Je reçois deux dents

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Pendant longtemps, l’homme eut une connaissance très imparfaite de son corps. Nous avons déjà eu l’occasion de parler dans ces lignes des sorts qui étaient censés perturber tel ou tel organe et notamment l’aiguillette nouée.

Pour vous rafraichir la mémoire, cela signifie que le jeune marié n’a pas le membre suffisamment adamantin[1] pour explorer le sous-sol de sa jeune épousée. La cause en était attribuée à un sort lancé par une personne jalouse. Pour arrêter le maléfice, on recourrait à de nombreuses pratiques. En voici quelques exemples :

  • Laver les parties honteuses de l’un et l’autre sexe, avec une décoction d’Aquilegia. Après avoir appliqué cette lotion, le malade exposera la partie ramollie à la fumée de dents d’un mort. Voici la méthode pour faire ce parfum, on prend trois dents de la tête d’un homme mort qu’on réduit en poudre. On prend ensuite deux tuiles neuves qu’on fait rougir au feu et on les place en croix à terre. On jette dessus du bon esprit de vin du Rhin et la poudre des dents. On tient le membre envoûté au dessus de la fumée, jusqu’à ce qu’il commence à suer. On essuie la sueur avec un linge net de haut en bas. Après quoi on oint le membre d’asa foetida qui est la base contre les enchantements, puis on l’enveloppe dans un linge et on se va coucher. 
  • On prend un brochet mâle, on lui ouvre la gueule et on y verse de l’urine du mari charmé : on rejette le brochet dans le courant de l’eau et le charme cesse s’il n’est pas trop ancien. 
  • Le charme se lève aussi lorsque l’époux avant de connaitre sa femme pisse dans l’anneau qu’il a reçu d’elle. Si cela ne suffit point, il prendra de la limaille de la bague nuptiale dans un verre de vin. La limaille d’une cloche à l’endroit où le battant frappe passe pour un secret salutaire. On la mêle, avec un peu de safran et de poudre de priape de cerf pour enduire le tour intérieur de l’anneau. 
  • Enfin un autre remède est de prendre un œuf frais et de le faire cuire dans sa propre urine jusqu’à réduction de moitié. Après quoi, jetez ce qui reste d’urine dans le courant d’une rivière, ouvrez l’œuf et jetez le dans une fourmilière, dès que les fourmis l’ont pris, le charme sera levé.

Mona, je ne crois pas qu’avec vous, il soit nécessaire d’utiliser de tels désenvoutements. A la vue de vos courbes, je n’imagine pas un Popaul ne pas hisser les couleurs pour vous rendre les honneurs. Bon, je m’égare, comme disait Saint-Lazare. Buvons donc un coup, c’est bon pour tout : un Super Toscan Giusto di Notri 2006 du Domaine Tua Rita. Un assemblage bordelais pour un vin puissant, mûr à souhait et qui fait merveille avec un magret ou un gigot…


[1] Dur, littéralement «qui a la dureté du diamant».

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