Indien vaut mieux…

Une indienne coûte trois sioux

Chacun d’entre nous a rencontré Le Bourgeois Gentilhomme de Molière sur les bancs de son école. Pour le plaisir, je vous fais relire un petit bout d’une scène.

ACTE I scène 2

M. JOURDAIN, en robe de chambre et en bonnet de nuit; le Maitre de Musique, le Maitre à danser, l’élève du Maitre de Musique, une Musicienne, deux Musiciens, Danseurs, deux Laquais.
[….]

MONSIEUR JOURDAIN.
Je vous ai fait un peu attendre; mais c’est que je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité; et mon tailleur m’a envoyé des bas de soie que j’ai pensé ne mettre jamais.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.
Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.

MONSIEUR JOURDAIN.
Je vous prie tous deux de ne vous point en aller qu’on ne m’ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir.

LE MAÎTRE A DANSER.
Tout ce qu’il vous plaira.

MONSIEUR JOURDAIN.
Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu’à la tête.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.
Nous n’en doutons point.

MONSIEUR JOURDAIN.
Je me suis fait faire cette indienne-ci.

LE MAÎTRE A DANSER.
Elle est fort belle.

MONSIEUR JOURDAIN.
Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin.

LE MAÎTRE DE MUSIQUE.
Cela vous sied à merveille.

J’ai souligné une phrase énigmatique. De nos jours, on dirait crûment :
Je me suis fait cette indienne.
Mais c’est grossier… et ce n’est pas le même sens.
En effet, à cette époque, des indienneurs fabriquaient des robes de chambre faites de toiles de coton décorées de motifs en provenance d’Inde. On les nommait «indiennes» même si elles étaient réalisées en France. Ces vêtements furent très à la mode dans les milieux chics et précieux (on dirait bobos) et Molière ne pouvait qu’en rire.

Mona aimé ces robes de chambres tipi-ques.

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