Oh, que c’est lait !

mona-buvant-lait

Ça fait un choc, vous imaginez. Un Doc du nom de Sontrébo, autrement dit Médecin Sontrébo, a cru me flatter en m’envoyant les résultats de l’étude Mona-Lisa Nut qui établit les relations entre les habitudes alimentaires et la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaire. Cette étude a été menée sur trois sites français : Communauté Urbaine de Lille, départements du Bas-Rhin et de la Haute-Garonne. Je n’ai pas eu l’occasion de lire les résultats, mais je me suis posée la question : pourquoi Mona-lisa Nut ? Le mec qu’a trouvé ça, il devait vouloir me rendre hommage parce que, faut être vicieux ou amoureux pour faire Mona-Lisa Nut avec MOnitoring NAtionaL du rISque Artériel – NUTrition.

Mais ce qui me gonfle, c’est que le Quotidien du Pharmacien, s’appuyant sur ces recherches, incite à consommer trois produits laitiers quotidiennement pour se prévenir des maladies cardio-vasculaires. En ingurgitant yaourt, verre de lait et fromages, on a moins de diabète, moins de mauvais cholestérol, etc…

Associer Mona et lait, faut pas avoir peur. Moi, hormis du fromage, je ne taquine jamais le lait depuis que j’ai quitté le sein maternel. Par contre, je ne dis pas non à une petite dégustation de pif car comme disait Toulouse-Lautrec : je boirai du lait quand les vaches boufferont du raisin.

Mona pas de bovins mais de beaux seins. Qu’on se le dise !

Curieux : vos bovins sont acides

En 1783, comme le souligne Sébastien Mercier dans le Tableau de Paris, les Champs-Elysées sont encore un lieu champêtre. Un homme d’affaires a l’idée de faire venir un troupeau de vaches suisses pour vendre un lait reconnu comme bon pour la santé.

On avait annoncé avec beaucoup d’emphase une laiterie de vaches suisses et tous les bons parisiens disaient : nous boirons du bon lait de Suisse. Les poitrinaires se regardaient comme déjà guéris ; les tempéraments usés comptaient sur le rétablissement de leurs forces. Mais on ne songeait pas que les entrepreneurs n’avaient pas les épaules assez fortes pour transporter aux Champs-Elysées les montagnes couvertes de sapins où croissent les végétaux substantiels.

Les vaches maigrirent dans les maigres pâturages, donnèrent un lait commun et finirent par être livrées aux bouchers. L’entreprise échoua à la grande surprise des badauds qui demandaient toujours du bon lait des vaches suisses.

Bon le lait, pourquoi pas. Mais comme disait Toulouse-Lautrec : je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin. Deux verres à vin seront les bienvenus, Mona. Je sers un Givry de chez Joblot : Pied de Chaume 2007. Prêt à boire pour notre plus grand bonheur. Ah la vache, çà fait du bien par où çà passe ! 

Lait tue

La rue du Jour(1er arrondissement) existait dès le début du XIIIe siècle ; le roi Charles V (XIV°)  y avait un séjour qui comprenait un manège et des écuries.

Adossé à l’église Saint-Eustache, se dressait le pilori des fraudeurs. C’est Louis XI qui avait signé l’édit de 1481 qui prévoyait des peines pour ces derniers. En effet, les Parisiens se plaignaient de la mauvaise qualité des produits alimentaires. Le lait était souvent coupé d’eau, le beurre pouvait contenir de nombreux ajouts.


Si la fraude était avérée, le marchand de lait frelaté était condamné ainsi :

« Ledit lait mouillé sera entonné dans la bouche du fraudeur jusqu’à temps qu’un médecin ou barbier dise qu’il ne peut plus sans danger avaler davantage. »

Celui qui vendait un beurre contenant du navet, du calcaire ou autre chose, « il sera exposé sur le pilori et le beurre rudement posé sur sa tête et laissé tant que le soleil ne l’aura pas entièrement fondu. Pourront les chiens venir lécher le condamné et le peuple pourra l’outrager par telles épithètes diffamatoires qu’il lui plaira sans toutefois offenser Dieu ou le roi.« 

Rien n’a vraiment changé dans notre monde. Si Louis XI revenait, nombre de commerçants feraient surement des stages auprès de Saint-Eustache.

Mona rien à vendre, même pas ses charmes,vous dire, et vous ?