Un temps plouc-vieux

N'en jetez plou

Pendant la première guerre mondiale, les hommes de toutes les régions de France furent mobilisés. Pour nombre d’entre eux, c’était la première fois qu’ils quittaient leur terre d’origine et se frottaient à leurs compatriotes d’autres régions.

La Bretagne a donné nombre de ses enfants. Pour la plupart, paysans, ils débarquaient vêtus de blouse et chaussés de sabots, parlant peu français[1]. Quand on leur demandait leur commune d’origine, l’un disait  de Plouagat; un autre disait de Plouaret, un autre de Plouarzel, … ou de Plouasne, Plouay, Ploubalay, Ploubazlanec, Ploubezre, Ploudalmezeau, Ploudaniel, Ploudiry, Plouec-Du-Trieux, Plouedern, Plouegat-Guerand, Plouegat-Moysan, Plouenan, Plouer-Sur-Rance, Plouescat, Plouezec, Plouezoc’h, Ploufragan, Plougar, Plougasnou, Plougastel-Daoulas, Plougonvelin, Plougonven, Plougonver, Plougoulm, Plougoumelen, Plougourvest, Plougras, Plougrescant, Plouguenast, Plouguerneau, Plouguernevel, Plouguiel, Plouguin, Plouha, Plouharnel, Plouhinec, Plouhinec, Plouider, Plouigneau, Plouisy, Ploulec’h, Ploumagoar, Ploumilliau, Ploumoguer, Plouneour-Menez, Plouneour-Trez, Plounerin, Plouneventer, Plounevez-Lochrist, Plounevez-Moedec, Plounevez-Quintin, Plounevezel, Plourac’h, Plouray, Plourhan, Plourin, Plourin-Les-Morlaix, Plourivo, Plouvara, Plouvien, Plouvorn, Plouye, Plouzane, Plouzelambre, Plouzevede.

– Oh, mais ils vont nous embrouiller, ces gars là, dit un gradé. Bon à partir de maintenant, on dira les ploucs. C’est clair pour tout le monde.

Les ploucs bretons étaient nés. Si j’ai oublié une commune « plou », faîtes le savoir…

Mona plou de coiffe pour aller danser !


[1] On disait qu’ils baragouinaient, mot venant peut-être du breton bara (pain) et gwin (vin)