Accorder ses faveurs


Je t'ai accordé mes faveurs. Alors, au boulot, enlève les....

Selon le Robert historique, les faveurs étaient des écharpes de tissu léger (1557). Lorsqu’une dame montrait de l’intérêt pour un chevalier, elle lui donnait cette écharpe, promesse d’amour. On disait que la jeune fille lui accordait ses faveurs. Cette expression galante devint plus sexuelle et « accorder ses faveurs » signifiait partager la couche du jeune homme. Comment en est-on arrivé là ? Au fil du temps, les faveurs ne sont plus des écharpes mais de petits rubans qui servaient à resserrer l’encolure des chemises de nuit ou de jour. Lorsqu’on les déliait, la chemise tombait aux pieds de la belle. Pas besoin de vous faire un dessin !

Une autre explication est possible pour cette expression. Au XVI°siècle, à la suite de la fermeture des bains et étuves, les prostituées cessèrent de se faire épiler par le barbier et peignaient leur intimité, faisaient des nattes de leurs poils et les décoraient de charmants petits rubans. Cette mode fut partagée par quelques dames à la vie réputée sulfureuse.

Ainsi, Françoise Babou de la Bourdaisière, fort belle femme, épouse d’Antoine d’Estrées, Marquis de Cœuvres,  quitta ce dernier pour vivre à Issoire avec le marquis d’Allègre qui en était gouverneur.

Mais le Marquis était de la religion réformée ; il fut assiégé dans sa ville par Monsieur, frère d’Henri III. Malgré sa bravoure, la ville fut prise. Le 31 décembre 1593, Françoise fut tuée par les soldats et habitants d’Issoire, malgré la beauté et les grâces de cette dame qui auraient dû arrêter leur fureur. Des mémoires de l’époque donnent, sur sa mort, les détails suivants : «Françoise Babou fut trouvée, lorsque le peuple d’Issoire la massacra, ayant le pubis honteux distingué et tressé de petits rubans (faveurs) de soie de toutes couleurs.» Trop tard, elle ne pouvait plus accorder ses faveurs…

Quant au Marquis d’Allègre qui avait reçu une blessure, il fut assez heureux pour échapper au massacre, et il se retira dans son château. Mais cette retraite ne put le mettre à l’abri de la vengeance d’un homme qu’il avait déshonoré. Antoine d’Estrées l’y fit assassiner.

Mona, m’accorderez vous la faveur de partager un verre ? Vous remarquerez que je n’ai pas dit : « m’accorderez vous vos faveurs ? ». La langue française est subtile…

Bon en attendant, goûtez donc, je vous prie ce Givry 2007 du Domaine Joblot. Du grand art dans cette Côte Chalonnaise qui cache quelques merveilles pour des prix encore sages.