Tante chez Tonton ?

Le civet selon Monsieur Fernand Naudin

Les Tontons Flingueurs sont devenus un film culte et nombreux sont ceux qui comme Lépicurien connaissent par cœur l’intégralité des dialogues de Michel Audiard. Mais avec le temps qui passe, un certain nombre de répliques deviennent peu compréhensibles car elles font référence à une époque que beaucoup n’ont pas connue. Aussi, soucieuse d’apporter la culture à tous mes lecteurs amoureux et mes lectrices envieuses et souvent jalouses, je me dois de vous apporter des éléments qui vous permettront de briller en société lors d’un prochain dîner.

Par exemple, lorsque Lino Ventura, alias Fernand Naudin, s’étonne du recrutement réalisé par le Mexicain, il dit :

-C’est quand même  marrant, les évolutions. Quand je l’ai connu, le Mexicain, il recrutait pas chez Tonton.

Pour comprendre cette phrase, il faut être né au plus tard au lendemain de la seconde guerre mondiale. Quand Lino parle de Tonton, il évoque un personnage haut en couleur, né à la fin du XIX° siècle et qui devint patron de cabarets dont le célèbre Liberty’s, place Blanche à Panam. Gaston Baheux  était un homosexuel notoire et l’établissement était fréquenté par la communauté gay (comme on dirait de nos jours) et l’endroit fut surnommé par les habitués «Chez Tonton». Parmi, ses clients, de nombreux artistes, écrivains dont Colette qui devint son amie. Une longue et intéressante correspondance s’établit entre eux.

Je ne sais pas si de nos jours, on pourrait encore écrire ce genre de dialogues sans prendre le risque d’être attaqué pour homophobie.

Mona le devoir et le plaisir de vous cultiver, mes petits chats.

De drôles de gaillards !

Seuls les moins jeunes d’entre nous ont connu Les Frères ennemis. Ce duo d’humoristes eut son heure de gloire il y a 40 ans… Comme Raymond Devos, ils jouaient avec les mots. Michel Audiard disait de leur prestation que «Le délire verbal, le coq-à-l’âne, la gymnastique des mots, est probablement le genre exigeant le plus de maîtrise, le plus de rigueur, en un mot : le plus de style».

En ce mois de novembre, un salut à André Gaillard qui va fêter le 19 décembre ses 85 ans, et une pensée pour Teddy Vrignault né le 22 novembre 1928 et porté disparu en novembre 1984.

Ces deux artistes nous ont fait beaucoup rire. Pour le plaisir, je vous offre quelques coups de téléphone célèbres :

-Allô, pourrais-je parler à Adam ?
-de la part de qui ?
-de la part d’Eve.
-Eve comment ?

-Allô.
-Oui ?
-Est-ce que Monsieur Archimède est là ?
-En principe…

-Allô, Maman ?
-Oui ?
-C’est Jésus.
-Non ?
-Messie

-Allô, la Reine ? Ici Henri IV.
-Je vous écoute, Monsire.
-Rappelez moi qui a dit : Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France ?
-C’est Sully.
-Je ne vous demande pas où, je vous demande qui !

-Allô, Cartouche ?
-Oui
-Pan

Allô, pourrais-je parler à Monsieur Debussy ?
-de la part de qui ?
-de la part de sa mère.
-C’est vague.

Alors Bon Anniversaire, Monsieur André. Mona pour arroser çà, je fais dans le grand luxe : un Salon 1997 que nous prendrons au salon. Un des plus grands Champagnes que j’ai bu : finesse de la soie, persistance et légèreté.

Le Petit Audiard

Avec Mona, nous avons déjà mis à l’honneur Michel Audiard. Les dialogues qu’il a concoctés sont devenus cultes pour ses admirateurs. Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existait aucun dictionnaire reprenant les magnifiques répliques qu’il a glissées dans la bouche de Gabin, Blier, Belmondo, Dalban, Meurisse et tant d’autres.
Cet oubli est réparé grâce à Philippe Durant grand spécialiste de la pensée audiartienne. Si vous faites partie du fan club, foncez chez votre libraire. Pour vous faire saliver, j’ai retenu une phrase  dans un Idiot à Paris dite par Dany Carrel :
– Je t’écouterai toute la journée, mais il faut que j’aille faire l’étalage.
Lorsque Madame Lafleur parle d’aller faire l’étalage, elle n’a pas l’intention de s’adonner aux joies du lèche-vitrines. Si elle doit lécher quelque chose, ce ne sera surement pas des façades vitrifiées. En fait, elle va littéralement préparer son étalage, c’est-à-dire exposer sa marchandise à l’attention des passants. Or sa marchandise, c’est elle. Ce qu’on appelle «avoir son stock sous la main». Elle va donc remonter ses collines de la passion, brancher ses monts de l’extase sur roulements à billes et accentuer son regard de velours, genre biche surprise par l’orage. Le tout dans le but d’appâter le client. A tout bien considérer, la plupart des représentantes du beau sexe, professionnelles ou non, passent leur temps à faire l’étalage. Et les hommes à se faire rétaler.
Ma Chère Mona, un grand moment de plaisir à la lecture de ce livre, un grand moment avec la dégustation du Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 2007. Un vin d’une finesse telle qu’on croirait le petit Jésus en culotte de velours (excusez-moi, c’est nerveux, je n’ai pas pu m’empêcher de la faire…)

La bande des cinés

Le cri du cormoran...

J’ai déjà eu l’occasion de vous dire combien j’aime les « vieux » acteurs français de la trempe de Blier, Gabin. Quand ces messieurs carburaient au Michel Audiard, çà donne des films mythiques. Ces acteurs étaient de plus de vrais épicuriens. Les Blier, Gabin, Ventura, notamment passaient beaucoup de temps à table et repéraient les bonnes tables proches de leurs lieux de tournages.

Et, ils avaient gardé un esprit potache. Ainsi lors du tournage du « Cri du cormoran le soir au dessus des jonques » de Michel Audiard, les Serrault, Blier et Carmet jouèrent un tour à Paul Meurisse. Ce dernier tenait un des principaux rôles du film et le soir regagnait les planches d’un théâtre parisien. Il avait fait embaucher une de ses partenaires de la pièce pour un petit rôle dans le film. Aussi chaque soir, ils partaient vers le même théâtre.

La bande de joyeux drilles fit courir le bruit qu’en fait, la jeune actrice était la maîtresse de Meurisse. Lors d’un dîner sur les lieux du tournage, alors que la comédienne était là et Meurisse absent, Bernard Blier lui demanda, suffisamment fort pour que tout le monde en profite :

« Est-il exact, ma chère, que Paul n’a qu’un testicule ? ».

Tétanisée, elle ne répondit rien, ce qui fit hurler de rire les compères qui continuèrent à délirer sur le sujet.

Le lendemain, la jeune femme prévint Meurisse de sa mésaventure.

-Ne t’inquiète pas, je m’en occupe », répondit le « monocle ».

Le soir au théâtre, il lui apporta une lettre qu’il dit avoir adressée à chacun des blagueurs :

« Messieurs,

Vous avez cru devoir demander à Marion si je n’avais qu’une couille. La pauvre n’a pas eu les moyens de vous répondre mais, si par contre, vous souhaitez avoir la réponse à cette question pertinente, demandez donc à vos femmes ! »

Ma chère Mona, un vin un peu viril ne vous ferait pas peur ? Bon, alors je vous propose Les Argiles Bleues 2005. Ce Rasteau des frères Coulon est d’un rare présence. Reste à trouver un morceau de marcassin…