Faux manger

Au moins chez Mona, tout est naturel
Au moins chez Mona, tout est naturel. Vous pouvez me croire.

Au risque de paraphraser Jean-Pierre Coffe, il faut se rendre à l’évidence, on nous fait bouffer de plus en plus de la m…. Sur les étiquettes que personne ne regarde les E fleurissent comme les oeufs à Pâques. Pas une crème, pas un gâteau, pas un plat préparé présent dans nos linéaires sans son petit E 100 (colorant), E 200 (conservateur), E 300 (antioxydant). Parfois, il y a plus de E dans la liste des ingrédients que d’autres composants. Mais rares sont les consommateurs à reposer le paquet suspect aussi chargé de chimie qu’un Irlandais est plein de Guinness à la sortie d’un pub.

Même si nous avons déjà traité ce problème de santé, j’ai trouvé utile de vous alerter à nouveau sur les dangers potentiels de ces additifs alimentaires. J’espère qu’à chaque article, des lecteurs n’accepteront plus la dictature de la malbouffe. Et puis je n’oublie pas que notre organisme n’a pas été créé pour ingérer ces substances d’origine synthétique.

Pour illustrer mon propos, je vous présente l’Erythrosine, de son petit nom E 127. C’est un colorant rouge pur produit de la chimie. Pour obtenir du rouge, on pourrait utiliser de la betterave qui répond au joli nom de E 162, mais c’est plus cher et moins pratique. Et comme le con-sommateur, il ne dit rien, on va pas s’emmerder. E 127 est présent dans les saucisses rouges, les fruits confits, bonbons et autres douceurs et même des médicaments. De plus en plus de scientifiques lui prêtent des vertus telles que provoquer de l’asthme, des insomnies. Il pourrait même détraquer le système neurologique et augmenter le nombre de tumeurs thyroïdiennes. Alors ? Si vous avez besoin de plus pour votre information, sachez que ce produit est interdit dans certains pays comme la Norvège. Bon appétit !

Et comme des additifs, il y en a des centaines, Mona et moi sommes d’avis de les boycotter tous plutôt que prendre le risque d’en absorber qui s’attaqueraient à notre bien le plus précieux : notre santé.

Bon, Mona, à ma connaissance, il n’y en pas dans le vin rouge. Aussi, sortez donc deux verres que nous fassions son affaire à ce Côte de Nuits-Villages 2009 du Domaine Dubois. Cette appellation bourguignonne offre de très bons vins à prix sympa. Mona, vous avez déjà fini, je vous remets ça ?

C’est chimique ta mère

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Un certain nombre d’affaires ont secoué l’industrie alimentaire ces temps-ci. Les additifs ont envahi nos assiettes. Les restaurateurs cuisinent  de moins en moins, les pains congelés fleurissent dans les grandes surfaces et ailleurs. Certains confondent viande de cheval et de bœuf ; les fromages dénaturés sont sans saveur et sans odeur, les OGM et pesticides dominent le monde agricole…
Nous sommes nombreux à considérer que trop d’aliments industriels ne sont que des produits à forte marge sans souci de grande qualité et de la santé des consommateurs.
Et pourtant, l’homme en rêvait de cette révolution industrielle. Ainsi Marcellin Berthelot, chimiste de la fin du XIX° siècle, prononça un discours devant la Chambre syndicale des produits chimiques en avril 1894. Pour lui, la chimie devait résoudre le problème de l’alimentation en l’an 2000. Nous qui sommes de ce millénaire déchantons un peu…

C’est là que nous trouverons la solution économique du plus grand problème peut-être qui relève de la chimie, celui de la fabrication des produits alimentaires. En principe, il est déjà résolu ; la synthèse des graisses et des huiles est réalisée depuis quarante ans, celle des sucres et des hydrates de carbone s’accomplit de nos jours, et la synthèse des corps azotés n’est pas loin de nous. Ainsi le problème des aliments, ne l’oublions pas, est un problème chimique. Le jour où l’énergie sera obtenue économiquement, on ne tardera guère à fabriquer des aliments de toutes pièces, avec le carbone emprunté à l’acide carbonique, avec l’hydrogène pris à l’eau, avec l’azote et l’oxygène tirés de l’atmosphère.

Ce que les végétaux ont fait jusqu’à présent, à l’aide de l’énergie empruntée à l’univers ambiant, nous l’accomplissons déjà et nous l’accomplirons bien mieux, d’une façon plus étendue et plus parfaite que ne le fait la nature car telle est la puissance de la synthèse chimique.

Un jour viendra où chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit morceau de fécule ou de sucre, son petit flacon d’épices aromatiques, accommodés à son goût personnel ; tout cela fabriqué économiquement et en quantités inépuisables par nos usines; tout cela indépendant des saisons irrégulières, de la pluie, ou de la sécheresse, de la chaleur qui dessèche les plantes, ou de la gelée qui détruit l’espoir de la fructification; tout cela enfin exempt de ces microbes pathogènes, origine des épidémies et ennemis de la vie humaine.

Ce jour-là, la chimie aura accompli dans le monde une révolution radicale, dont personne ne peut calculer la portée; il n’y aura plus ni champs couverts de moissons, ni vignobles, ni prairies remplies de bestiaux. L’homme gagnera en douceur et en moralité, parce qu’il cessera de vivre par le carnage et la destruction des créatures vivantes. Il n’y aura plus de distinction entre les régions fertiles et les régions stériles. Peut-être même que les déserts de sable deviendront le séjour de prédilection des civilisations humaines, .parce qu’ils seront plus salubres que ces alluvions .empestées et ces plaines marécageuses, engraissées de putréfaction, qui sont aujourd’hui les sièges de notre agriculture.

Dans cet empire universel de la force chimique, ne croyez pas que l’art, la beauté, le charme de la vie humaine soient destinés à disparaître. Si la surface terrestre cesse d’être utilisée, comme aujourd’hui, et disons le tout bas, défigurée, parles travaux géométriques de l’agriculteur, elle se recouvrira alors  de verdure, de bois, de fleurs ; la terre deviendra un vaste jardin, arrosé par l’effusion des eaux souterraines, et où la race humaine vivra dans l’abondance et dans la joie du légendaire âge d’or.

Mona, heureusement il reste des vignobles et je vous invite, si vous voulez bien sortir deux verres à déguster un vin de glace canadien. Le Château des Charmes 2000 est à base d’un hybride, le Vidal. Un nez de mangue, une longueur en bouche exceptionnelle. Une vin tellement gourmand que c’est un dessert à lui tout seul.

Grosse faim

Moi, je cuisine et il paraît que çà me réussit !!!!

Avec Lépicurien, nous avons déjà attiré votre attention sur notre mode de vie qui a laissé la place de cuisinier(ière) aux grands groupes agro-alimentaires qui ont pondu une bouffe mal équilibrée trop riche en  sucres et matières grasses. De plus, pour obtenir un prix toujours plus bas, on utilise des additifs et des produits plus ou moins toxiques ou pour le moins non digestes.

Un de nos lecteurs assidus m’a fait parvenir un article du Monde qui dévoile que les obèses sont plus nombreux sur terre que les mal-nourris.

Le sujet est trop grave pour plaisanter, mais je voudrais ajouter que nous avons deux sortes de pauvres : ceux de l’hémisphère sud qui cherchent de la nourriture pour subvenir et ceux de l’hémisphère nord qui ingurgitent les premiers prix de nos industriels. Ces produits carencés en vitamines et sursaturés en graisse et sucre font de bons gros.

En résumé, un pauvre du sud est sous-alimenté et un pauvre du nord est gros. Décidément notre monde marche sur la tête. Mais enfin le principal c’est que nos industriels et distributeurs accroissent leurs profits et puissent manger de bonnes choses et suivre leur petite thalasso pour éliminer les quelques kilo accumulés avant de partir se vautrer sur leurs plages privées.

Mona même plus faim quand elle lit des informations comme çà. Si çà se trouve, je vais maigrir…

Néfaste food ?

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Lepicurien, mon chef bien aimé, m’a appris à aimer les bonnes choses. Bien que moins investie que lui dans la croisade contre la malbouffe, je cherche à bien manger et bien boire. Or depuis quelques années, l’industrie agro-alimentaire a chassé, de nombre de tables, les plats longuement mijotés, les saucissons séchés lentement dans la cheminée, les jambons ayant patiemment dormi dans le saloir. A la place de ces merveilles, des sachets de jambon dégoulinants de flotte, des barquettes de boulettes de viande et de légumes sans vie et sans croquant. Et sur chaque étiquette, sachet, ou conserve, une litanie de E…
Même si je ne suis pas qualifiée pour juger de leur action sur ma santé, je me suis posée des questions. En se documentant, on trouve que ces ajouts ne sont pas aussi neutres qu’on ne le dit. Aussi sans prétendre à une étude scientifique, je vous soumets quelques conseils glanés au fil de mes lectures qui, je l’espère, vous guideront dans les allées de votre supérette ou hypermarché.

Il existe environ 350 additifs autorisés, qui entrent dans notre alimentation. Les additifs alimentaires sont présents dans la quasi totalité des produits issus de l’alimentation industrielle. Ces sont des ingrédients que l’on ajoute aux aliments et dont le seul but est la rentabilité du produit. Ils peuvent allonger la conservation, modifier la couleur ou les qualités gustatives d’un produit, on améliore la consistance,…. Ils peuvent être d’origine minérale, végétale, animale ou provenir de synthèse chimique. Avant d’être autorisés à entrer dans l’alimentation humaine, ils doivent faire la preuve de leur utilité et de leur innocuité. Dans ces conditions seulement, ils sont autorisés par arrêté ministériel, et inscrits sur une liste commune à tous les états européens. Ils sont ensuite obligatoirement mentionnés sur les emballages des produits alimentaires sous le nom de code E suivi du chiffre à 3 numéros qui les concerne.

Certains additifs, en raison de leur innocuité bien connu, sont utilisables en quantité libre ; d’autres et c’est la majorité sont soumis à des conditions d’usage réglementées, mais certains, au fur et à mesure des connaissances que l’on peut avoir sur eux, peuvent être considérés comme dangereux.

Quels sont ces additifs ? Comment les reconnaître ?

colorants3LES COLORANTS (E100 à E199) sont des additifs inutiles, ajoutés pour appâter le client. Les couleurs vives séduisent la clientèle, alors on n’hésite pas a en rajouter : sodas, jus de fruit, charcuteries, bonbons, confitures, pâtisseries, plats cuisinés,…. Ils ont aussi pour but, et là on le dit moins, de cacher la mauvaise qualité de certains aliments. L’usage de colorants par un industriel rend le produit suspect, puisque par définition il est inutile.

Colorants à éviter le plus possible : E102, E104, E 110, E120, E122, E124, E127, E132, E142, E151, E171, E173, E175, E180
Colorants à éviter systématiquement : E123, E131, E160, E163, E174

LES CONSERVATEURS (E200 à E299) prolongent la durée de vie des aliments en empêchant la prolifération microbienne et les fermentations dans les aliments. Si certains de ces additifs ne présentent pas de nocivité, d’autres sont dangereux : E249 à 251, utilisés dans les charcuteries.

A consommer, mais sans excès : E200 à  E203, E 222 à  E224, E226, E227, E236, E237, E238, E 260, E261, E262, E263, E270, E280 à E283, E 290,
A éviter : E210 à E219, E221, E235,
A éviter absolument : E220, E230, E231, E232, E 233, E239, E249, E250, E251, E252

LES ANTIOXYDANTS (E300 à E399) sont dépourvus ou presque de nocivité. Leur rôle est d’éviter que l’action de l’oxygène ou des substances oxydantes viennent dégrader les produits alimentaires, en particulier les conserves. Certains de ces additifs peuvent même s’avérer bénéfiques pour la santé comme les vitamines C et E de synthèse et leurs dérivés naturels ou artificiels ; leurs dérivés synthétiques le sont beaucoup moins.

A éviter : E310, E311, E312
A éviter absolument : E320 et surtout E321

LES MODIFICATEURS DE CONSISTANCE c’est la grande famille des « Agents de texture », utilisés dans la quasi majorité des sauces, crèmes, glaces, chocolats, margarines, confiseries, pains, pâtisseries, … ces additifs couvrent donc plusieurs rubriques : LES ÉMULSIFIANTS pour sauces, mayonnaises, pâtisseries,… des produits peu recommandables issus de la chimie, qui « forcent » la nature vatus. Les mayonnaises et sauces dérivées ne se dégradent pas grâce aux STABILISANTS (E450 à E452) qui maintiennent en l’état les mélanges et les couleurs, mais aussi la structure des émulsions d’eau et de corps gras qui devrait normalement retomber. Ils peuvent aussi bien détériorer notre santé en perturbant l’assimilation des graisses dans notre organisme.

LES GÉLIFIANTS (E400 à E407) qui donnent de la consistance, et LES ÉPAISSISSANTS (E405 et E410 à E415 et E460 à E466) augmentent la viscosité des préparations liquides (sauces, crèmes, glaces…) c’est la famille des celluloses et des gommes.

à éviter si possible : E400, E401, E404, E410, E 413, E473, E464, E481, E482, E483
A éviter : E403, E405, E407

LES ACIDIFIANTS, répartis dans plusieurs catégories E170, E260 à E270, E325 à E338, E350 à E 354, E363, E380, E500 à E507, E513, E524 à E528, E575. Utilisés comme conservateurs, ou pour modifier la saveur, ils augmentent ou diminuent l’acidité des préparations. Leur emploi est fréquent notamment en confiserie, jus de fruits, plats préparés.

A peu utiliser : E 500, E 507, E 570sex_on_the_beach_jello_shot

LES ÉDULCORANTS – E950 à 967 apportent une saveur sucrée. On distingue les édulcorants d’origine naturelle dont le nom se termine par OL (ex. polyol) et ceux de synthèse. Ils entrent dans l’élaboration de boissons sans alcool, limonades, sodas, desserts, confiseries,

LES EXHAUSTEURS DE GOÛT – E620 à E 640. Ce sont des glutamates qui renforcent le goût des aliments. Fréquemment utilisés dans : potages déshydratés, plats cuisinés, etc…  Ils sont inutiles et dangereux notamment : E620, E621, E625

DIVERS

E925 CHLORE et E951 ASPARTAME sont à éviter absolument.

La malbouffe n’est pas une fatalité. Bien sûr je ne vais pas lancer un mouvement à la Ralph Nader. Je doute de sa réussite en France. Mais si chaque consommateur prend conscience de sa force et fait un peu attention à ce qu’il achète, il est possible de modifier le comportement de ces industriels qui mêlent chimie et cuisine. Si chacun arrête les achats de produits contenant des additifs dangereux, ils disparaitront de nos rayons.

La chimie ingurgitée à haute dose doit agir sur notre corps, chassons la.

Mona chète pas n’importe quoi, et vous ?