Mona reine : ole !

Si je suis reine, vous me verrez à Saint-Denis

A plusieurs reprises, nous avons évoqué la Basilique Saint-Denis. C’est en ce lieu que depuis le XII° siècle, les rois de France sont enterrés. Pourquoi Saint-Denis, pourquoi pas Notre-Dame ?

C’est un homme, de naissance modeste, qui fit de l’abbaye de Saint-Denis, petit couvent inconnu et endetté, une « entreprise florissante » et nécropole des souverains. Il se nomme Suger. Né vers 1080, il est donné par son père à l’abbaye de Saint–Denis. Cette pratique assez fréquente assurait à l’enfant de faire des études et soulageait la famille ne pouvant élever ses enfants.

Il prononce ses vœux religieux à l’âge de 20 ans. A 42 ans, il est élu abbé de Saint-Denis. Il se consacre au redressement spirituel et matériel de l’abbaye. Il devient conseiller du roi. En 1147, le souverain, en partant en croisade, lui confie le gouvernement du royaume.

Et à l’aube de ses 60 ans, il s’engage dans des travaux gigantesques. Saint-Denis est l’une des premières et plus imposantes églises gothiques. Les travaux de la nef seront interrompus en 1147, faute de financement au départ de la deuxième croisade et ne seront achevés qu’au XIII° siècle.

Ses contemporains diront de lui qu’il était resté modeste et uniquement soucieux de beauté et de richesse pour son abbaye et sa basilique.

Dans ses écrits, Suger souligne :

Plus la main divine, aussi douce que puissante, relevant le pauvre de son fumier pour le faire asseoir avec les princes, me tirait de ma bassesse pour m’élever au premier rang, plus aussi, elle me rendait humble et, en dépit de la fragilité humaine, fidèle en toutes choses.

Mona pleuré tellement c’est beau

Capitulation de ces dents

Mona aux Invalides devant le tombeau de Turenne

Hier, Mona vous a évoqué cette période noire où les révolutionnaires tuèrent à tout va et s’attaquèrent aux dépouilles des rois en la Basilique de Saint Denis.

Henri Martin Manteau était sur place le lundi 14 octobre 1793. Il se trouva auprès du cercueil de Turenne. Il était ouvert et placé sous une arcade de la basilique. Le corps était dans un état parfait de conservation. Le rédacteur souligne qu’il vit même la marque laissée par le boulet de canon qui avait tué Monsieur le Vicomte.

« Le corps du grand homme serait allé rejoindre ceux des Bourbons dans la fosse commune sans l’intervention de plusieurs assistants ». « Il fut remis au gardien de l’église nommé Host. Il conserva cette momie dans son cercueil et la déposa dans la petite sacristie de l’église. Il exposa les restes aux regards des curieux moyennant une petite rétribution. Il organisa même un ignoble trafic. Il arracha toutes les dents de Turenne pour les vendre aux visiteurs. Un jour Camille Desmoulins voulut posséder un souvenir du grand soldat. Mais il ne restait plus de dents. A défaut, il se fit céder un doigt, que Host détacha du cadavre desséché.

Huit mois s’écoulèrent avant qu’un professeur du Muséum vint voir le cadavre de Turenne. Il fut frappé par l’excellent état de conservation du corps. Il réclama la momie qui fut déposée dans une galerie d’histoire naturelle du jardin des Plantes, entre les restes d’un éléphant et ceux d’un rhinocéros.

Ce ne fut qu’en 1800 et sur l’ordre du Premier Consul, que le corps du Maréchal de France fut transféré aux Invalides.

Mona, buvons un « coup » ou un « canon », si vous préférez, à la mémoire d’Henri de La Tour d’Auvergne né à Sedan, vicomte de Turenne. Pour ce, je vous invite à approcher votre verre pour y verser un Alsace 2009 du Domaine Marcel Deiss. Ce vigneron a révolutionné le vignoble alsacien. Quel vin !

Posthume d’hiver

brillat_savarin3En octobre 1825, Jean-Anthelme Brillat-Savarin, âgé de plus de 75 ans, publie à compte d’auteur un ouvrage : Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante. Ce livre, référence de la gastronomie est toujours édité depuis cette date.

Le 21 janvier 1826, Charles X fait dire la première messe commémorative officielle pour l’anniversaire de la mort de son frère, Louis XVI, guillotiné le 21janvier 1793. Cet office regroupe les différents corps d’Etat. La magistrature est représentée par Brillat-Savarin qui fut Conseiller à la Cour de Cassation.  Ayant longtemps bénéficié des largesses de l’Empire, il se rend, bien que grippé, à la cérémonie pour conforter le serment de fidélité qu’il vient de faire au Roi.

L’office qui se déroule dans la Basilique de Saint Denis est interminable et le froid lui fait dire : « Ce sera la première messe pour un mort, et la dernière d’un vivant. »

Et de fait, une pneumonie l’emporte quelques jours plus tard, le 2 février.

brillat-savarin-livrefromage

En 1930, Henri Androuët, grand fromager devant l’Eternel baptise un fromage du nom du grand gastronome. Parmi tous les aphorismes de son ouvrage, un des plus célèbres était un hommage au fromage : « Un repas sans fromage, c’est comme une belle à qui il manque un œil. »

Bon Mona, il est temps de saluer la mémoire de BS. Levons notre verre à ce génie. Comme il était originaire de Belley (Ain), je vous sers un vin local trop méconnu : un Cerdon demi-sec de Georges Martin. De jolies bulles aux notes de fraise et framboise.