Curieux : vos bovins sont acides

En 1783, comme le souligne Sébastien Mercier dans le Tableau de Paris, les Champs-Elysées sont encore un lieu champêtre. Un homme d’affaires a l’idée de faire venir un troupeau de vaches suisses pour vendre un lait reconnu comme bon pour la santé.

On avait annoncé avec beaucoup d’emphase une laiterie de vaches suisses et tous les bons parisiens disaient : nous boirons du bon lait de Suisse. Les poitrinaires se regardaient comme déjà guéris ; les tempéraments usés comptaient sur le rétablissement de leurs forces. Mais on ne songeait pas que les entrepreneurs n’avaient pas les épaules assez fortes pour transporter aux Champs-Elysées les montagnes couvertes de sapins où croissent les végétaux substantiels.

Les vaches maigrirent dans les maigres pâturages, donnèrent un lait commun et finirent par être livrées aux bouchers. L’entreprise échoua à la grande surprise des badauds qui demandaient toujours du bon lait des vaches suisses.

Bon le lait, pourquoi pas. Mais comme disait Toulouse-Lautrec : je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin. Deux verres à vin seront les bienvenus, Mona. Je sers un Givry de chez Joblot : Pied de Chaume 2007. Prêt à boire pour notre plus grand bonheur. Ah la vache, çà fait du bien par où çà passe !