Du sexe des hanches

Vous vous souvenez de Nicolas Venette. Je vous ai déjà glissé, sur ce blog, des extraits d’une de ses œuvres : Tableau de l’Amour Conjugal. Aujourd’hui, je vous propose un extrait de Génération de l’Homme.

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Je connais quelques femmes qui ont toujours accoutumé de se coucher sur le côté droit lorsqu’elles dorment avec leurs maris, et c’est aussi dans cette posture qu’elles sont caressées et qu’elles conçoivent presque toujours des garçons. On ne saurait donner d’autre raison de ce qui arrive de la sorte, que celle qui favorise mon sentiment ; car la semence de l’homme étant reçue dans la matrice de la femme, située dans la posture que nous avons marquée, ne peut tomber, par son propre poids, que dans la corne droite, où les garçons sont le plus souvent formés. C’est une remarque qu’a faite Rhafis[1], aussi bien que moi, lorsqu’il dit que les femmes qui se couchent ordinairement du côté droit, ne font presque jamais de filles.

Pour ceux qui douteraient de ce qui vient d’être énoncé, je vous invite à réfléchir sur ce qui suit : Nicolas est né plutôt à droite, alors que Ségolène est née plutôt à gauche. Ce qui nous permet de conclure avec certitude que le Rochelais Venette avait raison.

C’est scientifique. Qu’on se le dise !

Mona coutume de dormir sur le dos !!!!


[1] célèbre médecin arabe du IX° siècle

Taupe modèle

Le 13 février 1917, à l’Hôtel-Palace, au 103[1] avenue des Champs-Elysées, un capitaine rentre dans la chambre 113. La locataire sort nue de la salle de bain. Elle passe un peignoir et est arrêtée. Elle s’appelle Gertrude Zelle, elle a 41 ans.

Le 15 octobre de la même année, à 6h15, elle est passée par les armes au fort de Vincennes après un procès expéditif. Le commissaire du gouvernement déclarera plusieurs années après le procès : « il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. »

Et pourtant cette femme avait connu une gloire à Paris comme « danseuse indienne ».

Mata Hai, danseuse orientale

Née au Pays-Bas en 1876, Gertrude, orpheline et ruinée, se marie jeune avec un militaire plus âgé et part pour Java. Elle est prise de passion pour la danse indienne et y trouve un nom : Mata Hari[2]. De retour en Hollande, elle divorce. A 26 ans, elle se rend à Paris et devient « Lady Mac Leod[3]« , danseuse de charme. De salons privés en salons privés, sous son pseudonyme javanais de « Mata Hari », elle se fait inviter par Monsieur Guimet[4], possesseur d’une salle de spectacle privée. Sa représentation le soir du 13 mai 1905 en princesse indienne totalement nue marque le début de sa vie mondaine. Sans porte de jugement sur ses qualités de danseuse indienne, on peut simplement dire que c’est comme « stripteaseuse orientale qu’elle sera reconnue.

Colette, à la suite d’un de ses spectacles écrit : « Elle ne dansait guère mais elle savait se dévêtir progressivement et mouvoir un long corps bistre, mince et fier. »

C’est le succès et Mata Hari se produit à Madrid, Monte Carlo, Berlin, La Haye, Vienne et même Le Caire…
Sa carrière s’essouffle. Qu’à cela ne tienne. Elle collectionne les amants pas toujours jeunes et beaux mais toujours riches et influents. On en dénombre plus de 150…


Lors de la déclaration de guerre, Margaretha (son autre prénom) Zelle vit à Berlin auprès d’un ancien galant, Alfred Kiepert. De retour à Paris, elle continue à vivre de ses charmes. Au début de l’année 1916, lors d’un voyage en Allemagne, Mata Hari, endettée par son train de vie, est contactée par Herr Cramer, consul allemand à La Haye. Celui-ci lui propose de régler ses dettes et d’avantage en échange de renseignements sur la France. Elle devient ainsi l’agent H 21.

Mata Hari était-elle coupable ? On le saura peut-être en 2017 à l’ouverture des archives. Même, Le commissaire du gouvernement en fonction lors du procès,déclarera plusieurs années après : « il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. »
Mais de toute façon, l’opinion, lasse de la guerre, réclamait des coupables.
Au matin du 15 octobre 1917, Mata Hari refuse qu’on lui bande les yeux. Elle lance un baiser aux soldats. En retour, onze balles et le coup de grâce calment la vindicte populaire Son corps, non réclamé, est mis à la disposition de l’institut médico-légal.

Bon, ben, c’est pas gai aujourd’hui. Bon Mona, il ne reste pas de trace de la danseuse. Faisons revivre sa mémoire quelques instants en buvant un vin allemand Schloss Johannisberg Riesling Rosalack Auslese 2003 : un Riesling, sec, racé, délicatement fruité, avec un bouquet d´une grande finesse.


[1] C’est actuellement le siège d’une banque anglaise

[2] Œil du jour (nom du Soleil en Indonésie)

[3] C’était son nom de mariage

[4] Émile Guimet (1836 -1918) : industriel et collectionneur d’objets d’art. Ses collections asiatiques ont donné naissance au musée national des Arts asiatiques Guimet.

Tour de magie

Nul n’ignore que la Tour Eiffel fut érigée pour l’exposition universelle de 1889. Mais conçue comme un ouvrage temporaire, elle a failli être détruite au terme d’une concession de 20 ans au profit de Gustave Eiffel. Seule l’invention de la radio lui donna vie durable.

Mais, même après l’installation des antennes qui l’ont grandie d’une douzaine de mètres, des bruits récurrents annonçaient sa fin prochaine.


Une telle nouvelle attire les escrocs. Ainsi en mars 1925, un certain Victor Lustig réussit à vendre la Tour Eiffel en pièces détachées à un ferrailleur répondant au nom d’André Poisson ? La presse venait d’annoncer que la célèbre tour était promise à la démolition car l’entretien devenait insupportable pour le budget. Lustig fabriqua de faux documents à l’en-tête du ministère des Postes et Télégraphes (alors responsable de la Tour Eiffel) et se fit passer pour un cadre de ladite administration.

Il demande un paiement par virement et surtout une somme en liquide pour payer le silence des fonctionnaires.

Victor Lustig quitte la France avec un joli magot. Le ferrailleur par peur du ridicule ne portera pas plainte. Trouvant le procédé facile à exécuter, il reviendra plus tard à Paris pour retenter l’expérience mais le « client » prévient la police. Victor se réfugie aux Etats Unis où il continue sa carrière d’escroc.

En 1947, année de sa mort, des ferrailleurs hollandais se présentent à Paris pour emmener les 10.000 tonnes de la Tour qu’ils ont achetée.
Victor avait fait des disciples… !!

Mona chète jamais de vieille ferraille, et vous ?

Pense cocu

Les  textes que je vous propose ce jour sont tirés d’un livre du XIX° siècle écrit par Adolphe Ricard qui préface son ouvrage avec ces mots : « Ce livre est assurément le plus joli de tous les dictionnaires, puisqu’il contient dans ses 600 pages tout ce que les moralistes, les poètes et les romanciers ont écrit de plus ingénieux et de plus piquant, en bien comme en mal, sur I’amour, les Femmes et le Mariage, depuis le déluge jusqu’à nos jours. »


Un littérateur du XVII° siècle, nommé Eustache Lenoble, avait pour maîtresse la femme d’un riche épicier de Paris. Un jour que nos deux amoureux s’étaient donné rendez-vous dans une petite maison du faubourg Saint-Antoine, ils se laissèrent surprendre par le mari. Arrêtés aussitôt, et traduits en justice sous l’accusation d’adultère, ils furent jetés en prison. Ce procès fit tant de scandale, que le bruit courut que tous ceux qui s’étaient rendus coupables du même crime subiraient le même sort.

Sur cette rumeur, Eustache, ayant réussi à s’évader, fit imprimer l’épigramme suivante qu’on distribua clandestinement aux juges qui l’avaient condamné :

Quel affreux désert seras-tu
Pauvre Paris ! Tu vas devenir Rome
Si Thémis, de tes murs, bannit tout galant homme
Dès qu’il aura fait un c….
Grands porteurs de bonnets à cornes,
A ce zèle mettez des bornes,
Ou vous dépeuplerez cette auguste cité.
Consultez l’intérêt de l’État et du maître;
Punissez qui détruit, protégez qui fait naître
Des sujets à Sa Majesté.
Mais je vois d’où vient la tempête;
Chacun craint pour son atelier,
Et l’on dit qu’en jugeant vous vous frottiez la tête
Contre celle de l’épicier.


*********

En Egypte, une loi prévoyait que l’on couperait le nez à toute femme qui aurait été surprise en adultère, et que tout homme convaincu du même crime aurait les yeux crevés.

Hélas ! s’écrie un pauvre rimeur qui rapporte ce fait :

Si l’on ressuscitait ces lois vieilles et dures,
On verrait en beaucoup de lieux,
A moins que justement on n’eût pris ses mesures,
Bien des femmes sans nez et des hommes sans yeux.

*********

Une jeune femme, veuve à vingt-trois ans d’un mari qu’elle avait beaucoup aimé, en prit un second qu’elle fit cocu.
Surprise en flagrant délit, elle fut traduite en justice.

-« Pourquoi donc, Madame, après avoir été toujours fidèle à votre premier mari, avez-vous indignement trompé le second ? » lui demanda le président du tribunal.
« Parce que jusque là, Monsieur, personne ne m’avait rien demandé, » répondit naïvement la jolie coupable.

Mona pas, c’est vous….

Des Sand de pantalon

« Cette femme qui s’appelait Lamartine et cet homme qui s’appelait George Sand. »
Décidément, Victor Hugo a la dent dure.

Il faut dire que George Sand (1804-1876) ne peut laisser indifférent : ne porte-elle pas un prénom d’homme, ne porte-elle pas des pantalons ?

George Sand est une femme moderne ; son féminisme ne renonce ni à la féminité ni à la tendresse. Tourgueniev qui fut son ami en dit :
« Il fallait la connaître comme je l’ai connue, pour savoir …l’immense tendresse qui se trouvait dans ce génie. »

Elle aimait les parfums et les bijoux comme toutes les femmes…

Suffisamment connue, elle put vivre tranquillement même en pantalon.

Et pourtant depuis 1800, il était prévu que « toute femme désirant s’habiller en homme doit obtenir une autorisation préfectorale. » A Paris, Adèle Pecquet est condamnée à une amende pour avoir porté, sans autorisation, des pantalons.

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. (Article 1 de Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789)

Et pourquoi pas les femmes ?

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. (Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948)

Mona pas de pantalon aujourd’hui : vous en avez la preuve en image.

Encore un gland article

Alors les petits loups, vous vous adressez encore à Tata Mona en espérant qu’elle trouve un truc pour que votre flute fasse pan voire pan-pan. Je pensais qu’avec les diverses recettes déjà proposées, le problème était réglé. Il semble qu’il n’en ait rien et que vous avez toujours la tuyauterie aux abonnés absents. Heureusement, il y a Auguste, vous savez ce bon docteur Debay. Je l’ai usé jusqu’à la corde pour vous mes petits lapins. Il a laissé dans son livre que vous connaissez bien maintenant, une liste de pilules, pommades et potions diverses qui font revivre la pompe à plaisir et refleurir les joyeuses fanées, en tous cas, je l’espère. Allez, vas y mon petit Auguste, crache tes remèdes, t’es attendu (j’espère que cette terminaison un peu raide ne vous vexera pas) :

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DES APHRODISIAQUES OU SUBSTANCES QUI EXCITENT L’AMOUR
Le nom d’Aphrodisiaque (d’aphroditis, Vénus), a été donné aux diverses substances alimentaires et médicamenteuses capables de réveiller ou d’accroître l’appétit vénérien, soit en excitant l’économie entière, soit en portant une stimulation directe sut les organes génitaux. Plusieurs de ces substances sont très dangereuses et quelquefois mortelles. Malgré ces dangers, les invalides de Cythère ont cherché, en tout temps, les moyens d’exciter en eux, de raviver les feux de l’amour physique devenus languissants et de les rallumer lorsqu’ils étaient éteints.
Mais nous prévenons le lecteur que plusieurs de ces préparations étant d’énergiques stimulants, des excitants violents et quelquefois incendiaires, on ne doit en faire usage que sous la direction d’un médecin.

wine_in_glassVIN APHRODISIAQUE.
Gousses de vanille … 30 gr
Cannelle … 30 gr
Genseng … 30 gr
Rhubarbe … 30 gr
Vin de Malaga 1 lit.
Faites macérer pendant quinze jours ces substances dans le vin, en ayant soin d’agiter chaque jour. Filtrez et ajoutez 15 gouttes de teinture d’ambre. On peut remplacer le Malaga par du vin vieux de Chablis.

SIROP APHRODISIAQUE A L USAGE DES HOMMES.
Mou de quinquina …8 gr.
Racine de genseng … 60 gr
Cinéraire sibérienne … 30 gr
Gousses de vanille, . . . 30 gr
Semences de cardamome … 60 gr
Cacao …60 gr
Sucre blanc … 1 kilogr.
Ambre gris … 1 gr.
Musc ou civette …2 centigr.
Faites macérer toutes ces substances dans suffisante quantité de bon vin ; filtrez ensuite avec le plus grand soin, et mettez en bouteille que vous boucherez hermétiquement.

zizipanpanPASTILLES DE GENSENG.
Genseng en poudre …… 250 gr.
Vanille … 500 gr
Teinture d’ambre … 10 gouttes.
Huile de cannelle … 50 cl
Divisez la masse en pastilles de 1gr. et demi.
Ces pastilles, très excitantes, ont la propriété dit-on, de ranimer les forces éteintes des organes génitaux.

EMPLÂTRE APHRODISIAQUE.
Emplâtre diapalme 60 gr
Benjoin … 4 gr
Baume du Pérou … 4 gr

Amalgamez au bain-marie, retirez du feu et ajoutez :
Ambre … 120 gr
Musc … 20 gr
Pendant que la masse est encore liquide, étendez sur des morceaux de peau une couche de quelques millimètres d’épaisseur, et appliquez sur la région lombaire, ou sur la région sacrée, pour y rester quelques jours.

bainaphroBAIN APHRODISIAQUE
Romarin … 500 gr.
Sauge … 500 gr
Origan … 500 gr
Menthe … 500 gr
Fleurs de camomille … 500 gr
Eau bouillante … 3 lit.

Laissez infuser pendant douze heures, puis ajoutez :
Teinture de genièvre 60 gr.
Id. de muscade 60 gr
Verser le tout dans l’eau du bain au moment d’y entrer.

Mona plus de solutions pour vous si çà ne marche pas. Merci pour votre attention, … dur, dur…

De briques et de broc

J’ai rencontré une charmante femme qui collectionne nombre d’objets. Curieux de nature, je lui demandais tout de go, si elle était plutôt philopine (collectionneur de pin’s), Nœudelerophile (nœud papillon) ou pipomane (pipes). Peu accoutumée à ce langage châtié, elle me regarda comme si j’étais un vilain plangonophile  (collectionneur de poupées). Je la rassurai sur mes intentions en lui disant que j’étais un simple microtyrosémiophile (étiquettes de crèmes de gruyère), doublé d’un cumixaphile (boîtes d’allumettes)  et d’un libellocénophile (menus).

Elle fut rassurée et m’entraîna dans son logis. Sa maison était encombrée d’étagères et de cartons. L’objet était sa vie. Elle m’expliqua que le virus l’avait prise toute petite. Elle commença classiquement par les fèves de galettes des rois (favophilie) et les portes-clés (copocléphilie), puis plus tard les étiquettes de bouteilles de vin (œnosémiophilie) et les plaques de muselet de champagne (placomusophilie).

Mais sa vie fut bouleversée par la rencontre d’un tégestophile (tous objets sur la bière) avec une spécialisation dans les capsules (capsulophilie), les sous-bock de bière (tégestophilie) et les étiquettes (cervalabélophilie). Une amicale rivalité s’installa qui les poussa à explorer nombre de domaines : l’appertophilie : ouvre-boîtes, buticulamicrophilie : mignonnettes de boissons, buxidanicophilie : tabatières, chalunopantaxophilie : pendules neuchâteloises, cochliophilie : cuillères, ésitériophilie : Titres de transport, molubdotémophilie : taille-crayons, opercuphilie : couvercles de petits pots de crème, schoïnopenxatophilie : cordes de pendus, vitolphiluménie :boîtes à cigares…

Elle m’expliqua qu’étant diabétique, elle était passée de glycophile (morceaux de sucre emballés) à périglycophile (emballages de sucre vides). N’ayant de cesse, elle devenait puxisardinophile (boîtes de sardines), salinophile (salières) et saponiphile (savonnettes)

Devant se marier avec son tégestophile, elle est sure que le jour où elle aura un enfant, il naîtra collectionneur. Il sera tout d’abord ovokindersurprisophile (oeufs Kinder)…. Et puis… elle espère bien qu’il sera le 4ème brickostampaphile en France. Ces amateurs recherchent des briques estampillées d’usine. Ce passionné en possède plus de 2.000 et estime sa collection à plusieurs « briques ».

Vous savez que je suis Monaphile, si, si. Gardez précieusement l’étiquette de cette bouteille, je suis œnosémiophile à dater de ce jour. Avec ce que je bois, je devrais étoffer ma collection rapidement. Allez Mona, on commence avec un Banyuls Grand Cru, Cuvée Réservée 1991 de la Cave de l’Etoile. Une gourmandise.

Femmes 2010

C’est en lisant mon journal ce matin, dans un lieu privé que je fréquente quotidiennement, que je me suis aperçu que j’ai oublié la journée de la femme hier. Il me fallait réparer cet oubli… C’est fait.

Mona, avec un jour de retard : bonne fête. Je vous propose un Amarone 1998 cuvée Capitel Monte Olmi de la maison Tedeschi : l’impression de manger des cerises confites. Une douceur comme vous, ma belle !

Tue la

Nous sommes en mai 1872, Dubourg rentre chez lui. Il habite le quartier Latin, rue des Ecoles (Paris, 5°arrondissement). Il trouve sa jeune femme, Louise 22 ans, au lit avec un homme. Son sang ne fait qu’un tour, il attrape une épée qui décore le salon et en larde généreusement son épouse.

Il le fait sans crainte de la justice. En effet, à l’époque (pas si lointaine), « le mari outragé a le droit de se faire justice lui-même ab iratio[1]« .

De grands noms de la littérature donnent leur avis ainsi Alexandre Dumas, dans « l’homme et la femme (1872) » écrit :

Si rien ne peut l’empêcher de prostituer ton nom avec son corps, déclare-toi personnellement le juge et l’exécuteur de cette créature. Ce n’est pas la femme, ce n’est même pas une femme ; elle n’est pas de conception divine, elle est purement animale; c’est la guenon du pays de Nod[2], c’est la femelle de Caïn ; TUE-LA !

Zola s’insurge :

M. Dumas nous crie, d’une voix de croquemitaine : « Si ta femme te trompe, tue-là ».
« Tue-là », c’est bête. .. C’est un homme audacieux, diable! Il vous dit de tuer, lui, sans toutes les sensibleries d’usage. Ah! ce grand innocent, vous avez pesé votre pavé, vous l’avez taillé pendant deux mois, vous en avez calculé la chute.
Eh non! vous êtes « bébête » avec vos gros yeux.
La question de la femme, l’éternelle lutte du féminin et du masculin, comme dit Mr Dumas, n’a de solution que dans l’usage commun de la vie. On pardonne, on tue selon son tempérament, sans que les législateurs ni les moralistes puissent intervenir. C’est le drame humain.
Mais il y avait, vous devez le comprendre un certain ragoût à conseiller le meurtre. Ce philosophe qui tue est la coqueluche des bourgeois bien mis.
Mon jugement est sévère, je le sais : ce n’est ni un penseur ni un écrivain original. Il a un style absolument factice, manquant de véritable haleine, empruntant une fausse chaleur à tout un système de phrases exclamatives. On lui a fait dans la littérature contemporaine une place mensongère, où il ne se tient que par le gonflement de toute sa personne, il en descendra vite.

Finalement le meurtrier Dubourg sera condamné à cinq ans de prison. En effet, on découvrira qu’il avait contraint sa femme à partager sa couche avec sa maîtresse. Dans les attendus du jugement, on peut lire que le mari « avait poussé dans la voie de la démoralisation avant de prétendre se venger. »

Mona pas de mari, heureusement ?


[1] Cette locution latine désigne l’acte réalisé de façon irréfléchie, sous l’effet de la colère ou de la folie.

[2] Le lieu, d’après le livre de la Genèse,  situé à l’Est d’Éden où aurait fui Caïn après avoir tué son frère Abel.

Rien à déclamer ?

Eugène Labiche régna sur le théâtre comique durant le second empire : plus d’une centaine de pièces à son actif. Et pourtant, il dut attendre 1880 (il avait 65 ans et plus de 40 ans de carrière) pour être élu à l’Académie Française. Il ne jamais autant invité à dîner en ville qu’après son élection. Devant l’afflux des invitations, il s’exclamait:
– Mais je ne savais pas qu’on était nourri!

A une de ces soirées « littéraires », comme aimaient en donner les femmes du monde de cette époque, la maîtresse de maison dirigeait avec autorité la conversation. Chacun devait parler et briller à son tour. Labiche, pendant le repas, fit un signe pour prendre la parole, mais la maîtresse femme lui fit comprendre que son tour n’était pas venu.

Quelque temps après, alors que les convives étaient au salon pour boire le café, elle se tourna vers lui en souriant aimablement :

– Eh bien! Monsieur Labiche, que vouliez-vous nous dire?
– Rien, Madame, rien…
-Mais enfin vous avez levé la main tout à l’heure.
– Oh! Madame, répondit-il, çà n’a plus d’importance : je voulais seulement qu’on me passât le sel.

Bon Mona, laissez moi parler sans retard, je vous prie ; j’ai seulement besoin de deux verres. Avec Labiche, que pensez vous d’un Pomerol : Tour Maillet 2006. Sur sa jeunesse, ce vin offre des jolis fruits et une note de vanille.