Mener les gens à la braguette

mona-braguette

Jusqu’au XIVe, hommes et femmes portaient la robe. Puis les hommes enfilèrent des pourpoints[1] et des chausses[2]. Pour joindre le tout et cacher leurs génitoires, on ajoute un morceau de tissu tenu par des lanières qu’on appelle aiguillettes : l’ancêtre de notre braguette. Les bas n’étant pas munis de poches, c’est la braguette qui en fait office. On prend vite l’habitude d’y loger son mouchoir, ce qui a pour effet d’augmenter le volume de l’entre-jambes. Puis, fiers d’exposer leur virilité, les nobles le rembourrent et lui donnent des formes de plus en plus suggestives. En y ajoutant des couleurs vives, l’attention des dames était obligatoirement attirée par le pochon dressé. Le paroxysme est atteint au XVIe siècle. C’est tellement vaste que l’on peut y loger sa bourse à coté de ses bourses ou même une pomme que l’on fera mûrir avant de la faire croquer bien réchauffée à sa belle. Finalement la braguette conçue pour cacher l’essentiel devient l’emblème de la sexualité affichée haut et fort. Un comble ! Avec la contre-réforme, la braguette exubérante disparaît.

Quand je pense que nos contemporains s’indigent parfois de la triche féminine qui use wonderbra et culottes amaigrissantes pour vous aguicher, je me dis qu’il fut un temps pas si éloigné où les mâles grossissaient artificiellement et démesurément l’apparence de leur petite aiguille de calcif.

Mona pas besoin d’artifices. Qu’on se le dise.


[1] Juste-au-corps très serré et très court
[2] Bas moulants qui s’arrêtent aux cuisses

Ah, rends-moi mon poisson

mona-harengs

La guerre de cent ans a duré évidemment un bail et à l’époque, on aimait bien encercler les villes pour affamer les habitants et les contraindre à se rendre. En 1428, les Anglais font ainsi le siège d’Orléans. Il faudra que Jeanne d’Arc vienne en 1429 pour que la ville s’en sorte. Pour soutenir la population assiégée, les pêcheurs normands expédient des tonnes de harengs, poissons gras fort nourrissants. Mais un convoi parti au cours d’un hiver particulièrement froid, est pris dans une grosse tempête de neige. Les hommes décident de s’arrêter plusieurs jours à Lieurey qui est situé à 35 km de la mer. Dans cette paroisse de l’Eure, ils vendent leur cargaison aux plus offrants pour ne pas tout perdre.

Comme toujours on ne sait si c’est un fait ou une légende. Toujours est-il que depuis le Moyen-âge, chaque année a lieu en ce jour de la Saint-Martin, la foire aux harengs de Lieuré (Eure). On y vend des tonnes de poissons, on en grille et un concours du plus gros mangeur de harengs est organisé. Le vainqueur est celui qui en engloutira le plus en une heure. Pour espérer décrocher le titre, je vous informe qu’il faut ingurgiter environ 1.5 kg de poiscaille…

Ma chère Mona, vous allez me demander pourquoi je parle aujourd’hui de cette fête qui ne se déroulera qu’en novembre. Et bien parce que je vous ai inscrite et que ces dix mois ne seront pas de trop pour vous entraîner. L’honneur de notre journal est en jeu. Aussi, je vous ai amené quelques harengs que j’accompagnerai d’un vin blanc du Vendômois. Le domaine de Patrice Colin offre un vin 2010 tendu, minéral qui vous aidera à digérer votre pitance maritime. Allez Mona, top départ… Et puis du Colin sur du hareng, ça doit le faire !

Loth de consolation

mona-loth-2

Troisième et dernier jour du défi Sand. Qui va gagner ? Récemment, Victor a vidé ses vers et ses boyaux. Plus scato, difficile ! Je ne suis pas certaine que cela t’ouvre le droit à posséder le frifri de la George, mon pauv’ Totor. Faudra aller te consoler auprès de ta Juliette Drouet.
Alfred lui, il choisit le triquard, le genre film interdit au moins de 18 ans. Il en met et en rajoute ; de quoi faire baver la Berrichonne autant qu’un bouledogue devant une boucherie. Et il gagne haut la main. A lui, Aurore Dupin, baronne Dudevant. Youpi !
Je suis donc tenue de vous inviter à éloigner les enfants et les vierges (s’il en reste) de cet écran ; ce qui suit est hard.

Sarah, le juge ment

mona-tribunal-pudeur

Le 8 février 1893, les étudiants des « Quat’ z’arts » (Beaux Arts), organisèrent au Moulin-Rouge, la 2ème édition de leur bal annuel. Leurs modèles furent invitées. Parmi ces jeunes femmes, était présente Sarah Brown, non seulement modèle au Beaux Arts mais également d’artistes peintres. Elle fut déguisée en Cléopâtre. Manon, elle vêtue de gaze, fut promenée sur un palanquin et finit quasiment nue…

De quoi irriter le Sénateur René Béranger, surnommé le Père le Pudeur ! Il déposa plainte pour outrages aux bonnes mœurs  et outrage public à la pudeur. Rien que ça.
Le procès se déroule en juin 1893 au Tribunal Correctionnel de la Seine. La lecture du compte-rendu est à lire. Rire garanti.
Il est à noter que suite au jugement des manifestations étudiantes se déroulèrent à Paris et dégénérèrent. Au cours des heurts avec les forces de l’ordre, on déplora un mort.

Mais revenons à Sarah Brown, de son vrai nom Mlle Royer. Raoul Ponchon, au moment du procès, écrivit ces deux vers :

Oh ! Sarah Brown! Si l’on t’emprisonne, pauvre ange,
Le dimanche, j’irai t’apporter des oranges.

De là à croire que l’expression «j’irai te porter des oranges» vient de là ! Pourquoi pas ?

Ma chère Mona, si le père Béranger revenait ici-bas, il aurait du boulot. Mais il est temps de goûter un Givry 1er cru En Veau 2011 du Domaine Masse. Un vin au nez et bouche de cassis qui mérite d’attendre un peu mais qui est déjà fort plaisant sur une viande rouge.

Qui se marie par amour, a bonnes nuits et mauvais jours.

mona-mariee-dot
Une mariée généreusement dotée

De nos jours, il semble évident que l’on se marie le plus souvent par amour. Mais vous savez bien qu’il n’en fut pas toujours ainsi. Notamment pour la noblesse, le mariage était l’occasion de protéger voire d’augmenter le patrimoine. Aussi ce sont donc les parents qui choisissaient pour leurs enfants le conjoint idéal pour la famille. Une fille bien dotée était l’assurance de revenus réguliers pour le couple. Aussi même si la dulcinée était un laideron, son capital lui donnait une certaine beauté et puis de toute façon, le mari allait chercher ailleurs ce qu’il n’avait pas chez lui. Oscar Wilde disait cela très bien «La meilleure façon de se conduire avec une femme, c’est de lui faire l’amour si elle est belle, et de le faire avec une autre si elle est laide.»

Et j’aime beaucoup ce conseil que Madame de Flahaut distillait à son fils Charles pour le dissuader de faire un mariage d’amour : «Souvenez-vous, mon fils, qu’il n’y a qu’une chose qui revienne chaque jour dans le ménage, c’est le dîner». Et elle en savait quelque chose, elle qui avait épousé à 18 ans, le comte Charles-François de Flahaut de la Billarderie, maréchal de camp, intendant des jardins et du cabinet du roi. Elle rapporta dans ses écrits que ce mari ayant 36 ans de plus qu’elle, la laissa bien seule dans son lit ; en un mot, le mariage ne fut jamais consommé.

Diantre, fichtre et corne de bouc, me diront les plus observateurs d’entre vous. Vous venez de dire que Madame de Flahaut donnait conseil à son fils … Mais alors qui est le père, comme dirait Rachida ? Surement l’homme avec qui elle vécut maritalement durant plus de 10 ans, celui qui fut évêque d’Autun, homme d’Etat, diplomate, Prince de Bénévent : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord.

Mona pas de dot, mais est tellement bien dotée par la nature… Qu’on se le dise !