Dis moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es

mona-tellspec

Le budget que nous consacrons à notre nourriture fond comme neige au soleil. En 2012, les dépenses alimentaires étaient de 13,2%. Cependant ces chiffres cachent une réalité complexe. A la fois, nous continuons à défendre les repas traditionnels (sanctuarisés par l’Unesco).  On y cultive l’art du bien manger et du bien boire. Ce repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Simultanément, le temps consacré à cuisiner pour un dîner est passé de 42 à 28 minutes en semaine et de 60 à 35 mn le week-end.

La part des plats préparés à explosé, près d’un plat sur deux a été élaboré par une usine. Le nombre de fast-foods, de kebabs, sandwicheries est au zénith. Les restaurants qui utilisent l’industrie agro-alimentaire pour nourrir leurs clients sont aussi nombreux que les mouches sur un étron. Quel plaisir d’aller au resto pour bouffer la même chose que chez Findus ou Sodebo. La France est devenue un modèle de réussite pour McDo, un énorme marché pour les sushis et les pizzas… Burger King, autre chaîne de fast-food, constatant l’énorme succès de ses premiers sites en France va ouvrir 400 boutiques dans les 10 ans (25 dès 2014)…

Pis, peu de consommateurs s’intéressent à ce qu’ils ingurgitent. Il faut dire que la composition des produits écrite en tout petit et souvent en sigles incompréhensibles (E100…) ne facilite pas les choses.
Mais les choses vont peut-être changer. Des Américains ont présenté un petit appareil permettant d’analyser la composition chimique d’un aliment. Miniaturisé, il peut s’accrocher à un porte-clés et un seul bouton enclenche le processus. En quelques secondes, le résultat s’affiche sur votre smartphone. Ok, ça fait un peu science-fiction. Pourtant les concepteurs assurent pouvoir commercialiser le TellSpec dès la fin 2014. Patience ! Je dois vous dire qu’avec Mona, nous sommes impatients de tester ledit appareil.

Enfin pour bien manger, il faut de bons produits frais et goûteux. Or les groupes chimiques tels Mosanto ont imposé leurs semences au niveau mondial en sélectionnant des fruits, légumes et céréales non pour leur qualité gustative mais pour leur uniformité, leur facilité à rentrer dans des emballages standard et à se conserver dans les linéaires des grandes surfaces. En un mot, le con-sommateur acceptant n’importe quoi, on oublie de demander son avis et on se parle entre industriels et distributeurs. Néanmoins, il y a de l’espoir. La part du bio augmente de 5% par an et même si cela ne représente que 2,5% de notre consommation, on veut être optimiste.

Il nous reste à transmettre cet héritage déjà si dégradé et si fragile aux générations montantes. Elevés au lait en boîte, puis aux petits pots, découvrant les sodas et la malbouffe, nos jeunes sauront-ils garder le plaisir de partager un bon repas en famille ou entre amis alors qu’un nombre important d’entre eux mange sur le pouce ou grignote devant un écran en buvant du caca-cola. Si les bases sont là, on peut espérer un retour à la civilisation européenne au fil du temps.

Mona, je sais combien vous êtes attachée à notre patrimoine culinaire et vinicole. Quel dommage que vous n’ayez pas d’enfants à qui transmettre cette passion de la table. Je vous invite à parfaire votre connaissance des vins de l’hexagone. Je vous sers un Beaujolais Blanc 2011 de Xavier Bénier. Un vin fleuri, minéral. Et si c’était l’apéro idéal. Quoi, Mona, déjà fini ? Je vous ressers ? 

Allons enfant de l’appétit

La France de la gastronomie vous salue

Cocorico, cocorico ! Les médias en ont eu plein la bouche : le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco vient d’inscrire sur sa liste « le repas gastronomique des Français« . Comme toujours dans ce pays de cocagne, on a retenu que cela. Nos chefs, nos hommes politiques y sont allés de leur couplet. La place de la France gastronomique est jetée en lumière aux yeux du monde entier.

C’est vrai, mais attention : lors de cette même cession, pas moins de 47 éléments du patrimoine mondial ont été retenus. Vous avez entendu parler de l’art dramatique rituel du Ta‘zīye d’Iran, du pain d’épices en Croatie, du Khöömei en Mongolie, du carnaval d’Alost en Belgique, de la danse Chhau en Inde, etc…

Et plus fort saviez vous que les sages de l’Unesco ont reconnu ce même jour le « compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier » et la « dentelle au point d’Alençon » en France. Et çà, on a été beaucoup plus discrets sur ces sujets. cocorico !

Il faut dire que la table en France, c’est sacré. Sacré ; oui enfin, bon ! Mais je ne veux pas gâcher la fête. Nous en reparlerons plus tard.

Je souligne simplement que, si en France, nous passons sous silence Alençon et nos Compagnons, peut-être que dans les autres pays, on se contrefout du repas à la Française. Va savoir ! Cocorico !

Mona pétit à tous