Huîtres de ma reine…

Attendez, j'ai pas encore mis d'huîtres...

Il y a un an, je me suis intéressée aux huîtres. Rassurez-vous, je ne vais pas rabâcher autour des qualités aphrodisiaques prêtées à ce mollusque. Mais je vous livre un extrait des Mémoires de Casanova qui en connaît un rayon sur la question.

Ce fut par hasard qu’une belle huître que je mettais dans la bouche d’Emilie, glissa de la coquille et tomba dans sa gorge. Elle voulait l’enlever avec ses doigts, mais je la réclamai de droit et elle dut céder, se laisser délacer et me permettre de la recueillir avec les lèvres, du fond où elle était arrêtée. Elle ne put s’opposer à se laisser découvrir entièrement; mais je ramassai l’huître d’une façon à ne laisser soupçonner d’aucune manière que j’éprouvasse d’autre plaisir que celui de reprendre mon huître.
La découverte était trop belle pour ne pas la mettre â profit ; aussi, tenant Armelline assise sur mes genoux et faisant mine de lui donner une huître, je la lui laissai adroitement tomber dans sa gorge.

Armelline, loin de se montrer embarrassée, ne pouvait cacher qu’elle était enchantée de l’accident, quoiqu’elle ne voulût pas en faire semblant.

-Je veux mon huître, lui dis-je.
-Prenez-la.

Il ne fallut pas me le dire deux fois. Je me mis à la délacer de manière à faire tomber l’huître le plus bas possible, en me plaignant de devoir l’aller chercher avec mes mains.

Quel martyre pour un homme amoureux de devoir dissimuler l’excès du bonheur dans un pareil moment !

Je ne laissais à Armelline aucun moyen de m’accuser de licence, car je ne touchais ses deux globes d’albâtre que pour aller chercher mon huître.
Quand je l’eus recueillie, n’en pouvant plus, je m’emparai d’un de ses seins, en réclamant l’eau de mon huître, et j’en suçai le bouton, à peine saillant, avec une volupté que rien ne saurait exprimer.

Je ne la quittai, surprise, mais visiblement émue, que pour recouvrer mes esprits, car ma volupté avait été complète. Quand elle me vit, stupide et fixant mes yeux sur les siens avec la langueur qui suit l’excès de la jouissance, elle me demanda si j’avais eu bien du plaisir à contrefaire l’enfant.

Oui, mon cœur, beaucoup, mais c’est un badinage bien innocent.

Alors même si manger des huîtres n’a guère d’effet sur les jeux de l’amour, on peut utiliser le bivalve pour quelque jeu érotique. Par contre, Messieurs, pour que la chose reste agréable, n’omettez pas d’enlever la coquille…

Mona pas jouer avec des huîtres, et vous ?

4 x 3 = huîtres

Bien que connues et appréciées du monde gallo-romain (Ausone vante celles récoltées en Médoc), ce n’est qu’au Moyen-Âge que le véritable engouement se produit.

Au XVII° et XVIII° siècle, l’huître est omniprésente sur les tables. On lui prête mille vertus thérapeutiques, on la prescrit au moindre rhume !
La commercialisation se fait sous deux formes : celle apportée par bateau-coche est vendue dans sa coquille ; l’autre dite de « chasse » dévolue au petit peuple, arrive chaque matin débarrassée de sa coquille dans les paniers de « chasse-marées ».
4 000 marchands déambulent dans Paris avec leur charrette. On la consomme souvent cuite et trois ou quatre douzaines par personne sont un minimum ! Nous connaissons tous l’anecdote de Vatel et de la marée qui, bien que transportée à un train d’enfer, n’arrive pas à l’heure.

Je dois vous avouer que j’aime les huîtres, mais j’ai toujours eu du mal à les ouvrir. Malgré les trucs, les outils plus ou moins sophistiqués, je me bats parfois longtemps avec la bête. Mes doigts en gardent des souvenirs indélébiles. Mais enfin çà y est, j’ai trouvé un truc. Je mets les huîtres près de la télé ou d’un lecteur MP3 et je leur mets des chansons de Carla, très vite, elles baillent et là, crac, je les ouvre.

Reste un problème à soulever. Les huîtres sont-elles aphrodisiaques ?

« En amour, vous le savez, les crustacés sont vos alliés », proclamait Brillat-Savarin. Casannova débutait ses repas avec 12 douzaines d’huîtres, on en servait beaucoup lors des repas fins du Régent…
Pourtant, rien n’est démontré, mais on sait que l’huître est riche en zinc indispensable à la synthèse de l’hormone mâle : la testostérone. Historiquement, le pouvoir aphrodisiaque du mollusque fut mis en avant chez les Grecs, lorsqu’Aphrodite, déesse de l’amour, émergea de l’océan au dos d’une huître et donna naissance à Eros.

Actuellement, surfant sur le succès de la pilule bleue, un Australien cherche à commercialiser des huîtres nourries partiellement au viagra… et assure un résultat étonnant.

Mona pas besoin d’huîtres pour vous aimer, et vous ?