Je l’aime Bécu

Louis XV aimait son Bécu à la Jeanne
Louis XV aimait son Bécu à la Jeanne

plaisir-roiJeanne Bécu fut découverte par le Comte Jean du Barry. Il en fit la favorite de Louis XV sous le nom de Madame du Barry. Il faut dire que le Toulousain s’y connaissait en femmes. Pour assurer son train de vie parisien, il louait les services de jeunes beautés aux puissants de son temps.

Philippe Hugon a choisi d’écrire les Mémoires de ce jouisseur. Le livre très bien documenté, écrit dans un style de l’époque est un plaisir pour les amateurs de cette période de notre histoire. Ce texte se déguste. Et je dois vous dire que je lisais peu chaque jour de peur de quitter trop vite la vie de ces personnages hors-normes. Pour vous mettre en appétit, voici un extrait. Jean du Barry rencontre pour la première fois celle qui partagera la vie du Roi.

Dans un coin de la pièce, près d’une fenêtre, une jeune femme très blonde était assise, contemplant d’un œil bleu et distrait le manège des habitués de la maison. On eût dit qu’elle était au Procope plutôt qu’au bordel. Son visage respirait une candeur sans affectation, de celle qui plaide la vertu mais qui plaît tant au vice. En m’approchant, je pus constater que le détail valait largement la vue d’ensemble. À une seule, la nature avait octroyé la grâce qu’elle partage habituellement entre dix autres. Des yeux bleu clair, transparent mais profond, un nez fin et droit, une petite bouche aux lèvres vermillon, un teint d’une blancheur irréprochable, une gorge à perdre son sang-froid : tout était dessiné à la perfection. Un ange tombé du ciel. Je ne croyais pas si bien dire car la Gourdan me prévint qu’on appelait cette beauté Mlle l’Ange. Ça ne s’invente pas. Elle avait dans les vingt ans et était venue escortée d’un loustic qui se présentait comme son frère. Même un aveugle ne les aurait pas crus du même sang. Ce fut d’abord à lui que la Gourdan me présenta. Je compris vite qu’il désirait jouer l’entremetteur des charmes de la belle : je demandai sans détour combien il voulait de sa prétendue sœur. Il campa le surpris, mais comme je le toisais avec insistance, ce misérable maquereau proposa trois louis du bout des lèvres : cet âne ne savait pas quel joyau il bradait.
J’acceptai et le payai avant qu’il ne s’esquivât après avoir murmuré quelques paroles à l’oreille de sa sœur de comédie. La jeune femme ne répondit pas. Et ce fut toujours silencieuse qu’elle m’accompagna dans ma voiture pour se rendre chez moi. Tout au long du chemin, nous n’échangeâmes pas le moindre mot. Arrivé à ma porte, j’entendis enfin sa voix : elle me confia se prénommer Jeanne.

Mona, ce livre, je vous l’offre. Sentimental comme vous êtes, vous ne pourrez que le dévorer. En attendant, buvons un coup. Que diriez-vous de l’Aligoté 2012 de Sylvain Pataille à Marsannay ? Ce cépage trop longtemps oublié a retrouvé grâce auprès des Bourguignons. Un très joli vin pour un apéritif de printemps. Bravo Sylvain !