7 de table

L'humour de Mona

La Nationale 7 fut pendant longtemps la route du soleil. Les Parisiens descendaient moins vite que de nos jours et faisaient des étapes gastronomiques qui firent les 3 étoiles du Michelin.

Ainsi Sacha Guitry et Yvonne Printemps, au faîte de leur gloire, descendant vers la Côte d’Azur, s’arrêtèrent dans un restaurant.
Le patron les reçoit avec un large sourire et un gentil mot :
-Madame, Monsieur, rentrez que je vous annonce à la salle à manger

Guitry, faussement modeste, fait signe au restaurateur avec un petit air entendu et dit :
-Non, il ne faut pas… je suis en vacances, j’aspire à la tranquillité.

Mais le patron, accompagnant le geste à la parole, les précède, pousse la porte et lance à tous :
-Et deux couverts, deux !

Et rajoute à l’intention du couple :
-Voilà Madame, Monsieur, bon appétit.

Mona pas d’orgueil même quand on en la reconnaît pas.

Coté Cour

Dans les années 1920, Sacha Guitry jouait la comédie à Londres. A l’entracte, George V vint dans sa loge pour le féliciter. Ils engagèrent une conversation sur le métier d’acteur qui s’éternisa. Le régisseur du théâtre était venu frapper à plusieurs reprises et le plus discrètement possible à la porte de la loge. Mais aucune réponse. Le temps passe. Le public commence à s’impatienter et un léger brouhaha s’installe dans la salle. 

Le régisseur ne peut laisser les choses en l’état et bien qu’il soit difficile pour un sujet britannique d’escagasser son Souverain, il prend son courage à deux mains, il frappe plus fort. Sacha Guitry, grand bavard et flatté de voir le Roi lui poser foule de questions sur son métier se dit qu’il va devoir interrompre cette conversation pour entamer l’acte suivant. 

Aussi pour ne pas froisser George V, il dit :

-« Sire, je crois qu’il va falloir que je rentre en scène. On m’a averti que Sa Majesté sera dans la salle. »

Bon Mona, c’était l’Entente Cordiale. Aussi, c’est de bon coeur que je vous propose de goûter un vin du Domaine Serre de Condorcet. A base de Roussane, c’est un grand vin blanc qui se marie sur de jolis plats nobles comme du homard ou des filets de sole à la crème. Un vin royal !

Lefaur fait…

N'est-ce pas Mona auprès d'André Lefaur ?

André Lefaur est un acteur français, qui connut son heure de gloire de 1910 à 1944. Il fut très présent au théâtre dirigé notamment par Sacha Guitry. Au cinéma, il tourna dans une cinquantaine de films.

Il était réputé pour son esprit et ses répliques cinglantes. Ainsi, un soir où il jouait au Théâtre des Variétés, alors qu’il se préparait à franchir l’entrée des artistes, le directeur sortit à sa rencontre et l’informa qu’un des seconds rôles était soufrant et ne serait pas là.

Lefaur regarda la longue file de spectateurs déjà présents devant les portes fermées et répondit :

– Vous voyez, çà se sait déjà !

Ma petite Mona, on peut dire que çà c’est envoyé…. Bon assez de bavardage. Par ce beau temps que diriez vous de boire un coup de rosé : La Commanderie de Peyrassol est un excellent Côtes de Provence. Et çà se sait déjà….

Vous avez un peu de Monet ?

En 1915, Sacha Guitry présentait au Théâtre des Variétés un film muet de 22 mn intitulé « Ceux de chez nous« . Le titre a été choisi pour répondre à un manifeste allemand vantant la culture germanique. Le jeune cinéaste y présente des images d’Auguste Rodin, Maître Henri-Robert, Claude Monet, André Antoine, Camille Saint-Saëns, Edgar Degas, Edmond Rostand, Auguste Renoir, Sarah Bernhardt, Anatole France, Octave Mirbeau

En 1939, puis dans sa version définitive de 1952, ce film  fut sonorisé et Guitry y ajouta des images de son père.

Mais, en pleine exposition « Monet », je m’attarderai sur l’extrait consacré au peintre de génie. Sacha Guitry y raconte que Clémenceau, son grand ami,  appelé au chevet du mourant, quitta en toute hâte sa Vendée pour rejoindre Giverny. Il arriva juste à temps pour embrasser son vieil ami… C’était le 5 décembre 1926.

Il assista à la mise en bière et quand l’homme des pompes funèbres voulut recouvrir le cercueil de Monet du voile noir traditionnel, Clémenceau le lui prit des mains : « Non, dit-il », et ayant regardé tout autour de lui, il alla à la fenêtre, arracha l’un des rideaux de toile fleurie, et lui-même, il en recouvrit le cercueil du grand peintre en disant à mi-voix : « Pas de noir pour Monet ! Le noir ce n’est pas une couleur ! ».

Existe-t-il plus bel hommage ? Mona pas sure !

Claude Monet

Un retour de femme

C’est comme récurant. On me considère comme misogyne. Il semble que mes propos heurtent les partisanes des chiennes de garde, des chattes en folies ou des aimeléfiennes. Et pourtant ma petite Mona pourra vous le confirmer : y’a pas plus tendre que moi. Impossible de me confondre avec des gars qui ont écrit des trucs qu’on oserait plus dire.
A tout seigneur, tout honneur :
A ma gauche, arrive le « Maître »
Sacha Guitry (1885-1957),
marié cinq fois et grand collectionneur de maîtresses. Chacha, il avait la dent dure. Rappelez-vous, Mesdames :

  1. Les femmes c’est charmant, mais les chiens c’est tellement plus fidèles.
  2. J’accepterai l’égalité des sexes le jour où les femmes accepteront d’être chauves et de trouver ça distingué.
  3. C’est une erreur de croire qu’une femme peut garder un secret, elles le peuvent, mais elles s’y mettent à plusieurs.
  4. Le meilleur moyen de faire tourner la tête à une femme, c’est de  lui dire qu’elle a un joli profil.
  5. Ma femme et moi avons été heureux vingt-cinq ans; et puis, nous  nous sommes rencontrés.
  6. Il y a deux sortes de femmes: celles qui sont jeunes et jolies et celles qui me trouvent bien.
  7. Ah les femmes, ces animaux sans queue ni tête!
  8. A l’égard de celui qui vous prend votre femme, il n’est de pire vengeance que de la lui laisser.
  9. Si la femme était bonne, Dieu en aurait une.
  10. Je conviendrais bien volontiers que les femmes nous sont supérieures, si cela pouvait les dissuader de se prétendre nos égales.
  11. Je crois que les femmes sont faites pour être mariées et que les hommes sont faits pour être célibataires. C’est de là que vient tout le mal!
  12. Je suis en faveur de la coutume qui veut qu’un homme baise la main d’une femme la première fois qu’il la voit. Il faut bien commencer par un endroit quelconque.
  13. On a les femmes dans les bras, puis un jour sur les bras, et bientôt sur le dos.
  14. Quand on ment à une femme, on a l’impression qu’on se rembourse.
  15. Si le plus grand plaisir des hommes est de se payer les corps des femmes, le plus grand plaisir des femmes est de se payer la tête des hommes.
  16. Une femme qui s’en va avec son amant n’abandonne pas son mari, elle le débarrasse d’une femme infidèle.

Cà va toujours ? Une deuxième salve, elle arrive directement de chez
Georges Feydeau
(1862-1921) Ah! si on pouvait voir les femmes vingt ans après, on ne les épouserait pas vingt ans avant.

  1. Cette femme est si gigantesque qu’il faut un album spécial pour mettre ses photographies.
  2. Il n’y a que dans ces courts instants où la femme ne pense plus du tout à ce qu’elle dit qu’on peut-être sûr qu’elle dit vraiment ce qu’elle pense.
  3. Il n’y a rien de menteur comme un homme, si ce n’est une femme.
  4. L’homme est fait pour la femme. La femme est faite pour l’homme… surtout en province, où il n’y a pas de distraction.
  5. Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécues seules, chacune de leur côté.
  6. Les femmes ne vous permettent pas de les lâcher quand vous en avez assez d’elles. Elles vous le permettent quand vous n’avez plus assez pour elles.
  7. Les maris des femmes qui nous plaisent sont toujours des imbéciles!
  8. Moi, je trouve qu’on doit avoir les mêmes égards pour sa maîtresse que pour sa légitime. Par conséquent, je la trompe!
  9. Quand une femme parle, c’est pour ne rien dire. Donc, quand elle ne dit rien, c’est qu’elle parle.
  10. Si les maris pouvaient laisser leurs femmes avoir un ou deux amants pour leur permettre de comparer, il y aurait beaucoup plus de femmes fidèles.

Bon, je pourrais arrêter là. Mais des fois que certaines d’entre vous soient toujours mal intentionnées à mon endroit, je fais rentrer
Georges Courteline (1860-1929) :

  1. J’ai connu une femme qui voulait divorcer pour ne pas rester l’épouse d’un mari trompé.
  2. Les femmes sont tellement menteuses, qu’on ne peut même pas croire le contraire de ce qu’elles disent.
  3. Je ne crois pas beaucoup à la loi de la pesanteur: il est en effet  plus facile de lever une femme que de la laisser tomber.
  4. La femme ne voit jamais ce que l’on fait pour elle ; elle ne voit que ce qu’on ne fait pas.
  5. La quantité de bêtises qu’une femme pas bête peut accumuler en peu de temps est une chose déconcertante.
  6. Les femmes dont on dit qu’elles ont été belles ont à mes yeux le même intérêt que les pièces démonétisées dont on dit qu’elles ont été bonnes.
  7. Une dame disait un jour devant moi, d’elle-même, comme la chose la plus naturelle du monde: «Je ne pense jamais, cela me fatigue; ou, si je pense, je ne pense à rien.»

Et puis pour en finir temporairement avec le sujet, deux Britishs redoutables :

Oscar Wilde (1856-1900)

  1. Les femmes forment un sexe purement décoratif. Elles n’ont jamais  rien à dire, mais elles le disent d’une façon charmante.
  2. Celui qui cherche une femme belle, bonne et intelligente, n’en cherche pas une, mais trois.
  3. Les célibataires devraient être lourdement imposés. Il n’est pas juste que certains hommes soient plus heureux que les autres.
  4. Les femmes nous donnent l’or de leur vie, mais elles nous le reprennent en menue monnaie.
  5. Les femmes ont beaucoup plus de chance que les hommes sur cette terre, beaucoup plus de choses leur sont interdites.
  6. Les femmes sont faites pour être aimées, non pour être comprises.
  7. On devrait toujours être amoureux. C’est la raison pour laquelle on ne devrait jamais se marier.
  8. On peut toujours reconnaître les femmes qui ont une entière confiance dans leurs maris: elles ont l’air si parfaitement malheureuses.

Georges Bernard Shaw (1856-1950)

  1. On compare souvent le mariage à une loterie. C’est une erreur, car à la loterie, on peut parfois gagner.
  2. Etre bigame, c’est avoir une femme de trop ; être monogame aussi.
  3. A supposer qu’une femme déclare son amour à un homme au cours des cinq actes d’une pièce, celle-ci n’est monotone que s’il s’agit du même homme.
  4. Il y a trois sortes de personnes à qui on ne peut demander du bons sens : un homme qui aime, une femme qui aime, une femme qui n’aime pas.
  5. La femme est l’addition des ennuis, la soustraction du porte-monnaie, la multiplication des ennemis et la division des hommes.
  6. On ne chasse pas à sa perte lorsqu’on court après une femme. Ce qui est dangereux, c’est de la rattraper.

Alors maintenant, vous trouvez que je suis contre vous ? Avec Guitry j’aurai toujours plaisir à vous dire : « je suis contre les femmes … tout contre ».
Ma chère Mona, vous qui me connaissez, vous savez que çà finira de toute façon, avec un verre. Aussi, je vous invite à goûter à nouveau ce vin qui fait chavirer les femmes : Alvear PX Solera 1927. Ce vin andalou fait fondre votre cœur, Mesdames… A la votre. Ole !!

Pense pas cocu

On trouve tout sur internet, et notamment cette association « Les Cocus de Garde » : c’est « le service d’entraide pour les cocus qui s’est donné pour mission de soutenir les personnes victimes des mensonges ou des tromperies de celles ou ceux en qui ils avaient confiance. »

Cette association ne risque pas le désœuvrement, car le cocuage est surement né avec le mariage. Aussi replongeons-nous dans l’histoire pour relever quelques anecdotes sur ce sujet :

CharlesJoseph_de_Ligne

Le prince Charles-Joseph de Ligne (Bruxelles 1735 – Vienne 1814) est un maréchal, diplomate et homme de lettres belge, surnommé parfois « le plus grand des Wallons ». Fréquentant les plus grandes cours d’Europe, il fut bon militaire mais aussi un grand séducteur. Il est considéré comme un des grands mémorialistes du XVIIIe siècle.

Rencontrant un jour,  l’amant de sa femme, il lui dit en riant :
« Mon cher, cette nuit, je vous ai fait cocu »

Dans ses mémoires, on trouve :

« Telle vertueuse que soit une femme, c’est sur sa vertu qu’un compliment lui fait le moins de plaisir. »

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« Les jeunes cocus sont de bonne humeur, mais les vieux n’entendent pas raillerie. Un cocu de dix-huit ans, dit : ma femme est de mauvais goût d’avoir monsieur un tel, qui ne me vaut pas, et s’en venge ailleurs. Le cocu de soixante craint de n’en pas trouver l’occasion, et est humilié, parce qu’il y a apparence que sa femme a raison. »

ancelot00Virginie Ancelot (Dijon 1792 – Paris 1875) est écrivain, dramaturge, mémorialiste et peintre. Le salon de l’hôtel de La Rochefoucauld où elle a accueilli notamment Alphonse Daudet, Victor Hugo, Juliette Récamier, Musset, Stendhal, Chateaubriand, Lamartine, Vigny, Prosper Mérimée, Delacroix… fut un des derniers grands salons littéraires de Paris. Il était dit que son salon était presque un passage obligé pour l’Académie française. Ce dont profita son mari.

Jacques-François Ancelot (Le Havre 1794 – Paris  1854) est lui aussi un dramaturge et écrivain qui fit fortune grâce à ses œuvres complètement oubliées de nos jours. Après avoir échoué une première fois contre Victor Hugo, excusez du peu, il fut élu le 25 février 1841 à l’Académie Française.

Sachant que son épouse lui était fort infidèle, il lança à la sortie d’une assemblée :
« Bonsoir, Messieurs. Cette nuit, je vais faire trente cocus d’un seul coup, je vais coucher avec ma femme ! ».

Dans Olga, une de ses pièces de théâtre, il glisse : « L’amour n’est souvent qu’un rêve mensonger. »

Sacha Guitry, quant à lui, a écrit nombre de choses sur ce sujet :

amant– J e connaissais une femme très vertueuse. Elle a eu le malheur d’épouser un cocu : depuis, elle couche avec tout le monde.
– Le bonheur à deux, çà dure le temps de compter jusqu’à trois.
– Il y a deux sortes de femmes : celles qui trompent leur mari, et celles qui prétendent le contraire.
– Ce qui m’exaspère, c’est de penser que ce Monsieur sait maintenant de quoi je me contentais.

Mona, saviez vous que cocu vient de l’oiseau « coucou » ? Avez vous remarquer que cocu s’emploie toujours au masculin. Bon c’est pas tout çà, servez-nous une petite douceur, je vous prie, et buvons à la santé de tous les coucous ce Passito di Pantelleria.