Madame, cessez de Papauté

Mona Papesse ?
Mona Papesse ?

confiture-miotMona est de retour du Pays Basque. Maintenant qu’elle est revenue de son week-end, je peux vous dire qu’elle était à Saint Jean de Luz. Si je vous l’avais annoncé avant son départ, nous aurions peut-être eu, sur les lieux, des bandes de fans excités ou de paparazzis l’arme en bandoulière.
Gaie comme un pinson, fraîche comme une bière pression, carrossée comme une callipyge, Mona est ravie de son séjour et pour me témoigner sa gratitude, elle me remit un paquet cadeau en m’embrassant affectueusement. Ficelle et papier s’effacent sous mes doigts graciles et laissent apparaître un pot de « Couille du Pape » de Francis Miot à Uzos.
La surprise m’étreint. Quel cadeau original et curieux !

L’étiquette nous apprend qu’il s’agit de fruits mijotés au sucre de canne et un petit texte accompagne la confiture de figues. On peut y lire :

En l’an 800, une certaine Jeanne de Borgia se serait grimée en prêtre pour suivre son amant de Cardinal.
Quelques années plus tard, elle fut élue Pape avant d’accoucher d’une petite fille dans les rues de Rome. D’où la légende de la Papesse Jeanne.
En 1305, lors de l’élection de Clément V (Pape aux traits efféminés), le «Sacré Collège» afin de ne pas commettre d’erreur, le fit asseoir sur un trône percé. Un cardinal était chargé de constater ses attributs, déclamant en latin devant le concile:
« Il en a une belle paire et elles sont bien pendantes comme nos figues!»
C’est pour cette raison que les botanistes ont nommé les figues « Couille du Pape » dès le XVIe siècle.

Confite ou en confiture la «Couille du Pape» était offerte aux mendiants à la sortie de la messe de minuit le soir de Noël, le reste de l’année, elle était simplement posée sur le rebord de la fenêtre les volets et les rideaux tirés, afin de ne pas voir le pauvre du village qui la dégusterait.

Après un remerciement chaleureux à ma charmante collaboratrice, je plongeais avec frénésie dans les livres et sur la toile pour connaître un peu mieux cette papesse Borgia. Je ne trouvais aucune trace d’une petite Borgia. Mais vous nous connaissez ; on ne se laisse pas abattre.
Il faut se rendre à l’évidence, nom d’une couille de moineau, Frédéric Miot, meilleur ouvrier de France, est sans aucun doute très doué pour confiturer les fruits qui passent entre ses mains, mais il est approximatif pour l’histoire de Jeanne qui ne s’est jamais appelée Borgia.

Aussi lectrices et lecteurs assoiffés de culture, je vous livre tout chaud dans vos becs grand ouverts, la légende de la Papesse. Née en 822 à Ingelheim (Allemagne), Jeanne se fit passer pour un gars sous le nom de Jean l’Anglais. A cette époque, la vie d’une fille, qui, en plus, voulait voyager était peu enviable ; aussi se déguiser en gars était assez habituel. Ce travestissement lui permit d’étudier dans les bibliothèques monacales.
Arrivée à Rome, elle (ou il) fut appréciée pour sa culture, sa piété et son charmant physique. Devenue Cardinal, elle est élue Pape en 855. Tout se passe bien jusqu’en 858 où elle s’effondra au cours d’une procession et mit au monde un têtard. Bébé et maman Pape moururent dans les heures suivantes. La cause de sa mort varie selon les conteurs : en couche, étripée par la foule…

On trouve trace de cette Papesse dans un livre du XIIIe siècle : Chronicon pontificum et imperatorum. Les autorités ont attendu très longtemps pour démentir l’existence de cette Pontife. Aussi, il y eut toujours des gens certains de l’existence de cette femme.

Pour notre part, après de longues et minutieuses études sur le sujet, nous ne croyons pas à cette papesse. L’origine de cette légende semble être liée au Pape Jean VIII élu en 872, surnommé «la papesse Jeanne» à cause notamment de son homosexualité supposée.

Bon, ben voilà, ma petite Mona, votre pot de confiture m’a nourri l’esprit avant de me nourrir le corps. Pour accompagner cette gourmandise, je vous sers un doigt d’Alvear PX Solera 1927, un vin andalou. Son nez et sa bouche de figues semble avoir été fait pour la couille du Pape.