Arriver à pied par la Chine

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Le Canard Enchainé vient de faire paraître un article sur Sodexo, le leader mondial de la restauration collective Que vous soyez dans une école, un hôpital, une prison, une cantine d’entreprise, vous pouvez ingurgiter un menu sorti de leurs usines. Dans l’article, le journaliste raconte que lors de la dernière rentrée scolaire en Allemagne, 1100 enfants ont subitement repeint les toilettes de leur classe et de leur domicile. Après enquête, c’est un dessert à base de fraises qui est à l’origine de cette gastro-entérite. Il faut dire que ces fruits avaient voyagé avant de finir dans cette école. Jugez plutôt. Un chargement de 44 tonnes de fraises quitte par bateau la Chine pour le port d’Hambourg : durée de la traversée, environ 1 mois. Fraîchement débarquées (si j’ose dire), elles poursuivent leur périple à bord d’un camion direction Dresde et c’est là que Sodexo les a achetées. Mais la multinationale est généreuse. Chaque enfant ayant eu la courante s’est vu remettre un bon d’achat de 50€ de fournitures scolaires. Merci qui ?

Vu le tonnage traité chaque jour, on comprend qu’un accident de ce genre se produise.

Mais est-ce bien nécessaire d’acheter des fraises en automne et de leur faire traverser la moitié de la terre quand la charte de la société affirme vouloir préserver l’environnement et sélectionner drastiquement ses fournisseurs.

Et puis, un petit conseil au directeur de la communication de Sodexo. En naviguant sur le site de Sodexo, on peut lire :

Nous avons éliminé 15 espèces de poisson en voie d’extinction dans le cadre de notre partenariat mondial avec WWF….

Certes en lisant la suite on comprend qu’il s’agit d’éliminer de leur liste d’achat un certain nombre d’espèces en voie d’extinction, mais ne serait pas plus clair de mettre : nous avons éliminé de nos menus 15 espèces…

Bon Mona, envie de fraises en hiver ? Ne me dîtes pas que vous vous êtes faite arrondir le globe, que vous avez une maladie de 9 mois ? Ouf, vous me rassurez ! Sinon avec qui j’aurais dégusté ce Château Chainchon Les Truffières 2009. Ce Bordeaux sis à Castillon La Bataille m’a toujours envouté par ses arômes de fraises des bois. Bravo Patrick Eresue !

Faut pas péter plus haut que son cru

Mona, on voit que vous avez passé beaucoup de temps avec Charles...

Charles Monselet est un écrivain du XIX° siècle auteur d’une cinquantaine d’ouvrages de tous genres. Fort connu pour son coup de fourchette, il fut chroniqueur de la Revue des Gastronomes et du Gourmet. Il a laissé nombre de poèmes qui vantent les jolis produits de la cuisine Française. J’ai retenu celui dédié aux vins de :

BOURGOGNE ET BORDEAUX 

Au seul Bordeaux toujours fidèle, 
Buveur d’hier et d’aujourd’hui, 
j’admets que pour plus d’un rebelle 
L’éclair d’un autre vin ait lui. 

A quoi bon fuir le parallèle 
Avec un loyal ennemi? 
Disons que le Bordeaux c’est Elle, 
Et que le Bourgogne c’est Lui. 

A Lui les airs fiers et superbes ! 
Coquelicot parmi les herbes, 
Il se croit l’honneur du bouquet.

Elle, plus discrète en sa flamme, 
Sourit d’un sourire coquet… 
Le vin de Bordeaux, c’est la femme.

Même si cette habitude d’attribuer de la virilité aux Bourgognes et de la féminité aux Bordeaux est largement fausse. Tout amateur pourrait dire que les tannins des Bordeaux leur donnent une puissance que n’ont pas les vins de Bourgogne… Mais enfin, le plus important est qu’à cette époque, Monselet chantait le vin sans risque de rencontrer les ligues antialcooliques.

Mona, sortez donc deux verres, je vous prie et goûtons ce vin de Bourgogne : Gevrey-Chambertin 2001 de Geantet-Pansiot. Un vin fin, délicat. Alors Mona, féminin ou masculin ce Gevrey ?

 

Saint et millions

Comme je peux plus les boire, je les peins

Alors que Lépicurien faisait la promotion de la bande dessinée de Simmat et Bervovici, un article du Nouvel Observateur tombe à pic. Les auteurs des Caves du CAC 40 ont vu juste : le vin, çà peut être le jack pot : des rentabilités incroyables, voire indécentes.

Une image parlant plus qu’une longue phrase :

Et les informations qui circulent sur le prix des primeurs 2010 de ces châteaux devraient encore améliorer la marge…

Mona ldorado, c’est vous !

Le « connaisseur »

buveurTout le monde en a un dans sa famille ou parmi ses relations. Que ce soit à table, lors de la soirée d’inauguration d’une foire aux vins, à Vinexpo (parce que le copain d’un copain de son oncle maternel a travaillé dans un château et lui a obtenu une invitation, bien qu’il ne soit pas professionnel) ou à la Saint-Vincent bourguignonne, son comportement est le même : un rapide tour d’horizon et il se précipite vers les appellations prestigieuses ou les grands crus. D’entrée, ses aristocratiques papilles dédaignent les “ petits ” St Emilion, les “ petits ” Pommard. Pour lui, un Médoc s’efface devant un Haut-Médoc qui par définition ne peut rivaliser avec un Pauillac. Il est péremptoire : “ je n’en goûterai que deux ou trois…mais uniquement des grands ! ”.

Il connaît par coeur le cru qu’il a dans son verre : parfois, son verbiage descriptif ampoulé commence avant même d’avoir eu le vin dans la bouche. Il recrache, non pas le vin (« c’est trop bon, quoi… »), mais le dernier commentaire de son gourrou américain dont il a lu et appris tous les ouvrages. Il vous met en demeure d’apprécier et aura, de toute façon, toujours le dernier mot : quel merveilleux vendeur ferait-il dans la grande distribution ! Voler au secours du succès est sa vocation.
Faites-lui goûter une de vos découvertes, un de ces vins d’oenophile, il condescendra à y trouver quelques mérites mais… mais… il ne pourra s’empêcher d’ajouter : “ il ressemble à château X , en moins étoffé, bien sûr ” ou “ à Clos Y, mais en bien plus acide ”. Vous ne le surprendrez jamais : il connaît tout ; du moins tout ce qui a déjà été sacralisé :

c’est le “ buveur d’étiquettes ”.

Chassez le naturel, il revient toujours au goulot !!!

L’esprit dès l’oie

confit-oieAu début du XVIII° siècle, existaient à Bordeaux deux académies réunissant les personnalités des arts et des lettres les plus connues et les plus reconnues. Ces notables se réunissaient, les uns, dans une auberge des environs où l’on préparait d’excellents escargots, les autres, chez un restaurateur célèbre pour les cuisses d’oie qu’on y servait. Le petit peuple se moquait de ces réunions à la fois doctes et gourmandes et avait baptisé la seconde de ces compagnies “l’académie de l’austi roustit” (l’oie rôtie). De cette dernière, devait naître l’Académie des sciences, belles lettres et art de Bordeaux dont Montesquieu fut l’un des membres les plus respectés