C’est un brie qui court

La TRADITION et les vieilles habitudes ont la vie dure en France. C’est au moment où l’on amène le fromage, que l’on se sent obligé d’ouvrir la bouteille de derrière les fagots. Et combien de bouteilles de grands vins, issu d’un grand millésime, ayant dormi de longues années en cave, finissent sur une table confrontées à un camembert, un maroilles…  et meurent en direct dans une indifférence générale. Quel gachis !!

Certains sommeliers n’hésitent pas à déclarer :1066622591_3fc56e9278_o

Il vous reste une bouteille de mauvais vin rouge ? Servez-le donc avec un peu de fromage. Après quelques bouchées, personne ne fait la différence entre un vin d’exception et un «gros rouge qui tache».
Deux chercheurs de l’Université de Californie à Davis, ont fait tester des vins de qualité variable, avec ou sans fromage, par des goûteurs expérimentés et ont découvert que le fromage faisait disparaître les arômes, l’acidité et l’astringence de tous les vins, qu’ils soient très bons ou mauvais.
Ce sont probablement les protéines du fromage qui empêchent les arômes de s’exprimer ou le gras qui masque les récepteurs du goût.

Alors, votre prochain grand flacon de vin rouge, servez le plutôt avec la viande. Et pour le fromage, contentez vous d’un vin rouge jeune et peu tannique (Loire, Beaujolais…) ou d’un vin blanc sec, notamment pour les fromages de chèvre, ou par exemple, d’un vin moelleux ou liquoreux pour accompagner les fromages bleus (Roquefort, Fourme …). Vous découvrirez de nouvelles sensations.

Mona, si vous allez chez le fromager, rapportez donc un morceau de Comté de 12 mois. Je vous ferai découvrir un mariage fabuleux avec le Vin Jaune.

Chaque chose en son temple

lerinsSituée en face de Cannes, à environ 800 mètres du célèbre Palm Beach, les îles de Lérins sont un havre de paix depuis plus de 1500 ans.

Au Vème siècle, une communauté monastique a été fondée par un noble gallo-romain, Saint Honorat, accompagné de Saint Caprais.  Ils étaient venus chercher un lieu de solitude.

Selon une légende due à un moine du XIVe siècle, les saints hommes, à leur arrivée trouvent une île infestée de serpents.  Pour les chasser, Honorat provoqua un raz-de-marée. Pour ne pas se noyer, les deux hommes se réfugièrent au sommet d’un palmier.

Rapidement, le monastère de Lérins devint un des principaux pouvoirs économique et politique de Provence. L’île devint également un important centre de pèlerinage. L’abbaye rayonna durant tout le Moyen Age, fondant de nombreux villages dans la région (Valbonne, Le Cannet…).

À l’approche de l’an Mil, époque où l’on prédisait la fin du monde, de nombreux seigneurs devant se faire pardonner avant l’apocalypse, firent d’importants dons aux églises, abbayes et couvents. C’est ainsi que le comte d’Antibes fit don du village de Cannes à l’abbaye de Lérins. La palme d’argent sur champ d’azur était l’emblème de l’abbaye. La palme est toujours présente sur le blason de la ville de Cannes comme sur celui de Valbonne, le Cannet

Blason_Cannes
Blason de la ville de Cannes

Après avoir traversé plus d’un millénaire malgré les pirates génois et barbaresques, malgré les armées autrichiennes, espagnoles et les attaques sarrasines, la communauté monastique de Lérins fut victime finalement du désintérêt du pouvoir royal au XVIIIème.

Au milieu du XIXème siècle, l’île fut rachetée par l’Eglise et une nouvelle communauté rebâtit le monastère, reprenant le cours de quatorze siècles d’histoire.

De nos jours, les moines exploitent ce petit terroir de 36 hectares dont 7 hectares de vignes. Ils y produisent un vin blanc et un vin rouge dont la notoriété dépasse largement les frontières.

palme-cannesLa vie monacale est bien éloignée des paillettes du Festival de Cannes. Et pourtant, chaque année, à Cannes, on remet la Palme d’Or à quelques encablures du monastère.


Mona se terre… devant vous !

Il est drôle Sul-ly

henri-lv_marie_de_medicisMarie de Medicis arriva à la cour d’Henri IV avec une escouade de filles italiennes particulièrement « rabat-joie ». Cela agaça le Sieur de Rosny. Or, à cette époque, on ne servait que rarement le vin pur. On le coupait avec de l’eau. Avec un vin d’Arbois généreux, il fit tenir sur la table « plein les aiguières d’un excellent vin blanc aussi clair qu’eau de roche« . Les jouvencelles baptisèrent (coupèrent) à foison le peu de vin qu’elles se croyaient servir…
Le Roi les voyant, pour une fois, de bonne humeur et un peu plus délurées, se douta que Rosny leur avait joué un tour à sa manière.
Rosny, le futur Sully, ne fut pas toujours l’austère ministre que nous ont légué nos manuels d’Histoire !

De même, au Château Carbonnieux (Cru Classé des Graves, appellation Pessac Léognan), on vous contera l’histoire de cette belle qui fut favorite du Sultan. Pour continuer à consommer le jus de la treille, elle faisait venir des bouteilles de vin blanc du Château dont la couleur était bien claire et faisait apposer des étiquettes indiquant : « eau minérale de Carbonnieux ».

Mona, pour vous remercier d’avoir rédigé des articles durant ma courte absence et surtout pour le plaisir, nous allons goûter  cette eau de Carbonnieux.

Trinquons

convivialLa sympathique coutume d’entrechoquer les verres perdure surtout lors des fêtes familiales, noces, banquets et autres réunions de comices agricoles. La fragilité de nos verres de table nous incite à les lever en signe d’honneur plus qu’à trinquer. Au Moyen-âge ce n’était pas de discrets tintements, de cristallins tintinabulements : les lourds gobelets de métal se percutaient violemment avec projection d’une grande quantité de liquide. Les contenus des contenants s’entremêlaient, preuves qu’elles ne contenaient pas de poisons et que l’on était en confiance…
Valait-il mieux trinquer chez les Borgia que souper à la maison ?…  Pas sûr, l’empoisonnement se pratiquait surtout en famille ! !

Mona trinqué à votre santé. Tchin, tchin [1]


[1] Depuis 1935, formulation utilisée pour trinquer. Semble venir d’une salutation empruntée au pidgin de Canton : tsing, tsing.

Citations

vins-de-france

Rien de tel que de lire quelques citations sur le vin… surtout si l’on est à la plage : çà rafraîchit.

  1. Je lègue ma cave à ma femme sous réserve qu’elle se remarie. Après ma mort, un autre que moi connaîtra l’Enfer et le Paradis sur terre.
    Paul Scaron
  2. – Monsieur, si j’étais votre épouse, je mettrais du poison dans votre vin !
    – Madame, si j’étais votre mari, je le boirais.
    W. Churchill
  3. De la naissance à la mort, la route est bien courte. Je la prolonge en zigzagant.
    Claude Aveline
  4. Qui sait déguster ne boit plus jamais de vin mais goûte des secrets.
    Salvador Dali
  5. Boire du vin, c’est boire du génie.
    Charles Baudelaire
  6. L’appétit vient en mangeant, la soif disparaît en buvant.
    François Rabelais
  7. Les bons crus font les bonnes cuites.
    Pierre Dac
  8. Une belle femme et le vin font de doux poisons.
    Proverbe Oriental
  9. La pénicilline guérit les humains ; le vin les rend heureux.
    Sir Alexander Fleming

Mona doucie par les vers et les verres

C’est à boire… qu’il nous faut

LES-AMANTS-DU-PONT-ST-JEANTout le monde connaît la chanson « Boire un petit coup, c’est agréable ». Avec « Frère Jacques », c’est la chanson française la plus connue au monde. Il n’ya guère de réunions amicales, de banquets, de noces… où elle n’est reprise en chœur. Mais bien souvent, seul, le premier refrain est connu. Et pour cause… cette chanson a été composée par Félix Boyer en 1910 durant son service militaire[1]. Le Théâtre aux Armées en fit un succès durant la première guerre mondiale. Mais c’était sous son titre initial : « Allons dans les bois, ma mignonette ».

Il faut attendre 1947 : Valbonne écrit un couplet pour le film « Les amants du pont Saint-Jean » en reprenant la musique de F. Boyer. Ce couplet, chanté par Michel Simon et Gaby Morlay, aura un tel succès, qu’il donna son titre à la chanson. En lisant l’intégralité des couplets, on voit bien que le premier et les suivants sont fort différents. Autant le premier couplet est une invitation à boire, autant les suivants sont paillards. Mais le fait de boire un petit coup ne favorise-t-il pas les choses de l’amour ?

guinguetteBoire un petit coup c’est agréable
Boire un petit coup c’est doux
Mais il ne faut pas rouler dessous la table
Boire un petit coup c’est agréable
Boire un petit coup c’est doux

Allons dans les bois ma mignonnette
Allons dans les bois du roi !
Nous y cueillerons la fraiche violette
Allons dans les bois ma mignonnette
Allons dans les bois du roi !

Non Firmin, tu n’auras pas ma rose
Non Firmin, tu n’ l’auras pas
Car monsieur le curé a défendu la chose
Non Firmin, tu n’auras pas ma rose
Non Firmin, tu n’l’auras pas

J’aime le jambon et la saucisse
J’aime le jambon, c’est bon !
Mais j’aime encore mieux le lait de ma nourrice
J’aime le jambon et la saucisse
J’aime le jambon, c’est bon !

Pendant qu’on y est, je vous livre les paroles d’une autre chanson indispensable aux agapes en tout genre, même si elle fait plutôt salle de garde…

guinguette2Amie Mona, Amie Mona, lève ton verre
Et surtout ne le renverse pas.
Et porte-le au frontibus,
Au nazibus,
Au mentibus,
Au ventribus,
Au sexibus,
Et glou et glou et glou …
Elle est des nôtres,
Elle a bu son verre comme les autres.
C’est une ivrogne,
Çà se voit rien qu’à sa trogne.

Et pour les nostalgiques de la valse musette, cet hymne au vin populaire.

Ah ! le petit vin blanc
Qu’on boit sous les tonnelles
Quand les filles sont belles
Du coté de Nogent
Et puis de temps en temps
Un air de vieille romance
Semble donner la cadence
Pour fauter, pour fauter
Dans les bois, dans les prés
Du côté, du côté de Nogent

De nos jours, cette chanson serait peut-être censurée en France. Le vin n’y est plus en odeur de sainteté. Serge Lama le dépeint bien dans une de ses chansons :

Aux communions quand je chante « le petit vin blanc »
Je deviens la risée de mes propres enfants
Je me fais traiter de tocard
De réactionnaire, de ringard
Par mes bâtards

Bon Mona, çà s’impose, un petit coup de blanc ? C’est vrai c’t’histoire que les femmes aiment le goût du blanc ?


[1] Epoque propice à la découverte ou l’approfondissement des plaisirs bachiques

Boire la coupe jusqu’…au lit

ivre-mortL’abus de boisson provoque souvent un sommeil profond (aussi profond que le sommeil du juste ?). Dans certains coins de Bourgogne, on présente le début d’ivresse comme « prendre son lit en marche ».
Etre ivre tous les soirs, c’est « prendre son lit pour une tirelire », car régulièrement, on y met un « gros soûl dedans ».

Mona, versez donc un Muscadet … sur Lie…

Tire-bouchon

tire bouchon5

Pour un bon tire-bouchon, combien d’objets niaiseux ? De gadgets ? ! !..Vrilles faisant forets taraudant le bouchon, le découpant ; les qui pincent les doigts, massacrent les phalanges, endolorissent la paume de la main…

  1. Le bon couteau sommelier, outil de professionnel (faisons leur confiance) : il fait levier, il doit faire 6 cm de long et avoir 5 spires.
  2. Le “ screw-pull ” est d’emploi facile mais perçant le miroir, de légers débris de bouchon sont à craindre.
  3. Les injecteurs de gaz qui expulsent le bouchon sont remarquables pour… traumatiser les vins vieux !tire bouchon6
  4. Les bi-lames demandent un petit coup de main… mais laissent le bouchon intact et pas de dépôt dans le flacon.

TIRE-BOUCHON002Qui fut inventé en premier ?
Le bouchon ou le tire-bouchon ?
L’œuf ou la poule… air bien connu !

Un simple T en acier torsadé apparaît en Angleterre vers 1680. Cet objet, dérivé des tires-balles de l’armée, a un usage plus pacifique. Le tire-bouchon est né et il est bien anglais : la vrille est dextrogire (qui tourne à droite)… cette forme ne survit plus que chez les marchands de farces et attrapes. Devenu objet culte ; Chablis, Rouen, Ménerbes possèdent leur musée du tire-bouchon. Certaines  pièces de collection coûtent plus cher qu’une caisse de grand vin ! A tout choisir…préférons l’essentiel à l’accessoire.

En allant sur cette adresse, vous trouverez quelques jolies pièces de collection (en anglais) et sur ce site, une magnifique collection (en espagnol).

Bon, Mona, puisque vous avez un tire-bouchon, sortez donc deux verres…

Macabeo ou Maccabeu

macabeo-viuraDans la Rioja, on l’appelle « viura ». Son succès y est tel qu’il a supplanté presque tous les autres cépages blancs de la région (90%). Son rendement est généreux, son goût fruité et il résiste mieux à l’oxydation que la malvoisie ou le grenache blanc. Il donne des vins aromatiques à forte dominance florale. Il faut le boire assez vite car il perd très rapidement de sa fraîcheur. En Espagne on le rencontre aussi en Catalogne, en Navarre et dans le Penedes. Il sert de base aux mousseux industriels (Codormiu, Freixenet). Avec 7 000 ha, la France est loin derrière les 50 000 ha plantés en Espagne. On le trouve dans les Pyrénées Orientales pour la production de l’A.O.C. Côtes du Roussillon blanc. Il participe un petit peu à l’assemblage de certains vins doux naturels. Pour lui conserver de la vivacité, on le vendange assez tôt. De qualité moyenne, il a tendance à surproduire en sols fertiles. Ce caractère fougueux lui donne peu d’avenir dans les grands terroirs.

Mona, si on passait aux travaux pratiques… allez, sortez deux verres.

Rosse pour rosse

gbshaw-owilde

Lequel d’Oscar Wilde[1] ou de George Bernard Shaw[2] avait le plus d’esprit ? Difficile de départager ces deux écrivains Irlandais. Pour preuve, cette savoureuse anecdote :

Oscar Wilde, alors qu’un de ces pièces allait être jouée, eut l’attention délicate d’adresser à son vieux ami mais rival, George Bernard Shaw , deux places pour le soir de la générale. Malheureusement, il ne put s’empêcher de les accompagner d’un petit mot après avoir trempé sa plume dans du vitriol :
« Je vous envoie deux places. Vous pourrez ainsi amener un ami …
si toutefois vous en avez un!
« 

Par retour du courrier il fut remercié par le billet que voici :
« Merci pour les places que vous m’avez fait parvenir. Désolé, je ne suis pas libre ce soir-là, mais je viendrai à la seconde représentation … Si toutefois, il y en a une! »

Un partout, balle au centre. Mona, saviez vous qu’Oscar Wilde a écrit : « Pour connaître l’origine et la qualité d’un vin, il n’est pas nécessaire de boire le tonneau entier ». C’est très beau tout çà, mais çà ne doit pas nous empêcher d’écluser un petit godet, hum ?


[1] Oscar Wilde (écrivain et poète, Dublin 1854, Paris 1900)

[2] George Bernard Shaw (Dublin 1856 – Ayot Saint Lawrence -au nord de Londres- 1950) critique musical et dramatique irlandais, essayiste, scénariste, et auteur célèbre de pièces de théâtre. Nobel de littérature en 1925.