En nage de se déshabiller

Annette Kellerman et Mona
Annette Kellerman et Mona

Certes, en Europe, nous rentrons dans la période froide et il peut sembler incongru de parler de maillot de bain. Mais je voulais rendre hommage à une grande dame qui a fait beaucoup pour l’émancipation de la femme
Rappelez-vous au printemps dernier, lorsque vous avez acheté ce maillot de bain utilisé tout l’été, le plus difficile a été de trouver un bikini ayant assez d’étoffe pour couvrir votre frisée et votre balconnet. Et ce bout de tissu acheté à prix d’or est souvent vite enlevé sur le sable. Mais mes petites chattes, savez-vous qu’il n’en a pas été toujours ainsi ? Et il en fallut de dures luttes pour obtenir le droit d’exposer sa viande sur les plages ensoleillées.

Au début du XX° siècle, nombre de femmes ne se déshabillaient jamais intégralement, et leur bonhomme devait se contenter d’une échancrure bien-placée dans la chemise de nuit de Maman. Quant aux tenues de bain, elles ressemblaient plus à une tenue de plongée qu’à un string. Bon, après cette introduction, venons-en à l’Australienne Annette Kellerman née en 1886. Suite à des problèmes de santé, elle pratique la natation et y excelle.

Elle est embauchée à l’aquarium de Melbourne pour évoluer au milieu des poissons tropicaux.  C’est un succès. Une sirène est née.

En 1904, elle se rend en Angleterre et réussit l’exploit de nager 42 km dans la Tamise. Elle présente à Londres un numéro dans une énorme réserve d’eau. C’est un triomphe !

En 1907, elle s’embarque pour les Etats-Unis où elle devient une énorme vedette.

Un an plus tard, sur la plage de Boston, c’est l’étonnement, la consternation, les hurlements : Annette est habillée d’un simple maillot d’homme moulant ses formes. Au moment où elle allait rentrer dans l’eau, la police l’embarque pour indécence.

Sa photo est à la une de la presse. Un professeur spécialiste du corps de la femme demande à la rencontrer. Il souhaite prendre ses mensurations. Conclusion, elle est considérée comme la femme parfaite, la Vénus de Milo du XX° siècle. Pour notre époque, elle serait considérée comme trop enveloppée. O tempora, o mores !

Cette publicité lui ouvre les portes du cinéma. Sur les affiches du film A Daughter Of The Gods, elle est nue avec seulement ses cheveux couvrant cette nudité.

Revenue en Australie, elle nagera chaque jour jusqu’à sa mort en 1975. Chapeau Madame !

Ma Chère Mona, vous c’est plutôt taille de guêpe que Vénus de Milo. Bon, ça ne doit pas vous empêcher de déguster avec moi ce Château Tour-Maillet 2006. Un Pomerol qui commence à exprimer la truffe. Du plaisir déjà, mais avec 2 ou 3 ans de patience, ce sera un très grand moment.

Soupe à la grimace

Mona avant et après son régime

Ce matin Mona rentre dans mon bureau et me lâche :

« Je suis irritable voire agressive. Mon médecin m’a dit que je souffrais d’une carence en sérotonine. »

– En quoi ?

– C’est une hormone qui joue un rôle important dans notre humeur.

– Ah bon ? Je pensais que les sautes d’humeur étaient automatiquement liées au caractère féminin et qu’il n’y avait rien à faire.

-Ah, vraiment, c’est drôle. Mais sérieusement, le médecin m’a conseillé de mieux manger. Il m’a expliqué que pour synthétiser la sérotonine, nous avons besoin d’un acide animé contenu dans certains aliments : le tryptophane.

-Dîtes donc, Mona, ce matin, vous me prenez pour Bernard Kouchner. Vous avez appris le Vidal par cœur ?

-Mais non, je vous explique pourquoi je suis un peu soupe au lait. Le toubib me conseille de faire un goûter chaque jour avec du pain complet, des flocons d’avoine, 5 noix de cajou, une pomme et du miel. Mais si je suis ces conseils, je vais peut-être être plus cool, mais je vais prendre 10 kg…  Et çà, je ne le supporterai pas. Quand je grossis, j’ai d’ailleurs mauvais caractère.

-Ah, vous voyez. C’est bien ce que je disais, c’est incurable. Je vois votre problème. Je vais voir de mon coté s’il y a un autre moyen de synthétiser votre hormone… Non, non, ne me remerciez pas. Je fais çà aussi pour moi. Si vous devez être plus placide au cours de vos journées de travail, je serai mieux, moi aussi.

Bon en attendant, Mona, nous allons boire un vin de plaisir. Tour Maillet 2006 : ce Pomerol est très souvent cité dans le guide Hachette. Je ne suis pas étonné, c’est très bon. Je ne sais pas s’il y a du tryptophane dedans, mais c’est bon pour le moral…

http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie/serotonine-4233.html

Rien à déclamer ?

Eugène Labiche régna sur le théâtre comique durant le second empire : plus d’une centaine de pièces à son actif. Et pourtant, il dut attendre 1880 (il avait 65 ans et plus de 40 ans de carrière) pour être élu à l’Académie Française. Il ne jamais autant invité à dîner en ville qu’après son élection. Devant l’afflux des invitations, il s’exclamait:
– Mais je ne savais pas qu’on était nourri!

A une de ces soirées « littéraires », comme aimaient en donner les femmes du monde de cette époque, la maîtresse de maison dirigeait avec autorité la conversation. Chacun devait parler et briller à son tour. Labiche, pendant le repas, fit un signe pour prendre la parole, mais la maîtresse femme lui fit comprendre que son tour n’était pas venu.

Quelque temps après, alors que les convives étaient au salon pour boire le café, elle se tourna vers lui en souriant aimablement :

– Eh bien! Monsieur Labiche, que vouliez-vous nous dire?
– Rien, Madame, rien…
-Mais enfin vous avez levé la main tout à l’heure.
– Oh! Madame, répondit-il, çà n’a plus d’importance : je voulais seulement qu’on me passât le sel.

Bon Mona, laissez moi parler sans retard, je vous prie ; j’ai seulement besoin de deux verres. Avec Labiche, que pensez vous d’un Pomerol : Tour Maillet 2006. Sur sa jeunesse, ce vin offre des jolis fruits et une note de vanille.