Je vous adresse mes voeux de Rennes

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Décidément mes petites poulettes, vous faîtes appel à Tata Mona pour des sujets de plus en plus variés. Un peu comme si elle était l’Encyclopédie Universelle. Aujourd’hui, c’est Marie Toimafille qui m’envoie quelques lignes de sa Bretagne natale. La pauvresse m’y annonce qu’elle doit se marier prochainement et qu’elle voudrait une cérémonie tout ce qu’il y a de plus traditionnel mais avec un chic à faire crever de jalousie ses cousines boutonneuses et grassouillettes. Sa question porte sur le cortège lors de l’entrée dans la salle des mariages.

Alors là, ma petite Marie, pas de problème. Il suffit de se plonger dans la Baronne Staffe. Dans ce journal, je vous ai déjà gratifié de ses conseils en matière de fiançailles. Alors poursuivons l’aventure avec le marida. Tout çà est d’une logique !

Le cortège se forme : la mariée au bras de son père ; le marié avec sa mère ; la mère de la mariée conduite par le père du marié ; les demoiselles et les garçons d’honneur ; les témoins et les dames avec lesquelles ils sont venus en voiture.
La mariée a pris le bras gauche de son père, toutes les dames doivent prendre le bras gauche de leur cavalier, alors même que celui-ci aurait l’épée au côté, en cette circonstance seulement, pour l’harmonie. Et vice versa : si son père est un militaire, l’épousée s’appuie sur son bras droit et toutes les autres femmes suivent son exemple, quand bien même les cavaliers seraient en habit.

Donc, le plus important à retenir : si votre père aime le clairon et sort son pantalon de garance, en flanquant sur son coté gauche son aiguille à tricoter les côtes, il vous faudra vous accrocher à sa paluche droite. Par contre, si Papa préfère la musique de chambre, les pantalons de tergal et abomine les broches à bide et les marchands de mort subite, il vous faudra lui attraper son bras gauche. A noter que tous les sbires qui vous suivront devront se calquer sur le duo que vous faîtes avec votre géniteur. Une, deux, une, deux… A la sortie, une fois que vous vous ressortez la bague au doigt (avant plus en soirée, j’espère pour vous, si votre gigolo n’est pas trop bourré), c’est au bras de votre futur ouvreur de tirelire, que vous pavanerez. Même chose, s’il est bidasse, bras droit ; dans tous les autres cas, bras gauche…

Voilà le travail, Marie. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne bourre et kenavo.

Mona pas mangé de galette depuis longtemps et Bevet Breizh.

Compromis

Blanche-Augustine-Angèle Soyer (1843- 1911), plus connue sous le pseudonyme de Baronne Staffe est connue pour ses ouvrages de savoir vivre. Son best-seller : Usages du Monde – Règles du savoir-vivre dans la société moderne, est toujours édité.  Les bonnes manières dans la société bourgeoise de la fin du XIXe siècle sont décrites dans ce livre.
En lisant ces conseils, on constate que les choses ont beaucoup changé en un siècle. Alors en lisant le déroulement d’une demande en mariage, il est difficile de ne pas sourire devant ces tourtereaux guindés.

Lorsque le prétendant a plu d’emblée à la jeune fille, ou quand l’épreuve s’est terminée à son avantage, il témoigne d’un grand empressement et fait immédiatement porter la demande en mariage officielle par son père, un vieil ami ou un supérieur.

L’ambassadeur du prétendant est tenu de se présenter en toilette très soignée, même lorsqu’il est envoyé dans une famille dont la situation est au-dessous de la sienne. Si le père de la jeune fille ne lui donne pas une réponse immédiate, du moins la lui fait-il connaître ultérieurement le plus tôt possible.

Dans cette entrevue, les questions de fortune, d’intérêts respectifs sont posées, telles qu’elles seront réglées au contrat. Une grande loyauté est requise des deux parts. Le père indiquera tout de suite le chiffre de la dot de sa fille pour épargner à l’autre partie l’embarras de le demander.

Ainsi officiellement agréé, le prétendant revêt ses habits de cérémonie et fait immédiatement, aux parents de la jeune fille, une visite au cours de laquelle on appelle celle-ci.
Cette entrevue réclame beaucoup de tact de la part du futur (il est déjà plus que prétendant). Il remercie avec une certaine chaleur, mais sans exagération. La froideur serait malséante, mais l’expression du bonheur doit être contenue.

Il est clair que, si une jeune fille n’avait plus ses parents, ce serait à son tuteur ou à ceux avec lesquels elle demeure qu’on s’adresserait pour l’obtenir en mariage. Les choses se passeraient exactement comme nous l’avons indiqué pour une jeune personne qui vit avec ses parents.

À compter du jour de la demande en mariage, le futur est admis à voir souvent celle qu’on pourrait nommer l’accordée. Il y a aussi échange de visites et de politesses, entre les familles des deux jeunes gens.

Mona pas connu encore de demande en mariage. Elle vous attend ?