Secouez, secouez moi

Mona essaie le hyperdecanting
Mona essaie le hyperdecanting

En septembre 2012, Nathan Myhrvold, un auteur à succès de livres de cuisine américain, gourou de la cuisine dite moderne a écrit :

Les amateurs de vin savent depuis longtemps que décanter un vin avant de le servir améliore souvent sa saveur. Bien que la carafe traditionnelle  soit la plus utilisée, c’est un moyen assez peu performant. Il ya quelques années, j’ai trouvé que je pourrais obtenir de bien meilleurs résultats en utilisant un mixeur de cuisine ordinaire. Il suffit de verser le vin dedans, mettre la puissance maximale pendant 30 à 60 secondes, puis laisser la mousse se dissiper (ce qui arrive rapidement) avant de servir. J’appelle cette technique : « hyperdecanting. »
Bien que torturer un vin cher de cette manière peut attrister des œnophiles sensibles, ce procédé améliore presque invariablement les vins rouges, en particulier les plus jeunes, mais même un Château Margaux 1982.

Les bras m’en tombent. Comment peut-on écrire de telles âneries. Et le gars insiste. Selon lui l’hyperdecanting améliore les petits vins. Et pour appuyer sa thèse, il propose à chacun d’organiser une dégustation avec un groupe d’une dizaine de personnes et selon lui, 90% des participants confirmeront une amélioration du vin. Depuis aux States, il est de bon ton de sortir son pied à soupe, son mixer pour épater les copains.

Bon, permettez-moi de ne pas partager cet enthousiasme. Passer au mixer un Château Margaux 1982 est une aberration. Un tel vin doit au contraire être traité avec respect et délicatesse…

Que certains vins californiens bas de gamme, surchargés en copeaux de bois résistent aux manipulations les plus atroces, pourquoi pas, que ce brassage permette de détruire les échardes qui se détachent des staves … mais de grâce, laissez tranquilles nos grands vins ciselés par le temps. Ils ne demandent qu’à nous donner du plaisir, tels que la bouteille les aura façonnés.

Ceci étant dit, depuis longtemps les adeptes du carafage et ceux qui y sont opposés se chamaillent. Selon les uns, le passage en carafe facilite l’accès aux vins jeunes, les autres estiment que l’oxydation est la pire des choses… Il serait temps que nos œnologues et universitaires tranchent ce débat sans fin.

Ma chère Mona, inutile de sortir votre mixer, nous boirons un vin de Vosne Romanée 2011 du Domaine Mugneret-Gibourg. Si vous lisez ces rubriques, vous savez que je suis fan. Les vins y sont toujours d’une extrême finesse et d’une élégance exceptionnelle. Bien que jeune, ce vin avec un morceau de viande nous ravira…dès maintenant.

No comète

Comète 67P, j'aurais préféré 69...
Comète 67P, j’aurais préféré 69…

Avouez que ça surprend quand vous lisez dans la presse que Rosina sent l’œuf pourri, l’écurie, la sueur de cheval et le vinaigre. Mais qui c’est cette nana qui dégage une telle odeur. A-t-elle des problèmes de santé ? Et ce prénom dérivé de Rose de Lima quel visage nous annonce-t-il ?

Bref, un titre qui ne ma laissa pas de marbre. Je plongeais tel un rapace sur sa proie pour assouvir mon envie d’en savoir plus sur cette fille puante.

Que nenni, dès les premières lignes je compris que le journaliste m’avait embarquée sur une fausse piste. En fait Rosina est le nez de Rosetta, sonde européenne qui a été lancée le 2 mars 2004 avec pour mission d’analyser la comète 67P/Churyoumov-Gerassimenko. Et ça fait dix ans que ça dure… Chapeau aux scientifiques européens.

Bon, ok, mais qu’est ce qui pue ?

Figurez-vous que la comète et sa chevelure est une grosse boule de neige sale. Elle est composée de monoxyde et dioxyde de carbone, d’ammoniaque, de méthane et de méthanol. Ce mélange nous fait un petit cocktail qui sent comme un ivrogne qui pioncerait dans une étable pleine de bovins ruminants et bousant à loisir. Ça donne envie d’aller y faire un tour, non ?

Ma chère Mona, vous qui portez rien d’autre qu’un peu d’essence de Guerlain pour qu’éclate votre beauté, vous êtes à des années lumière de 67P et c’est tant mieux. Bon allez revenons sur terre pour déguster le Bourgogne 2009 du Domaine Mugneret-Gibourg. Un simple Bourgogne de ce niveau là révèle la qualité de ce domaine. Bravo Mesdames !

Un glaçon dans votre sanisette ?

mona-vin-glacon

Bon, vous vous doutez que nous ne fréquentons pas, Mona et moi, les usines à « hamburgés » qui ont fleuri dans nos villes comme dans nos campagnes comme les étrons canins garnissent les pelouses de nos jardins publics.

Mais il faut être honnête, ces fast-foods sont réputés pour leur hygiène. Une part de leur communication s’appuie d’ailleurs sur cette qualité. Cependant une récente étude réalisée en Angleterre les met dans l’embarras. En effet, les glaçons qui trempent dans les boissons médicamenteuses à base de cola contiennent plus de bactéries que l’eau de leurs toilettes.

Les journalistes auteurs de l’étude rassurent les consommateurs, il faudrait en boire un max pour risquer quelque chose.

Quant à nous, plutôt adeptes de Slow-food, nous n’oublions pas que dans nos cafés, on trouve des traces d’urine ou de matières fécales sur les cacahuètes de l’apéritif. Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler qu’il est indispensable de se laver les mains à la sortie des toilettes.

Je vois Mona que vous avez lavé les verres. Connaissant votre propreté légendaire, c’est sans crainte que je sers le Bourgogne rouge 2007 du Domaine Mugneret Gibourg. Dans un millésime pas exceptionnel, ce vin est un régal. Impatient de goûter le 2009 ou le 2010.

Qu’alors y faire ?

Un homme a été assassiné. Mais était-ce le bon ?

A Paris, sur l’Ile Saint Louis, une plaque rappelle au 12 de la rue Saint Louis en L’Ile qu’ « en cette maison, l’ingénieur Philippe Lebon a découvert en 1799, le principe de l’éclairage et du chauffage par le gaz« .  Cette invention qui allait révolutionner l’éclairage urbain, il installe pour la première fois dans l‘hôtel de Seigneley à Paris le 11 octobre 1801. Le système se composait d’un four à bois dont les gaz produits sont acheminés dans les différentes pièces de l’hôtel par des tuyaux pour les éclairer et les chauffer.

Il meurt le 1er décembre 1804. Selon sa servante, il semble être mort naturellement et dans son lit. Pourtant, la rumeur parle d’assassinat et fixe la mort au 2 décembre, date symbolique s’il en est. C’est ce jour là que Bonaparte est sacré empereur et devient Napoléon. On dit que Lebon, étant invité à la cérémonie de Notre–Dame, fut tué de treize coups de couteau, dans l’obscurité d’une contre-allée des Champs-Elysées.

Quel intérêt à avoir colporté cette mort brutale ?

Si vous avez des lumières sur ce point, écrivez-moi… car il y a quelque chose qui ne gaze pas dans cette histoire.

Mona, vous allez voir de quel vin je me chauffe. Rincez les verres, j’arrive avec un Vosne-Romanée 2008 du domaine Mugneret-Gibourg. Bien qu’encore bébé, ce vin me réjouit par sa pureté. Du cassis, de la framboise à vous fait péter le nez, ma Chère Mona…

Cocu ? fier !

Bien qu’il trompât sa femme sans scrupule, le prince Louis Armand II de Bourbon-Conti était d’une jalousie maladive. Or sa femme prit un amant sans chercher à se cacher. Le prince devint violent. Rendu fou de jalousie,  il se mit à battre sa femme et l’on dut même à deux reprises appeler un chirurgien.

Terrorisée, elle s’enfuit tout d’abord chez sa mère puis dans un couvent. Conti en appela au Parlement pour tenter de récupérer sa femme.

Mais, il dut attendre neuf ans pour qu’elle accepte de reprendre le chemin du domicile conjugal.

Pour ne plus la perdre, le Prince la contraint à demeurer au Château de L’Isle-Adam, cette demeure qui fut le fief des Conti et notamment de Louis François de Bourbon-Conti dont on vient de retrouver le cercueil dans l’église de L’Isle-Adam (voir vidéo ci-dessous).

Mais revenons à Louis Armand. Sa femme à force de séduction et caresses, obtint de revenir à Paris. Et, à dater de ce jour, lorsque le prince rejoignait L’Isle-Adam, elle ne l’accompagnait pas.

Un jour au moment de partir, Conti rendit visite à sa femme et lui dit :

Ah, çà, Madame, ne me faîtes point cocu pendant que je n’y serai pas !

Allez, Monsieur, lui dit-elle, partez tranquille, je n’ai jamais envie de vous faire cocu que quand je vous vois.

Ma Chère Mona, quand on évoque les Conti, on pense à la Romanée-Conti. Mais mon budget ne me permet pas de vous offrir ce nectar. Mais si vous attrapez deux verres, je vous invite à déguster le Vosne-Romanée 2007 du domaine Mugneret-Gibourg. Deux sœurs qui font des vins d’une grande finesse et d’un fruit exquis !

 



On n’est pas toujours pressé pour dîner

Longtemps, l’Europe a mangé à la même heure sans que les différences climatiques ou sociales induisent des comportements originaux. Seules les exigences du travail aux champs, de la nourriture des enfants ou des vieillards nécessitent des collations intermédiaires Jusqu’à la Renaissance, on dîne donc aux alentours de midi avec un décalage de trente à soixante minutes en fonction des occupations de la journée, notamment si le déjeuner a été pris avant neuf heures. De même, on soupe à la tombée de la nuit.

Le premier glissement des horaires de table s’opère à la suite des Italiens qui, après avoir fait figure d’excentriques parce qu’ils déjeunaient à 14 heures et soupaient à 21 heures, donnent le ton. Encore convient-il de préciser qu’il s’agit des citadins de Florence ou de Rome et que les voyageurs français s’inspirent des habitudes d’une élite lettrée, s’attablant après le théâtre ou, plus tard, après le concert. Il n’en reste pas moins que le fossé se creuse régulièrement entre les gens du monde et ceux du labeur. Le phénomène reste homogène à l’échelle de l’Europe, puisque, les Anglais et les Espagnols dînent autour de 14 heures vers 1750, alors qu’ils commençaient entre 11 heures et 12 heures, un siècle et demi plus tôt.

Le deuxième glissement, propre à la France, intervient au tournant des années révolutionnaires. Entre 1780 et 1800, de nouvelles obligations encouragent les citadins à déjeuner plus tard dans la matinée. Ils le font avec plus de cérémonial pour favoriser la convivialité et l’établissement de rapports sociaux plus tôt dans la journée : le déjeuner sort de la sphère privée. Très rapidement, cette nouveauté est appelée le « déjeuner à la fourchette », par opposition au « déjeuner sur le pouce ». Pour éviter de passer toute la matinée le ventre vide, les tenants de cette nouvelle pratique prennent souvent une légère collation dès le lever: le « petit déjeuner » français est né. Ainsi, contrairement à une idée très largement répandue, ce qui caractérise notre rythme alimentaire, ce n’est pas petit déjeuner léger mais un dîner de mi- journée conséquent et surtout plus convivial. À la fin de l’Empire, la bonne société dîne autour de 18 heures et soupe avant minuit. Vers 1830-1840, les citadins des grandes villes de province se mettent au diapason des Parisiens. Enfin, la diffusion de l’éclairage domestique au gaz dans les quartiers bourgeois accroît encore les différences de comportements : il y a ceux qui dînent « à toute heure » et ceux que leurs horaires de travail et leurs moyens contraignent à respecter le rituel alimentaire de la mi-journée. Le dernier glissement s’esquisse, en deux temps, à partir des années 1960 : la « délocalisation » du repas s’accompagne d’une modification du temps passé à table. Cela est dû aux effets induits par la concentration industrielle, l’urbanisation avec l’allongement des temps de circulation et la scolarisation systématique autant que prolongée des enfants. Voilà qui explique le succès obligé des cantines pour le déjeuner. À cela s’ajoute, pour le dîner, l’impact de la télévision qui contribue à faire coïncider l’heure du repas avec celle du journal -d’abord 19 heures 45 puis 20 heures- puisque, dès 1965, plus de la moitié des ménages français dînent devant la télévision.

Depuis quelques années, imitant, comme des singes, les amerloques, nous sommes entrain de supprimer le déjeuner et avalons des hamburgers livrés au bureau dans des paper-bags.

Bacchus, viens à notre secours. Rappelle nous que nous sommes gaulois. Boute les habitudes saxonnes de notre territoire… et que reviennent sur nos tables : potée, ris de veau, queue de boeuf, confit de canard….

En attendant, Ma petite Mona, on va boire un coup et un bon coup : un Bourgogne 2005 du Domaine Mugneret Gibourg. Quelle expression du Pinot Noir. Tiens, çà vous donne envie de passer à table ma belle… Tant mieux et vive la France. Chante Coq, chante… et un de ces jours, tu finiras ta vie dans un bain de vin.