attendez, plus tard.» Nous sommes partis, abandonnant là notre «vieux», entré de biais dans la terre. Mon cœur éclatait.

Décidément une journée noire pour ses amis…

Ma chère Mona, on ne rit pas dans des moments pareils, mais la situation fut cocasse. Et à la mémoire d’Emma Bovary, Salammbô, Frédéric, Bouvard et Pécuchet, portons un verre à cet auteur qui nous a laissé tant de chefs d’œuvre. Pour ce je débouche un Limoux, méthode ancestrale. A base de Mauzac ; au nez et en bouche des notes prononcées de pomme. On se croirait en Normandie…et puis c’est mieux que d’ouvrir une bière !

Sortez vos bougies

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Ma chère Mona,
Je suis un fidèle lecteur de votre Journal et j’admire chaque jour votre physique de playmate. Et vous savez si bien mettre en valeur vos courbes en vous habillant d’un rien. Tout semble vous rendre encore plus belle si cela est possible… Or ma chère, ma femme va fêter son anniversaire et comme nous sommes mariés depuis des lustres, je suis sec comme une éponge au milieu du désert pour trouver un cadeau qui à la fois lui plaise et la surprenne. De plus si ce présent pouvait réveiller sa libido et lui donner envie de me laisser tremper mon biscuit dans sa boîte à mystères, c’est moi qui serait à la fête.
Connaissant vos dons infinis, je ne doute pas que vous trouverez l’objet qui ravira autant ma conjointe que mon popaul. En attendant permettez-moi de déposer à vos pieds mes hommages les plus sincères et de porter à vos joues des baisers brûlants.
Sam Repran

Hello Sam,
Vos compliments me vont droit au cœur. Quant à votre bergère, il est hélas courant qu’en ne hissant plus le drapeau rouge mensuellement, la femme perde l’appétit et ne pratique plus que rarement la gymnastique nocturne sur matelas. Pour lui redonner de l’entrain, vote idée de cadeau est bonne. La surprise peut réveiller la belle au bois dormant qui sommeille en votre voisine de pageot. Pour son cinquante septième anniversaire, je vous propose une petite culotte saillante qui la fera rire. Or une femme qui s’esclaffe est déjà à moitié vaincue et succombera plus facilement à vos invitations à sortir le petit au cirque après avoir monté le chapiteau. Bien que notre Journal vit sans publicité, je vous informe que divers modèles pourraient vous intéresser en cliquant ici. Dans le cadre de l’amitié franco-russe mise à mal depuis quelques mois, j’ai enfilé cette Poutine-culotte. Certes, portée par moi, cette lingerie vous semblera forcément plus belle que lorsque votre moitié la passera surtout si elle a tendance à laisser le persil sortir largement du cabas. Aussi, soyez indulgent et ne glissez pas lorsqu’elle vous présentera in situ votre cadeau :
-Ah, franchement, sur Mona, ça fait un bien meilleur effet. Enfin si ma taille de mannequin m’autorise à porter du 38, choisissez une taille adaptée à sa corpulence. A 57 printemps, c’est plus souvent le 42 voire plus qui lui permettra de cacher au mieux son matos cressonneux. Bon allez, Sam, vous ferez la bise pour moi à votre bergère à cette occasion et lui souhaiterez bonne bourre.
Mona

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Embarquement immédiat

Ouf, vous l’avez échappé bel ! Je suis restée au maximum dans la forêt et j’ai failli rater le retour. Heureusement le commandant est revenu me chercher alors qu’il allait décoller. Pour le remercier, je me suis rendue dans le cockpit (bien que ce soit interdit). Le pilote grand amateur de belle carrosserie était sous le charme…

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Mes beaux monts

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Avec le patron, nos rôles sont parfaitement établis. A lui, l’organisation des dégustations et des articles de fonds, à moi le courrier des lecteurs.

Et pourtant aujourd’hui, je vais oser parler vin, ce breuvage divin que Lépicurien m’a fait aimer et connaître et apprécier chaque jour davantage.

Il faut dire que récemment c’était mon anniversaire et à cette occasion, mon patron adoré a débouché un grand vin de Bourgogne : un Vosne-Romanée 1er cru les Beaux Monts 2006 du Domaine Bertagna. Quel bonheur ! Ce vin est d’une rare élégance avec ses arômes de cerise et de framboise. La bouche est légèrement cacaotée et des notes de kirch se révèlent. Bien entendu la description de ce vin reprend les mots employés par mon Lépicurien. Le grand homme a su trouver les mots qui ont décuplé mon plaisir.

Mais je profite de ce moment de bonheur sensuel pour approfondir le nom de ce cru : Les Beaux Monts. Dans mon ignorance et ma naïveté, je pensais qu’il s’agissait de coteaux à l’esthétique remarquable car il faut le dire, les pentes viticoles de la Côte d’Or méritent le détour. Mais que nenni !

Selon Marie-Hélène Landrieu-Lussigny, ce lieu s’appelait à l’origine Les Baus qui signifie Hauteur comme on retrouve au sud de la France avec les Baux de Provence. Mais avec le temps, la signification de Baus a été oubliée et on a rajouté à la suite Monts. Et tout naturellement Baus s’est orthographié Beaux. Et une parcelle située plus haut sur le coteau prit le nom de Les Hauts Beaux Monts. Dans le genre pléonasme, difficile de faire mieux.

Heureusement que Lépicurien connait la Côte et ses secrets comme le fonds de ma poche. Jamais je n’aurais trouvé cela toute seule et je suis persuadée que la grande majorité d’entre vous l’ignorait…

Mona des beaux monts… Et là, il n’y a pas de doute sur leur origine.

Article écourté ?

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Il y a 220 ans, venait de se terminer une des périodes les plus noires de notre histoire : la Terreur. C’est en effet, le IX Thermidor (soit le 27 juillet 1794) qu’eut lieu la chute de Robespierre.

Ce même jour une des dernières victimes de cette boucherie a retenu mon attention :

Françoise-Thérèse de Choiseul-Stainville (1767-1794) mariée jeune, en 1782, au prince Joseph de Grimaldi Monaco. Durant les années révolutionnaires, le couple quitta la France. Mais de leur union, naquirent deux enfants qui restèrent à Paris.

Ne supportant pas cet éloignement, Françoise rentra en France. Arrêtée en 1793, elle repartit libre en sa qualité de princesse étrangère. Mais la même année, la principauté fut annexée par la France. Le 10 ventôse an II (28 février 1794) elle fut emprisonnée. D’une grande beauté, elle attira les regards empressés d’autres prisonniers. Mais elle les repoussa.

Condamnée à mort, comme le voulait la tradition sanguinaire de l’époque, elle ne montra point la moindre émotion.
Cependant, elle annonça au tribunal qu’elle était enceinte, ce qui automatiquement retardait l’exécution après l’accouchement. Le soir même, un médecin, un pharmacien et une sage-femme l’examinaient dans sa cellule. Leur rapport est clair :

« Nous avons examiné et visité la nommée Thérèse Stainville, épouse de Joseph Monaco, âgée de 26 ans, déclarée être enceinte de deux mois et demi. Notre examen ne nous a fourni aucun signe de grossesse. Ce VIII thermidor, l’an II de la république une et indivisible.

La sentence devenait exécutoire. Pour sauvegarder son honneur, elle écrivit à Fouquier-Tinville :

« Je vous préviens, citoyen, que je ne suis pas grosse. Je n’ai point sali ma bouche de ce mensonge dans la crainte de la mort, afin de couper moi-même mes cheveux et de ne pas les donner coupés par la main du bourreau. C’est le seul legs que je puisse laisser à mes enfants, au moins faut-il qu’il soit pur. »

En effet, la Princesse ayant brisé un carreau réussit à couper une natte ses cheveux, ultime cadeau à ses deux filles.

Le IX Thermidor, la charrette l’emmena à destination de l’échafaud. On a retenu ses paroles :

« Citoyens, je vais à la mort avec toute la tranquillité qu’inspire l’innocence ; je vous souhaite un meilleur sort. »

Enfin s’adressant à une de ses compagnes de châtiment, elle lui dit :

« Courage, ma chère amie, du courage ; il n’y a que le crime qui puisse montrer de la faiblesse. »

Quelle noblesse et quelle leçon.

A une journée près, elle aurait put échapper au supplice…

Décidément, ma chère Mona, cette Révolution est sanguinaire. Cependant, nous devons boire à la mémoire de cette Françoise qui fut fauchée si jeune. Un vin rouge s’impose… Le château Mazeris 2011 (Canon-Fronsac) a glané les médailles d’or à Paris, Bordeaux et Bruxelles. Même s’il est encore bien jeune, il peut dès à présent vous régaler avec une bonne viande rouge. Un joli travail de la famille de Cornuaud, propriétaire de cru depuis 1769.