Une vie gouachée ?

Tous les épicuriens se joindront à moi pour saluer la mémoire du Caravage. Aucun ne peut oublier ses portraits de Bacchus. On célèbre cette année, le 400ème anniversaire de sa mort qui, jusqu’à ces derniers jours, restait mystérieuse…

Des chercheurs viennent de trouver avec quasi-certitude les circonstances de sa mort. Ils avaient en leur possession un document qui suggérait que le peintre était enterré à Porto Ercole (Toscane). Après avoir examiné les restes d’environ 200 personnes de l’ossuaire, ils ont  trouvé les restes d’un homme de 38 à 40 ans qui pourraient appartenir au Caravage mort à l’âge de 39 ans. Les scientifiques estiment la probabilité que ce soit bien lui à 85%. Une datation au carbone 14 et des analyses ADN ont permis de découvrir les raisons de son décès. Tout d’abord, les os contiennent une teneur très élevée en plomb. Or à l’époque, le plomb était très utilisé dans les peintures.
Le saturnisme pouvait conduire à des troubles graves du comportement, sources de violence et favorisant des comportements criminels. Or sa vie fut pour le moins, tumultueuse.

De plus, le mort retenu était atteint par la syphilis. Or, on sait que le peintre avait une sexualité débridée. Enfin, les analyses montrent que Michelangelo très affaibli  est surement mort d’un « coup de chaleur ».

Né à Caravaggio (Piémont), en 1571, d’un père maçon, il apprend ce métier à Milan avant de partir pour Venise puis Rome pour exercer son art de peintre. Comme souvent, c’est un maître, Giuseppe Cesari, qui le fait peindre dans ses tableaux. Puis Caravage commence à travailler pour lui et se fait remarquer par le cardinal del Monte qui devint son protecteur.
L’artiste travailla pour les Eglises de Rome même si un saint Mathieu, qu’il avait peint pour Saint-Louis-des-Français, parut tellement trivial qu’il dut le refaire. Si sa peinture est reconnue, l’homme a une vie dévergondée : il était violent et querelleur, et plus d’une fois il eut à faire à la police pontificale. En 1606, à la suite d’une partie de jeu, il se prend de querelle avec un joueur et le tue…Il doit fuir pour Malte. Mais, une querelle l’oblige à partir pour la Sicile. Fatigué de cette vie errante, il décida de rentrer à Rome. Son voyage s’arrête à Porto-Ercole.

Ma Chère Mona, je vous invite à lever votre verre à la mémoire de Michelangelo. Goûtez ce Vino Santo 2000 de Felsina : un grand liquoreux toscan aux arômes de raisins secs, pêche, agrumes.


L’ivre : deux caisses

A l’heure où nos gouvernants diabolisent le nectar de Bacchus, il est bon et encourageant de lire ces lignes :

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Rubens : Venus, Cupidon et Bacchus

ENIVREZ-VOUS

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous! Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire (In Les petits poèmes en prose)


« Ma petite Mona, débouchez donc sans tarder
Ce flacon qui a vécu trop longtemps allongé.
Versez ce divin breuvage dans nos deux calices
Et fuyez cette terre ingrate pour le pays des délices. »

Oh, merde, je fais des vers, il est de temps de boire. Allez vite sortez les verres, je fais péter un Mauzac 2007 de chez Bernard Plageoles, un vin aux arômes très riches, doté d’un merveilleux équilibre en bouche.

P.S : pour voir le tableau de Rubens, cliquez ici