Bien sûr, l’accessoiriste teint les calèches

Un grand merci à Jean Sébienplus qui, à la lecture du texte remarquable du Patron Lépicurien sur Erich Von Stroheim, m’apprend que ce cinéaste était un perfectionniste. Ainsi en 1922, sur un plateau de tournage d’Hollywood, il tourne son troisième film muet : Folies de Femmes. Pour une scène, on a reconstitué le casino de Monte Carlo et deux mille figurants sont là pour applaudir l’arrivée du carrosse du Comte Sergius Karamzin, joué par Stroheim lui-même.
Erich Von Stroheim lance «moteur» et la foule applaudit ; le carrosse avance et l’acteur descend, rentre dans l’hôtel et se dirige vers la réception. Il appuie sur la sonnette. Aucun son n’en sort. Von Stroheim, fou de rage s’écrie : – Coupez.

Le producteur fait remarquer au cinéaste que pour un film muet, ce manque de son n’aura pas d’incidence. Mais Von Stroheim est fou de rage et s’en prend à l’accessoiriste :
-J’ai déjà dit que je voulais que tout doit être réel, réparez cette cloche et on la refait.

Le producteur transpire à grosses gouttes, s’effondre dans son fauteuil et compte la perte due à ce caprice.

La cloche est réparée et la scène retournée.

Mona écrit ce texte, mais vous ne l’entendez pas, on le refait ?…

Faîtes chauffer l’alcool

Le Prince de Galles et sa Suzette

C’était au Café de Paris à Monte-Carlo et ce soir là, le 31 janvier 1896, j’ai servi le Prince de Galles. C’est un grand honneur qui m’a été fait. Au dessert, le pâtissier-chef avait prévu de lui proposer des crêpes selon la recette de Monsieur Escoffier. C’est moi qui devais les réchauffer en salle et les imbiber d’un mélange subtil de curaçao et de liqueur de mandarine.
Que m’est-il arrivé ? L’émotion, le trac, la fatigue ? Toujours est-il que j’ai penché un peu trop la poêle et que la liqueur s’est enflammée. Mon chef de rang, bien que pris au dépourvu, s’empara de la poêle et continua le flambage.

Le Prince semblait aux anges, ce qui devrait m’éviter tout reproche. Il m’appela pendant que l’alcool finissait de brûler et me demanda le nom de cette recette.
Je lui répondis qu’elle avait été créée spécialement pour lui et qu’elle porterait son nom. Mais le Prince de Galles qui était en charmante compagnie, décida de la dédier à la belle. Elle se prénommait Suzette. Voilà, vous savez tout…

C’est ainsi qu’Henri Charpentier qui fut le cuisinier des Rockefeller, racontait son aventure.

Personne n’est jamais venu le contredire jusqu’à sa mort en 1961. Et pourtant, on peut douter que cette belle histoire soit vraie.

En effet, en 1896, H.Charpentier était âgé de 16 ans. On imagine mal qu’une maison de cette notoriété, recevant un client aussi prestigieux, ait confié le service à un serveur aussi jeune. De plus, Léon Daudet rapporte qu’un restaurant parisien avait à sa carte une recette portant ce nom depuis plusieurs années…

Par contre, en véhiculant ces souvenirs aux Etats-Unis, il en fit un des desserts les plus populaires de la bourgeoisie et des hommes d’affaires.

Mona pas de dessert à son nom… alors inventez en un. Envoyez moi vos recettes, merci d’avance.