Il y a que demi mâle

Mona nourrit son chien avec des roubignoles fraîches : çà fait peur !

Messieurs, mes petits choux (pour les intimes uniquement), je vais parler d’un métier qui heureusement pour vous (et pour nous) a disparu au XIXème siècle. Rien que d’y penser, çà fait froid dans le dos (et pour vous messieurs, ailleurs ?). Mais enfin, je vous dois votre page culturelle et Lépicurien n’a pas eu le courage (et je le comprends) d’écrire sur ce sujet. Figurez vous qu’autrefois, pour soigner les hernies, des praticiens pratiquaient l’ablation d’un ou voire des deux testicules. Du XVème et XVIIème siècle, ce sont les chirurgiens qui officient. On comprend que Molière est souvent écrit sur les médecins de son  temps. Au siècle suivant, la grande majorité des chirurgiens se refuse à pratiquer cette opération et ce sont des charlatans qui prennent la relève. On les appellera : châtreurs. Ces coquins battaient la campagne et « décapsulaient des roubignoles » comme d’autres le font avec des canettes de bière.

Ainsi en 1776, dans un seul diocèse, on compte plus de 500 jeunes gens ont perdu tout ou partie de leurs attributs.

Je vous livre un extrait d’un livre du début du XVIIIème siècle qui sera réédité à plusieurs reprises. Dionis, chirurgien de son état, est un des premiers à s’élever contre cette pratique.

Au XIXème siècle, un médecin écrit que dans nombre de cas où l’ablation avait été jugée indispensable, il avait réduit la hernie à l’aide d’applications de pommade. Il ajoute que « Cette précaution est d’autant plus nécessaire, que le diagnostic des tumeurs glandaires a souvent offert des exemples d’erreurs fâcheuses de diagnostic ».

Nos anciens ne se sont pas contenter de trouver dans les bandages les moyens de guérir les hernies, ou du moins de les soulager, ils en ont cherché dans les opérations de chirurgie, et ils ont crû en avoir rencontré de trois ou quatre sortes qui toutes sont plus mauvaises les unes que les autres : les bons chirurgiens les ont abandonnées, et elles ne sont pratiquées aujourd’hui que par des charlatans, qui s’embarrassent peu des suites de leurs opérations. Je vais vous montrer la manière qu’ils nous ont proposée pour les faire, non pas dans le dessein que vous les mettiez en pratique, car je suis sûr que vous les allez condamner ; mais parce qu’il faut qu’un chirurgien sache le bon et le mauvais de sa profession, le premier pour le suivre, et le second pour l’éviter. […]

Quelques auteurs nous disent qu’on obtient la guérison des descentes par la chirurgie en deux manières ; la première en conservant le testicule, et la seconde en ôtant le testicule ; pour la première manière, ils nous proposent les quatre ou cinq opérations que je viens de vous faire voir, mais est-ce conserver le testicule que de lui ôter ses fonctions.

La seconde est d’ôter le testicule, et voici comment ils s’y prennent. On fait dans l’aine une incision qui découvre les vaisseaux, et passant le doigt par-dessous, on fait sortir par la plaie le testicule enveloppé de ses membranes, on lie les vaisseaux le plus proche des anneaux que faire se peut, et on les coupe ensuite un demi doigt au dessous de la ligature ; on laisse le bout du fil assez long pour le retirer quand la nature le sépare en traitant la plaie à l’ordinaire. Cette manière empêche certainement que la hernie ne se reproduise ;  mais il est peu de gens qui aux dépens de leurs testicules demandent la guérison de cette infirmité.

Les opérateurs ambulants sont adroits à séparer ces organes, sans que les spectateurs s’en aperçoivent, ils font la ligature des vaisseaux, avant que de tirer le testicule hors du scrotum, et avec leur petit doigt passé par dessous ces vaisseaux qu’ils coupent, ils le font sortir et le cachent dans leur main, pour le mettre dans leur gibecière sans être vu. On a connu un de ces opérateurs qui ne nourrissait son chien que de testicules ; le chien se tenait sous le lit ou sous la table, proche son maître, en attendant ce morceau friand dont il le régalait aussitôt après qu’il en avait fait l’extirpation, à l’insu des assistants qui auraient juré que le patient’ avoir toujours ses parties.

Les testicules sont des parties si nécessaires à l’homme qu’on ne doit les ôter que dans une nécessité très-pressante : c’est pourquoi on condamne ces sortes d’opérations comme contraires aux lois divines & humaines : elles seraient cependant excusables sur un religieux qui préférerait la guérison d’une hernie à ses testicules qui lui doivent être inutiles, et il en tirerait pour lors deux avantages, le premier c’est que ces organes ne le tourmenteraient plus ; et le second, c’est qu’il serait guéri d’une fâcheuse maladie.

Madame offre une "friandise virile" à son toutou

Mona pas donné à manger à son chien…. pauvre bête. Je vous laisse, il a faim.